EXTRACTIONSDepuis
plusieurs années, je m’efforce de remplir l’espace de
mes toiles en jouant sur
l’équilibre entre le plein et le vide − j’avais
été d’abord inspiré par les
proportions calligraphiques orientales, où le blanc prend les trois
quarts de
l’espace, pour un quart de noir. Puis, dans mes tableaux, le noir et
le blanc
se sont ajustés pour prendre la moitié de l’espace
chacun, ainsi l’œil est
doublement sollicité essayant de lire à la fois le plein et
le vide. C’est pour
cette raison que mes peintures étaient à cette étape
hybrides : elles
appartiennent à la fois à l’histoire de la calligraphie
et à celle de l’art
cinétique.
J’ai
par la suite tramé ce plein et ce vide avec des grilles de
carrés afin de
brouiller la lisibilité du mot et,
parallèlement, d’augmenter la vibration rétinienne.
Avec du recul ou par
l’intermédiaire de la photographie, l’œil voit
apparaître l’idéogramme qui, selon la structure formelle
récurrente de mon nom, perdure.
Je
joue sur une persistance structurelle mentale afin que l’œil du
spectateur,
d’une toile à l’autre, voie apparaître le motif
par superposition mnémonique
d’une forme similaire.
À
cela j’ai ajouté les différentes valeurs
de gris pour casser la platitude souvent
infligée par l’utilisation exclusive du
noir et blanc, le gris vient adoucir l’effet cinétique en
accentuant le volume
spatial de la peinture.
Enfin,
en réalisant ces séries, je me suis aperçu que les
étapes nécessaires à la
fabrication de mes cryptogrammes étaient souvent plus riches, plus
complexes et
plus universelles, par leur abstraction, que l’idée finale que
j’avais du
tableau.
C’est
pour cette raison que j’ai décidé d’isoler
certaines de ces étapes pour les
présenter en tant qu’œuvres finales.
Dans
le même état d’esprit, j’ai retiré les
lettres de mon nom, ne laissant ainsi
que les deux grilles de carrés dont est extrait la forme du
cryptogramme; ne
pouvant aller plus loin dans le travail du plein, je travaille à
présent par
soustraction, pour retrouver du vide.
Les
études des lignes de force de mes cryptogrammes tracés au
feutre noir sur des
grilles sérigraphiées sont également un pas dans cette
direction.
En
faisant disparaître mon nom, j’abandonne l’esprit
narcissique du graffiti au
profit d’une œuvre basée sur l’abstraction
géométrique minimale.
Voilà
de quelle manière j’ai méticuleusement amené ma
peinture de la calligraphie à
l’abstraction.
L’Atlas.
Paris
Septembre 2013.
For
several years, I've been trying to fill the space of my paintings playing
on the
balance between full and empty. I was first inspired by the oriental
calligraphic proportions, where white takes three quarters of the space and black one
quarter. Then black and white were adjusted to take
each half of the
space in my paintings. The eye is then asked to read both the full and
the empty. It
is for this reason that my paintings were at that stage hybrid : they
belang to both the history of calligraphy and the kinetic art
.
I
subsequently screened the full and the void with square grids to blur
the readability of the word and, in parallel, to increase the retinal
vibration. With
hindsight or through photography, the eye sees the ideogram appear and
remain,
according to the recurring formal structure of my name written this
way.
I
play on mental structural persistence so from one canvas to another that
the eye sees the pattern by superimposing a similar
mnemonic form .
To
this I added different shades of gray to break the flatness often
inflicted by the exclusive use of black and white. Gray softens the
kinetic effect by increasing the spatial volume of the
paint.
Finally I realized when making my
cryptograms that the steps were often richer, more complex
and universal in their
abstraction, than the final idea I had initially.
It is for this reason that I decided to isolate
some of these steps and present them as final works.
In
the same spirit, I took away the letters of my name, leaving only two
square grids extracted form the ciphertext. I can not go
further in the work of the full. I work now by subtraction, to recover the
void.
Studies on paper of my cryptograms in black marker on
screen-printed grilles are also a step in this
direction.
By
removing my name, I give away the narcissistic spirit of graffiti in favor
of a work based on minimum geometric abstraction.
This
is how I brought my painting from meticulous calligraphy to
abstraction.
L'Atlas
September 2013