/b/u/g/ on Thu, 21 Mar 2002 00:13:18 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Savoirs et pouvoirs autonomes dans la societe sans affects


SAVOIRS ET POUVOIRS AUTONOMES DANS UNE SOCIÉTÉ SANS AFFECTS
 

>>Savoirs autonomes et potentialités

En marchant dans les villes connectées aux réseaux de distributions
mondiaux, nous passons d'un imaginaire à l'autre, de Monoprix (tm) à la
Fnac (tm), d'UGC (tm) à Friskie's (tm), de la Fondation Pinault (tm) ou
Guggenheim (tm) à Mac Do (tm), activant à chaque fois des champs de
possibilités relationnelles, communicationnelles ou sensationnelles,
équivalentes et interchangeables. Ces possibilités-marchandises © proposées
par la culture mondiale du supermarché naissent de désirs et de besoins
suscités par la publicité et par les médias. Elles ne peuvent être
actualisées qu'à travers l'argent dont nous disposons par notre travail et
nos crédits bancaires. Le plus riche a le plus de chance d'avoir raison
parce qu'il dispose des moyens pour cela. Il peut créer ses propres
possibilités-marchandises © et les imposer à d'autres. Une équation
associant vérité, argent, technique et pouvoir se dessine. de sorte que l'on
travaille à son propre endoctrinement, à son propre assujettissement.
Foucault parle de « régime de vérité » entendant par ce terme la dynamique
circulatoire par laquelle l'assujettissement des individus et la production
des vérités assujettissantes se renforcent l'un l'autre.

Dans ce contexte émergent des formes d'autonomies. Elles se manifestent dans
la montée en puissance d'une intellectualité, d'une créativité et d'une
résistance diffuse, d'individus et de collectifs créant des formes de vie
(expressives, alimentaires, passionnelles, urbaines), mettant en oeuvre des
formes de désobéissance sociale ou de désobéissance civile, développant
leurs compétences et sécrétant du sens de façon autonome et critique. Ces
manifestations de savoirs/pouvoirs autonomes mettent en crise le monopole
d'accès détenu par les organisations productives de la société de
consommation sur les possibles .

À la différence d'un régime de vérité assujettissant, un savoir autonome
agit par résonnance, intensifiant les potentiels de l'être et déconstruisant
les machines complexes, les totalités unipolaires constituant notre
environnement : pouvoir technologique et pouvoir économique, pouvoir
bureaucratique, pouvoir culturel, pouvoir sexuel. L'être mettant en oeuvre
des savoirs/pouvoirs autonomes est un être potentiel. Il n'est pas là, figé
dans un rôle ou dressé à vouloir ou à désirer telle ou telle possibilité
normalisée ou à choisir parmi elles. Ses possibilités ne sont pas des
possibilités-marchandises contrôlées et rationalisées par le système
capitaliste, mais bien des chances, des destins possibles mis en |uvre par
l'activité de l'être.


>> Déconstruire les machines complexes afin de les reconstruire de façon non
conventionnelle

Un savoir autonome décolonise les possibilités de l'être et ouvre
l'existence et le potentiel de l'être par des partages horizontaux de
savoirs et d'expériences : hacklabs (laboratoire informatique) italiens dans
le domaine de l'informatique ; réseaux d'échange réciproque de savoir ;
pratiques amateures en biotechnologies (Critical Art Ensemble, groupe
d'artistes et de chercheurs basé aux États-Unis) ; lutte pour une mise en
accès de l'espace extra-atmosphérique (Association of Autonomous
Astronauts) ; vidéo de proximité (par exemple à Bruxelles par PTTL, groupes
d'artistes) ; luttes pour une organisation et une gestion partagées du monde
environnant (de l'eau dans le cas de la SEMAPA ­ groupements de riverains- à
Cochabamba (Bolivie) ; des réseaux dans le cas de Seattle Wireless à Seattle
(États-Unis) ; de la terre dans le cas du Mouvement des Sans Terre au
Brésil ; de l'espace urbain dans le cas du mouvement squat en France ; de la
circulation dans le cas de Kein Mensch ist Illegal (collectif né en
Allemagne)... etc 

Un savoir autonome peut se constituer dans l'analyse du fonctionnement de
machines complexes. Déconstruire un logiciel ou un système d'exploitation
afin de les reconstruire de manière non conventionnelle, c'est ce que font
les hackers ou le mouvement du Libre. Les hacklabs italiens créent de
l'autonomie en mettant à la disposition de toute personne interessée des
savoirs en informatique ou en électronique. Ce ne sont pas des prestataires
de services. Ce sont des organisations, plus ou moins informelles de
compétences. Ils fournissent des expertises, transmettent gratuitement leur
savoir et savoir-faire.

La déconstruction des machines complexes et leur reconstruction
« décolonisée » peuvent être effectuées sur d'autres machines complexes que
les machines logiques. De la même façon que l'on peut déconstruire un
logiciel on peut déconstruire le fonctionnement interne d'un État ou d'une
administration ou encore d'une firme ou d'un groupe industriel ou bancaire.
À partir d'une telle déconstruction, d'une identification fine des rouages
d'une administration donnée, des liens ou des réseaux entre administrations,
lobbies, entreprises, etc. on peut définir des modalités d'action ou
d'intervention sur ces entreprises ou administrations. Mais pour
déconstruire une machine, il faut préalablement y avoir accès et en
comprendre le fonctionnement, autrement dit accéder aux informations qui la
constituent : or, les informations scientifiques et techniques, mais
également organisationnelles sont aujourd'hui d'accès limité. La volonté de
déconstruire les machines complexes se double donc d'une revendication au
libre accès et à la libre circulation des savoirs. Les rencontres ou
meeting, les partages de savoirs refusent le copyright sur les savoirs dont
les coûts de production et d'accessibilité sont élevés ou qui n'existent que
par la rareté, les monopoles et les prébendes que des pouvoirs
bureaucratiques ou marchands détiennent à travers le droit d'auteur ou la
mise au secret. 

On sait l'importance des médias (téléphones cellulaires, ordinateurs,
Internet, radios, télévisions, cb, photocopieurs, ...) dans la constitution
et la pérennité des mouvements sociaux et des formes de vie autonomes. La
mise en oeuvre de ces médias ­ et notamment d'Internet et de l'informatique
qui lui est associé ­ requiert des savoirs autonomes spécifiques qui sont
produits et diffusés par des collectifs, des réseaux de coopération, des
individus : réseaux de production d'informations alternatives et webzines
(Indymédia, Nettime), des infoshops (Malocka à dijon, infoshop La Torre à
Rome, ou plus généralement voir infoshop.org), fanzines, télévisions
autonomes (Free Speech Television, TV Bocal à Paris, Deep Disk, Paper Tiger
à Amsterdam), maisons d'édition (Encyclopédie des nuisances, L'esprit
frappeur, Liber Raison d'agir à Paris, L'éclat à Nîmes, b_books à Berlin),
radios (KPFA à Berkeley, Radio popolare à Milan), hacking (Electrohippies en
Angleterre ou l'Electronic Disturbance Theater aux USA) logiciels permettant
de conserver l'anonymat (Freedom créé par Zero Knowledge), système
d'exploitation en code source ouvert (réseau Linux, Free Software
Foundation), fournisseurs gratuits de musique enregistrée (napster avant son
achat par le groupe allemand Bertelsmann, réseau MACOS ­ Musicians against
copyrighting of samples), cryptographie (cryptography.org), hébergeurs de
site internet autonomes (ecn.org, Sindominio en Espagne, samizdat.net en
France), hackmeeting (par exemple à Barcelone en octobre 2000) et plus
généralement réseaux articulant de multiples savoirs et incluant
généralement des formes de vie (earth first !, EZLN zapatistas,
squatnet) [1], squats (mouvement « okupa » et centres sociaux occupés en
Espagne représentant des projets de société dans un pays sans allocation
logement et sans RMI ; et modes d'action similaires à ceux qui sont mis en
oeuvre en Italie ou en France : transports gratuits ; opérations « caddies »
(appropriation gratuite de biens de consommations fondamentaux dans les
grandes surfaces). 

L'inventivité des savoirs/pouvoirs autonomes militants peut être
discursive [2], mais elle est surtout pratique et « tactile » : savoirs
expressifs (mises en oeuvre de soi et du rapport à autrui), savoirs urbains
(connaissance des lieux et des temporalités de la ville), savoirs
organisationnels (groupes d'affinités à Seattle), savoirs tactiques
(connaissances des seuils de violence symbolique, par exemple chez les Tute
Bianche, lors des contre-sommets), savoirs humains.

Ces formes d'actions temporaires peuvent prendre progressivement un tour
plus durable : ainsi, nombre d'espaces vides dans la Journée du 17 novembre
en Italie [3] ont été occupés, ouvrant l'opportunité de les transformer en
centres sociaux ou en squatts pour une période plus ou moins longue. À
l'occasion de ces rencontres ­ dans ces moments de coopération, les actions
peuvent s'organiser en des formes plus durables comme des campagnes ou des
occupations : il en a été ainsi du mouvement des infirmières en France qui,
démarré de manifestations temporaires, s'est établie durablement dans
l'espace public. Il en a été de même des africains ayant installés un
village de tentes de survie sur une place de la ville de vincennes en France
ou encore du mouvement des sans papiers dans la tournure qu'il a pris (après
des décennies d'« oubli » par l'opinion publique) suite à l'occupation de
l'église de Saint Bernard puis de Saint Ambroise. De telles occupations
durables, sortant du caractère temporaire de la manifestation ou de
l'action, exige des savoirs et des savoir-faires spécifiques illustrés par
la récente occupation de quartier de Madrid par des salariés de
telefonica(tm) en grève (installation d'une vie possible dans l'espace
urbain par branchement sauvage sur les réseaux électriques, les réseaux
d'eau et d'égouts).

Tant que le problème soulevé par le mouvement social initial n'a pas été
résolu, l'action temporaire, tend potentiellement (suivant l'énergie, la
volonté et la ténacité des acteurs, suivant la passivité des pouvoirs
publics) à devenir permanente.

Mais la permanence a une autre origine : certains mouvements sociaux sont en
effet directement reliés à des formes de vie contraintes (être un sans
papier) ou choisies (Via campesina, Confédération paysanne, Mouvement des
sans terre, mouvement squat ou centres sociaux). Ces mouvements ne sont pas
simplement conjoncturels ou liés à une campagne d'opinion engendrant des
formes d'action symbolique temporaire ou régulière, mais à une philosophie
de l'existence, à une lecture des rapports de domination culturelle,
politique ou économique majoritaire voire à la contestation générale du
capitalisme ou de l'état.

À ces formes d'actions constituées symboliquement et occupant l'espace
public ou médiatique s'oppose une autre forme d'action choisissant comme
modalité d'apparition et d'organisation l'invisibilité, choisissant de ne
pas apparaître, d'agir en secret ou de se déconnecter entièrement du
système. L'exode, la déconnection, la désafiliation, le désenregistrement,
l'invisibilité, la disparition, sont mises en oeuvre par des personnes sans
maître, individus quelconques échappés au magnétisme du supermarché
planétaire, développant des savoirs singuliers, des savoirs propres, des
modes d'appréhension et de représentation du réel, des capacités
relationnelles, communicationnelles ou des savoir-faire « anormaux ». Ces
personnes sans maître ­ désertant intentionnellement ­ ne répondent plus aux
injonctions à participer, à produire du sens (voire à produire de la
critique) lancées par les pouvoirs économiques, médiatiques ou
bureaucratiques. Elles exercent leur puissance d'auteur sous la modalité
d'un « qu'importe qui parle », de l'auteur anonyme ou de la singularité
quelconque, de la puissance de la multitude. En ce sens, l'auteur ­ même
désindividualisé et renvoyé au fond collectif dont il est la voix et
l'expérience ­ rompt avec l'informalité et l'indétermination d'une trace qui
s'en va : il se manifeste comme puissance. Il est ce site ou l'on s'invente
soi-même, en rupture de toute tradition, de toute souveraineté, de tout
territoire, de toute ascendance, processus d'insurrection sans fin ne
s'appropriant lui-même que sur le mode du devenir, de la transformation.


>> Economie et politique des savoirs et pouvoirs autonomes

En Europe de l'ouest, nombre d'organisations informelles ou militantes (et
notamment les squatts en France), nombre de collectifs de production de
savoirs/pouvoirs autonomes ont passé des conventions avec les collectivités
locales, vendent des prestations sans objectif de profit ou reçoivent des
subventions publiques. Mais certaines organisations militantes, de même que
certains squatts ou centres sociaux, certains ateliers sociaux de production
de vérité ou collectifs de production de savoirs autonomes refusent à la
fois convention et subvention et ne vendent pas de biens ou de services. Ces
savoirs/pouvoirs autonomes désafiliés n'ont pas de statuts juridiques : ils
ne sont pas insérés dans des formats associatifs ou coopératifs. Ils émanent
généralement d'individus isolés ou de collectifs informels dont les moyens
matériels, humains ou financiers échappent aux principes du marché ou de la
redistribution. 

On distinguera donc une économie solidaire des savoirs/pouvoirs autonomes,
toujours plus ou moins intégrés (tiers secteur) à la dynamique générale du
capitalisme (Jean-Louis Laville du CRIDA caractérise l'économie solidaire
comme une articulation entre économies marchande, non marchande et non
monétaire) d'une économie « invisible » des savoirs/pouvoirs autonomes.
L'économie solidaire caractérise souvent l'économie informelle telle qu'elle
a été décrite dans les études sur le vietnam, l'indonésie ou différents pays
africains qui, bien que réciprocitaires sont à la confluence de l'économie
domestique, de l'économie marchande, non monétaire et coopérative (People
Credit Fund, réseau vietnamien formé de 971 coopératives, rassemblant plus
de 700 000 membres ; réseau Nyèsigiso au mali rassemblant 46 caisses
villageoises, des coopératives d'épargne et de crédit et près de 70 000
membres, favorisant le développement de la petite entreprise ; Kuapa Kokoo
au Sénégal rassemble à la fois des greniers villageois et banques de
céréales, des systèmes collectifs de mise en marché, des groupements
d'artisans, des syndicats multi-activités de paysans, des associations
rotatives d'épargne et de crédit ou tontines, des coopératives
d'épargne-crédit et caisses villageoises d'épargne-crédit, des mutuelles de
santé, des associations de quartier ; le réseau COFAC (Cooperativa
financiera de ahorro y crédito) en uruguay, rassemble 200 000 membres dans
35 coopératives ; l'organisation d'économie populaire (OEP) au Chili
regroupent des coopératives de santé, des cuisines collectives et jardins
communautaires, des associations et coopératives d'auto-construction, des
systèmes de crédit solidaire de type Grameen Bank).

L'économie « invisible » des savoirs/pouvoirs autonomes peut être
caractérisée de la façon suivante :

1. Économie de réciprocité, n'ayant l'intention ni de développer des
activités marchandes ni d'être dépendant et labellisé par les critères de la
redistribution publique, ni de rester cantonné à la sphère domestique ;

2. Économie de la gratuité autrement dit absence de critère d'appartenance
et de toute forme d'assujettissement ou de catalogage des participants par
un statut d'adhérent, de bénévole ou de salarié, no copyright (réseaux
MACOS, Negativland)... Cette économie, développée de façon complexe,
pourrait prendre la forme suivante (Cf. Le site web de Ken
Knabb->http://www.slip.net/ knabb]) : certains biens et services de base
seraient librement disponibles à tout le monde sans aucune comptabilité.
D'autres seraient également gratuits, mais seulement à des quantités
limitées, rationnées. D'autres encore, classés de « luxe », seraient
disponibles contre des « crédits fondants », autrement dit des crédits ayant
des dates d'expiration pour en limiter l'accumulation
excessive [4].1988] ?taient de plus en plus impliqu ?s dans un cadre
institutionnel et social-d ?mocrate ; et de l'autre les centres sociaux, les
squatts [mestre, padoue, turin, ?] et les exp ?riences d'auto-organisation
sociales et syndicales prennaient leurs points de r ?f ?rence
dans ?l'autonomie de classe ?ou les expressions bigarr ?es de l'anarchisme
depuis les squatteurs jusqu' ? la f ?d ?ration anarchiste italienne
(FAI) ?(cf. Sandra K, Faux-semblants sans fard en combinaisons blanches, in
Umanita nova, hebdomadaire de la F ?d ?ration anarchiste italienne). Les
seconds, refusant toute m ?diation avec les institutions, sont tax ?s par
les premiers de nostalgiques de l'identit ? de classe, voire de gauche
r ?actionnaire. Les premiers sont tax ?s par les seconds de
sociaux-d ?mocrates visant une Sr ?forme conflictuelle de
l' ?tat-providence ?par la revendication de droits universels, (et notamment
leLa ligne de fracture entre savoirs/pouvoirs autonomes visibles et
invisibles trouve une autre expression dans ce qui distingue une politique
de représentation (négociée ou constituée coopérativement) d'une politique
tout à la fois iconoclaste et sans représentation (démocratie radicale ou
démocratie directe) et plus essentiellement dans ce qui sépare une analyse
juridique du pouvoir (légitimation, légalisation), d'une analyse productive
du pouvoir [5]. Les savoirs/pouvoirs autonomes « visibles » procèdent par
luttes de légitimation, de légalisation ou de coopération avec les pouvoirs
publics. Ils s'appuient sur une définition constituante, transcendantale et
anthropologique du sens. Les luttes de légitimation et de légalisation ne
sont en effet qu'une stratégie systémique (parmi d'autres) de cette
réduction de complexité indispensable à la reproduction du système. Une
telle société-système est assurée par l'interchangeabilité statistique des
individus complémentée d'un pilotage de l'imaginaire, d'une normalisation
technique du champ de subjectivation. « Des sujets successifs se limitent à
entrer par les portes latérales dans l'intériorité d'un système, lequel se
trouve être non seulement quelque chose qui se conserve avec sa propre
systématicité, indépendante dans un certain sens, de la conscience des
hommes, mais s'avère avoir également une existence propre, indépendamment
d'un sujet ou d'un autre » (Michel Foucault, Dits et écrits, II, Gallimard,
p. 424) [6]. 

Les mouvements, les savoirs, les organisations autonomes s'appuyant sur une
analyse productive du pouvoir émergent de la perte de centralité de l'homme
(subjectivité ou intersubjectivité transcendantale), de la fin de toute
transcendance, de la perte de sens de l'anthropologie politique, de
l'interchangeabilité systémique (et statistique) des individus dans la
société de contrôle, de la prédominance de l'efficience sur la légitimité.
Ils visent l'ouverture du possible par la multiplication des conflits : ils
créent de la contingence et de la complexité, augmentent les
« problèmes »(les possibles) au lieu de chercher à les résoudre ou à les
intégrer. Dans l'approche productive du pouvoir, les outils ne sont pas des
objets, les personnes ne sont pas des sujets. Les savoirs/pouvoirs autonomes
ouvrent le monde dans sa multiplicité et sa potentialité. Ils s'extraient du
système en le décodant, c'est-à-dire en en l'excédant et en le débordant de
toute part, refusant d'être institutionnalisés, préférant exister dans le
mouvement, rester provisoire et disparaître lorsque l'énergie sur laquelle
ils reposent reflue. Les savoirs/pouvoirs autonomes sont des savoirs/pouvoir
sans modèle et situationnels, c'est-à-dire sans direction politique et sans
« Terre promise », sans discours spéculatif décrétant comment le monde doit
être, sans organisation générale. « À la logique traditionnelle de
l'engagement qui faisait du militant ou du citoyen [du franc-maçon ou du
croyant] un appendice du "Grand Oeuvre", tend à se substituer une nouvelle
figure du militant, comme individualité insérée dans des réseaux divers,
mouvants, à temporalité réduite et souvent informelle. Cette figure culmine
[en France] dans le mouvement contre la Loi Debré (lois sur l'immigration)
dans lequel on a pu assister à une prolifération d'initiatives individuelles
s'articulant à des réseaux fondés sur la proximité. Rejetant toute forme de
délégation de pouvoir et de centralisme, voire de récupération, la figure du
militant a la volonté de garder "de bout en bout" la maîtrise de ses paroles
et de ses actes. Si l'espace public n'est pas rejeté a priori (voir
l'utilisation très spectaculaire des médias par les mouvements sociaux), il
est de moins en moins considéré comme un espace de discussion rationnel »
(Olivier Blondeau, [L'intelligence collective au service des mouvements
sociaux). Ce militant ou ce chercheur refuse la logique qui veut qu'une
élite élabore une pensée et une stratégie politique visant ensuite à
entraîner une mobilisation dans et autour de l'organisation. À travers
nombre de ces savoirs/pouvoirs, l'activiste se transforme en média. Les
luttes de classes deviennent dans ce contexte des luttes de langage.
L'activiste est « un pourvoyeur d'information et un initiateur d'action,
tout à la fois noeud et commutateur de réseaux » (Olivier Blondeau). C'est
un militant-chercheur pour lequel le savoir est un élément fondateur de la
lutte. 


>> Politique potentielle

Le pouvoir et l'enrichissement dans une société de communication et
d'information, dépendent du contrôle des circuits de production et de
diffusion des données, et de l'accès aux stocks et aux flux informationnels
(scientifiques, techniques, culturels, médiatiques). Il est détenu par ceux
qui savent départager la vérité des leurres, qui connaissent ce qui est
possible et comment et qui savent dissimuler aux autres qu'ils savent. Le
pouvoir est pouvoir du secret mais aussi capacité de manipuler l'esprit
humain, ses affects, ses croyances, ses perceptions, ses espérances,
capacité de dresser le potentiel du vivant humain et non humain. Dans cet
état de guerre généralisé où se mettent en place des processus
d'extermination physique à grande échelle des êtres superflus, alors que
dépérissent les processus démocratiques, les savoirs/pouvoirs autonomes
ont-ils encore la possibilité de reconstituer le tissu pourrissant de la vie
publique par des luttes de légitimation ou de légalisation ? Ou ne
doivent-ils pas eux-mêmes opposer l'invisible à l'invisible, autrement dit,
faire défection, se désaffilier, déserter, et ainsi creuser de part en part,
des galeries dans le capitalisme ?


Bureau d'étude
http://www.bureaudetudes.fr.st

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


[1] La pratique de la cyberpropagande de l'EZLN a été si efficace que des
sites se sont créés spontanément, diffusant les textes des zapatistes. Selon
Henri Favre, l'EZLN représenterait « la première insurrection
post-communiste du XXIème siècle » (in « Mexique : le révélateur
chiapanèque, problèmes d'Amérique latine », La documentation française,
n°25, 1997, p. 4 et 5). Mais, au-delà de la cyberpropagande permettant de
diffuser auprès des médias des informations en temps réel en se passant des
médias inféodés aux pouvoirs, internet a permis l'organisation de
manifestations dans le monde (et pas seulement de cybermanifestation) en
soutien aux zapatistes. Internet a permis en effet la mise en place au début
de 1997 de protestations auprès de 29 consulats mexicains aux États-Unis.
« Dans les villes où nous n'avions pas de représentants pour aller aux
consulats, des organisations locales nous contactaient via Internet, pour
nous offrir leur aide » (Guillermo Glenn cité dans Gregory Destouche, Menace
sur Internet. Des groupes subversifs et terroristes sur le net, Michalon,
1999, p. 32).

[2] Les formes discursives de savoir/pouvoir autonomes se manifestent
notamment dans les discours politiques et la rhétorique traversant les
tracts, allocutions, publications de militants ou de représentants sociaux,
syndicaux ou politiques. Dans son sens commun, le discours est d'ailleurs
fondateur de politique. Chaque mouvement politique en ce sens, invente au
cours de son histoire, son propre langage, des propres champs de référence
et sa propre rhétorique, sa propre lecture de l'histoire des idéologies : il
faudra d'abord constituer une identité du mouvement, et cette identité
pourra provoquer parfois (et de façon récurrente chez les anarchistes ou
encore chez les situationnistes) une logique partitive, augmentant les
divergences, et provoquant une dépense d'énergie importante à se combattre
ou à se neutraliser mutuellement plutôt qu'à se grouper pour agir. Il
s'agira de départager les mouvements, les attitudes, les discours retournant
(ou ne retournant pas) de l'anarchisme. On fera pour cela référence à
l'histoire du mouvement. Cette histoire servira également à ancrer des
stratégies : ainsi l'organisation révolutionnaire libertaire développera,
contrairement à la fédération anarchiste et à son organisation dite
« synthétiste »(ayant vocation à rassembler tous les courants de
l'anarchisme au risque de devenir un fourre-tout), une organisation dite
« plate-formiste », en référence à la plate-forme organisationnelle des
anarchistes russes (cf. Archinov) en exil après la Révolution russe de 1917.
L'organisation révolutionnaire libertaire est une des branches de
l'organisation révolutionnaire anarchiste qui s'est scindée en deux
tendances suite au congrès d'Orléans en 1976. La seconde branche deviendra
l'alternative libertaire, visant au contraire des précédents le
développement d'un parti politique. Certaines appelations politiques
retournent de tactiques politiques situationnelles, se chargeant ensuite et
progressivement d'un sens distinct de celui d'origine. Il en va ainsi du mot
« libertaire », inventé pour contourner les lois françaises interdisant de
vendre ou de diffuser des revues nommées « anarchie », ou « l'anarchie » ou
« anarchiste ». Les termes de communisme et de socialisme sont de la même
façon chargés d'une histoire.

[3] La journée du 17 novembre 2001 (première journée de la désobéissance
sociale à la guerre) en Italie, illustre l'étendue de cette créativité : à
Venise, le cortège a décidé de se rendre devant le consulat britannique
lequel a essuyé une pluie d'|ufs remplis de peinture rouge. À Turin, les
statues en mémoire à la guerre ont été couvertes de papier et carton. À
Gênes, les désobéissants ont occupé le chantier d'un futur méga centre
commercial a été occupé pour protester contre la privatisation du patrimoine
public. À gorizia (ville coupée en deux par la frontière avec la Slonévie)
un cortège a sillonné les deux parties de la ville s'insérant ainsi dans
l'initiative lancée par le « No Border social forum ». À milan, plusieurs
centaines de manifestants ont bloqué l'accès à une agence pour dénoncer sa
participation au financement de la guerre contre l'Afghanistan. À rom, des
centaines de personnes ont imposé l'accès gratuit au palais des expositions.
À l'extérieur, une immense banderole déclarait : « le savoir, un bien public
global. Libre accès. Revenu pour tous ! ». À Cosenza, des objectifs
militaires ont été symboliquement attaqués. À Reggio Emilia, plus de trois
cents personnes ont mis à jour, munis de pelles et de pioches, le pipeline
qui fournit gaz et énergie à plusieurs bases militaires de l'Otan (c) dans
la région. Plusieurs casernes milanaises ont reçu des drapeaux italiens
plein de sang. À Padoue, la caserne a subi l'attaque de nombreux fumigènes
et pétards. À Marghera (Venise), plusieurs kilos de boues toxiques ont été
déposés devant l'entrée du siège du patronat. À Gênes, une gigantesque table
avec de nombreux aliments biologiques a été dressée devant l'un des Mc
Donald's de la ville permettant ainsi une large information contre la
multinationale. etc. Autres formes d'actions légales ou illégales : le droit
pénal français distingue implicitement deux formes d'actions politiques
légales (le droit d'expression, sous la forme verbale orale ou écrite, ou
sous la forme physique et symbolique de la manifestation publique) et trois
formes d'actions politiques illégales (l'attroupement, l'insurrection et le
terrorisme). Concernant l'action politique, le droit pénal français laisse
ouverte une dérive d'interprétation menant de la manifestation (légale si
elle est déclaré ­ loi-décret du 23 octobre 1935 et reconnue implicitement
par l'article 431-1 du nouveau code pénal) à l'attroupement (illégal suivant
les articles 104 à 108) voire à l'insurrection (condamné de réclusion
criminelle et d'amende allant de 1,5 M à 5 M de francs). La manifestation ­
bien qu'elle soit légalisée par le décret-loi du 23 octobre 1935 peut
rapidement dériver juridiquement vers l'attroupement ou l'insurrection
illégale assorties chacune de lourdes peines, du moment qu'il y a
édification d'une barricade ou occupation d'un édifice par ruse ou par
force... L'action extra-parlementaire de la manifestation légale de masse
est donc soumise à une police spontanée de ceux qui la pratiquent,
contraints qu'ils sont de se voir sanctionner par les dispositifs pénaux. Le
picketting (s'enchaîner ensemble aux grilles d'un bâtiment ou d'une table
d'opération) ou de la grève de la faim sont des formes spécifiques de
manifestation. Il en va aussi des techniques inventées par Act Up New York
telles que le « zap » ou encore le « die-in » (les militants s'allongent à
terre immobile, signifiant une hécatombe). Le zap est la mise à l'épreuve de
la capacité des adversaires à maintenir par leurs pratiques corporelles, une
définition de la situation qui leur permettra de garder la face : être
montré du doigt, invectivé personnellement. La grève de la faim comme mode
d'action politique ou de contestation, a des origines anciennes si on se
réfère à duby qui voit dans le jeûne des femmes mariées de force au moyen
âge, une de ses premières occurences. Au XXème siècle, les grèves de la faim
ont souvent été appariée à l'activisme féminin voire à un activisme
« hystérique » s'opposant au monde de la vraie violence et de la vraie
politique : la grève de la faim était dénoncée comme « un moyen
petit-bourgeois dans les milieux communistes et dans certains milieux
d'extrème gauche léninistes du début des années 70 » (Johanna Siméant,
Grèves de la faim en France, sociétés contemporaines, L'harmattan, n°31,
juillet 1998, p. 76). La grève de la faim cherche à émouvoir un certain
nombre de spectateurs à travers l'exposition de corps souffrants : elle se
produit souvent après l'épuisement des autres moyens (contacts avec les
médias, grève classique, prise de contact avec les autorités...). Cette
forme a été largement utilisée par les sans papiers dans les années 70, 80
et 90 en France et actuellement par des prisonniers en Turquie.

[4] Sans doute, la mise à disposition gratuite de nourriture et de logement,
la résolution de la contrainte vitale est le premier pas dans la libération
de tout assujettissement. Mais si cette libération s'effectue au prix d'une
dépendance ou d'une subordination à un tiers dominant, le coût (le lien de
subordination) se déplace du monétaire au psychologique. La libération des
assujettissements est donc un préalable à la gratuité. Seuls des êtres
libérés des assujettissements à un tiers (mais aussi à soi-même) sont
susceptibles de faire usage gratuitement des choses. Pour échapper au
dressage et aux assujettissements (déplaçant la facture du monétaire au
psychologique ou au comportemental), une société de gratuité doit se délier
de la souveraineté et se concevoir potentiellement. Une société potentielle
requiert comme condition d'apparition, la disparition de l'auteur souverain,
prescripteur, propriétaire ou donateur. Il faut en fait distinguer le don de
la gratuité. Le donateur adresse son don de façon souveraine et crée
éventuellement une dette, une dépendance, un assujettissement de celui qui
reçoit. La gratuité est une mise à disposition anonyme ou quelconque, sans
contrat : elle est sans intention et sans attente. Elle peut malgré cela
être assujettissante et créer différentes formes de dépendance (la
distribution gratuite et anonyme, en prise sur le tas, d'extasy permet la
prise de connaissance avec le produit, l'apprentissage de son usage et
éventuellement sa consommation régulière). Les entreprises cherchant à faire
commerce d'un nouvel usage et d'un nouveau bien ­ provoquent le désir et le
besoin de faire usage de ce nouveau bien ou service : dans ce dessein, elles
recourent à des investissements dont la gratuité éducative ou de
fidélisation sont des modalités. Le marketing utilise la diffusion
« gratuite » de biens de façon à créer une dépendance ou à instaurer une
nouvelle habitude, un nouveau besoin, de nouveaux usages ? Il faut
distinguer une gratuité avec auteur d'une gratuité sans auteur, le marketing
ou la volonté commerciale retournant de la première. La gratuité sans auteur
peut être nommée anonyme ou quelconque.
(a) Dans une gratuité anonyme, les individus sont interchangeables. La
circulation de biens ou de signes n'est pas effectuée par les uns vers les
autres. Il n'y a pas d'émetteurs ni de récepteurs. L'information anonyme,
par exemple, est un agrégat, un fonds commun, un bien que tout le monde peut
prendre parce qu'il est accessible à tous. Son principe n'est pas le partage
ni la communauté d'information, l'échange d'information entre des personnes
qui se connaissent mais la mise en disponibilité sans attente de retour et
dans l'indifférence à l'égard du récepteur. l'information anonyme est
produite, diffusée, collectée ou ramassée par n'importe qui. Si des
rencontres entre des émetteurs et des récepteurs se produisent, elles sont
brèves et sans lendemain, sans identité ni reconnaissance, sans enjeu ni
projet. Les informations entrent en conjonctions temporaires induisant des
regroupements aléatoires et provisoires, d'émetteurs et de récepteurs dans
des contextes mouvants rendant impossible toute souveraineté et tout pouvoir
constitué.
(b) Dans une gratuité quelconque, les individus ne sont pas
interchangeables : ils sont n'importe qui ou n'importe quoi, mais ils sont
eux-mêmes, pleinement singuliers. Il y a des émetteurs concrets et des
récepteurs concrets, charnels. Les regroupements s'effectuent sur des modes
intensifs et affinitaires et non statistiques ou aléatoires. l'auteur
quelconque rompt avec l'absence de qualité de l'anonymat : il se manifeste
comme puissance.

[5] De même qu'on peut différencier entre l'économie solidaire articulant
économies marchande, non marchande (publique ou non) et non monétaire on
peut différencier des mouvements, des savoirs, des organisations autonomes
ayant ou non la volonté de « travailler avec » les pouvoirs publics ou, tout
au moins, de produire de la représentation politique. Le débat s1est posé
dans les centres sociaux italiens en 1998 : « d'un côté, les tute bianche et
les Centres sociaux de la charte de milan [septembre 1988] étaient de plus
en plus impliqués dans un cadre institutionnel et social-démocrate ; et de
l'autre les centres sociaux, les squatts [mestre, padoue, turin, ?] et les
expériences d'auto-organisation sociales et syndicales prennaient leurs
points de référence dans " l'autonomie de classe " ou les expressions
bigarrées de l'anarchisme depuis les squatteurs jusqu'à la fédération
anarchiste italienne (FAI) » (cf. Sandra K, Faux-semblants sans fard en
combinaisons blanches, in Umanita nova, hebdomadaire de la Fédération
anarchiste italienne). Les seconds, refusant toute médiation avec les
institutions, sont taxés par les premiers de nostalgiques de l'identité de
classe, voire de gauche réactionnaire. Les premiers sont taxés par les
seconds de sociaux-démocrates visant une « réforme conflictuelle de
l'état-providence » par la revendication de droits universels, (et notamment
le revenu citoyen) autrement dit sortant à la fois de la lutte des classes
et de la subversion communiste. Ces différences de position remontent aux
années 70 où les opéraïstes italiens étaient qualifiés par les anarchistes
de « grands unificateurs de l'autonomie organisée », bureaucratisant le
concept même d'autonomie (Neg/azione, 1976). Les tute bianche qui cherchent
à créer « un processus social de transformation, où le " réseau des réseaux
" se transforme en un pôle d'attraction qui s'élargit et favorise la
naissance d'autres réseaux sociaux » (Luca Casarini). Cependant,
consécutivement à la répression de Gênes, Le même Luca Casarini, l'un des
moteurs du Genoa social forum (Gsf), prenant acte de la logique impériale du
gouvernement du monde, considère que l'expérience des tute bianche « est
désormais inadéquate pour affronter la logique impériale que nous avons en
face de nous, et dans lequel la politique est la continuation de la guerre,
et non plus l'inverse » (entretien avec Luca Casarini, porte-parole des Tute
bianche avec Benedetto Vecchi, Il manifesto, 23 août 2001). Dans ce nouveau
contexte, il évoque le passage de la désobéissance civile à la désobéissance
sociale. Cette dernière a d'ores et déjà été mise en oeuvre symboliquement
en Italie dans une manifestation du 17 novembre 2001 (Première journée de la
désobéissance sociale à la guerre) au cours de laquelle des laboratoires et
« chambres » de la désobéissance sociale, ou encore des mairies de la
société civile, se sont constitués dans les espaces collectifs occupés.

[6] Lire à ce sujet le Manifeste d'Unabomber. « Supposons que le système
survive à la crise des prochaines décades. Il devra donc avoir résolu, ou du
moins maîtrisé, les principaux problèmes, particulièrement celui de
"socialiser" les êtres humains. ; c'est à dire avoir rendu les gens
suffisamment dociles pour qu'ils ne constituent plus une menace. Ceci fait,
il apparaît qu'il ne pourra plus y avoir aucun obstacle au développement
sans frein de la technologie, et sa conclusion logique qui est le contrôle
absolu de tout ce qui vit sur terre, y compris les hommes et les animaux
supérieurs. Le système pourra devenir une organisation monolithique ou un
ensemble de conglomérats coexistants dans un mélange de coopération et de
compétition, comme actuellement le gouvernements, les trusts, et autres
groupes de pression. La liberté humaine sera pratiquement anéantie, car
l'individu ou les petits groupes seront impuissants contre les gigantesques
organisations disposant de moyens hi-tech et d'un arsenal de moyens
psychologiques et biologiques pour manipuler les êtres humains, en plus des
outils de surveillance et de coercition proprement dite. Seul un nombre
limité de gens auront un pouvoir réel, et même ceux-ci n'auront qu'une
liberté limitée, car leur comportement sera par trop régulé, comme de nos
jours nos politiciens ou nos dirigeants de multinationales » (§ 163,
Manifeste d'Unabomber).

No © Copyright Bureau d'étude. Ces données peuvent être utilisées de façon
anonyme et gratuite par toute personne qui le souhaite... Ce texte a circulé
sur la liste de diffusion AC-forum en mars 2002. Texte publié sur samizdat
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