nathalie magnan on Mon, 6 Jan 2003 16:39:50 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Cyberfeminisme - révolution Cornelia Sollfrank, zelig 2002.


Cyberfeminisme - révolution Cornelia Sollfrank,
intervention de la conférence zelig 2002, Paris.
Traduction Nathalie Magnan, Germinal.


Utilisation tactique de la terminologie.

Parler de "la gauche" - "d'être de gauche" aujourd'hui- peut paraître un peut
bancal, mais ça reste pertinent si la question est définie clairement.
Néanmoins parler de "révolution" et d'"être révolutionnaire" semble manquer
complètement de réalisme.  La personne qui  utilise un tel vocabulaire va
devenir rapidement la cible de sarcasmes et d'attaques polémiques.  C'est la
même chose aves les termes "anarchie", "anarchiste", "lutte de classe", etcŠ
mais aussi avec les termes "avant-garde", "avant-gardiste", dans le champ de
l'art.


Tout ces termes semblent fonctionner comme des marques commerciales, 
ce quiveut dire que leur image est plus importante que le contenu 
qu'elles
représentent.  En même temps, elles permettent d'être un champ de
projection pour les besoin et les désirs individuels.  La question est la
suivante : les termes, qui ont une forte aura comme "révolution", "anarchie"Š.
doivent-t-ils être évités, ignorés, bannis ? Au moins ils ont un certain
charme, ne serait-ce dans l'anachronisme qu'ils transportent.  Et qui plus
est, ils peuvent fonctionner comme déclencheur.  Leur pouvoir de suggestion
peut être utilisé sous certaines conditions pour s'investir de
puissance.  Ce qui veut dire que pour avoir une efficacité
politique qu'on peu transformer ces termes, en les prenant au deuxième
degrés.  Peut être que ce que ces mots disent n'est pas correct ou peut être
ils ne disent pas grand chose, mais ils restent quand même potentiellement
mobilisateurs.

Je voudrais maintenant introduire un autre modèle, celui qui a été
utilisé par l'artiste allemand Joseph Beuys.  Lorsqu'il explique les
stratégies mises  en ¦uvre pour son projet "Büro für direkte Demokratie",
(bureau de démocratie directe), il dit un jour: " pour moi, l'important
était simplement d'accrocher n'importe quel mot au mur, les gens n'avaient
qu'à trouver ce mot intéressant.  Le terme pouvait alors fonctionner comme
un point d'entré dans ce qui est le problème". Son idée était d'utiliser
des mots, afin qu'ils fonctionnent comme point d'entrée.


Utilisation tactique du cyberfeminisme.

J'introduis l'idée de l'utilisation tactique du vocabulaire parce que je
voudrais l'appliquer aussi au cyberfeminisme.  Mais bien sûr ça ne
peut pas marcher de la même manière.  Quel est la différence avec le 
cyberfeminisme ?
Premièrement le mot "cyberfeminisme" est relativement nouveau et ne se
réfère pas à une longue tradition.  Dans le mot cyberféminisme, il y a le
mot féminisme.  L'élément "féminisme" a une histoire qui traverse le siècle
dernier, mais qui malheureusement n'a jamais réussi à créer une image
romantique comme l'a fait par exemple le mot "anarchisme".  A l'opposé, le
féminisme a une réputation de plus en plus négative et se trouve associé a
des caractéristiques très désagréable.  Il me semble important de
réinventer et de pratiquer le féminisme au vingt et unième siècle, ma 
stratégie est de retravailler l'image tout en ouvrant le mot à de 
plus grands territoires, de
lui donner un pouvoir suggestif qui va au-delà de ce que l'on entend
habituellement par le mot "féminisme", et ainsi mobiliser des personnes et
des énergies. La dimension innovatrice du Cyberféminisme repose dans les
implications futuristes du mot cyber, qui -je l'espère- change l'image
poussiéreuse et vieillotte du bon vieux féminisme.  Le terme "cyberspace"
vient de la littérature de science fiction des années 80 et suggère une
utilisation futuristique de la technologie, ce qui attaché au féminisme
résulte en fait en un terme nouveau et plein de promesses qui peut en fait
fonctionner aussi comme un déclencheur.


Histoire du cyberféminisme : L'invention du cyberfeminisme date de l'année
1992, quand en même temps et sans le savoir la théoricienne anglaise Sadie
Plant et le groupe d'artistes Australiennes VSN Matrix, se sont mises à
utiliser le terme. Plant associe le mot avec la relation des femmes avec la
technologie, qu'elle décrit comme intime et subversif.  Pour
elle, le cyberfeminisme est la réponse théorique au fait que de plus en plus de
femmes produisent un travail créatif dans les art électroniques et les
technologies du virtuel.  C'est le point théorique qu'elle
devellope dans son livre "Zero and Ones". Son hypothèse de base est qu'avec la
digitalisation de la société arrive aussi une signification féminine.  Etant
donné que ce mouvement théorique n'est pas évident, elle prend différent
fils pour prouver sa théorie, elle les tisse ensemble pour construire le
modèle d'un société nouvelle. Le déploiement de structure non-linéaire,
décentralisé et non hiérarchique joue un rôle central dans cette
transformation. Plant voit en cela "le retour du principe féminin".
Néanmoins cette transformation n'est pas le résultat d'intervention
politique ou autre, mais apparaît automatiquement et sans effort.  Avec
cette hypothèse, elle transfère le pouvoir et la créativité humaine sur les
caractéristiques inhérentes aux nouvelles technologies et le contexte dont
celles-ci émergent, cette analyse peut être appelle techno-déterminisme.

Plant ébauche un modèle utopique et le revendique comme la réalité. Le
féminin et la société digitale sont ses sujets favoris, elle les rapproche
de manière à ce que ni l'un ni l'autre puisse s'échapper. Néanmoins le sens
d'une utopie positive provoque un certain malaise, due en particulier, à son
enfermement, c'est un cercle fermé. Dans le développement de son argument,
Plant invoque un mix éclectique d'idées.  On peut noter son engagement avec
les concepts d'Irigaray à propos de la symbolisation féminine, des méthodes
historiographiques (c'est à dire, la production de héros, ici
d'héroïnes, et des figures d'identification, tel que Ada Lovelace, 
une méthode que les
féministes ont beaucoup critiquées dans les années 80).  Apparemment Plant
répond à toutes les questions que ce soient celles de l'interprétation
Freudienne du tissage pratiqué par les femmes comme une forme d'envie de
pénis ou celle de l'universalité de la machine de Turing qu'elle compare à
la mimique féminine.  Lire Plant d'un point de vue expérimental -- comme si
ses commentaires étaient ironiques -- investis le texte d'un pouvoir
subversif. Malheureusement, elle le dit d'une manière rigide.

L'approche prise par VNS Matrix, les ancêtre artistiques du cyberféminisme,
est plutôt différente. Bien qu'elles partagent avec Plant l'hypothèse que le
passage à la société digitale est aussi sa féminisation, leur 
émissions poétiques à
propos du corps féminin est toujours accompagné d'un un clin d'¦il.  Qui
plus est les efforts qu'elle ont faits pour contaminer la technologie avec
le sang, la fange, le con (littéralement) et la folie était suffisamment
anarchique pour profaner le mythe dominant ramenant la technologie à des
jouets pour les garçons (toys for boys).

Il n'est pas très difficile alors de voir comment celles qui sont à
l'origine du terme cyberfeminisme l'utilisent de manières 
divergentes.  Au-Delà des
différences d'origines -- les notions de 'féminin" et la relation construite
entre femmes et technologie -- il y a de multiples variantes : la manières
dont des générations de cyberfeministes - -d'ages variés -- utilisent le
terme à leur façon afin de désigner des projets, des idées, des mouvements,
des idéaux, des attitudes, des activités. Quelque chose de nouveau s'est
approprié le même terme ! et la nouveauté dont je parle réside dans
l'utilisation tactique du terme, l'appropriation et la redéfinition du terme
par un paquet de cyberfeministes qui sont apparues en 1997 et ont fondé
Old Boys Network, la première alliance cyberféministe.

OBN et le cyberféminisme.

Nous avons énoncé notre mission ainsi: "OBN est dédié à l'appropriation, la
création et la dissémination du cyberfeminisme. Nous voulons construire
des espaces réels et virtuels dans lesquels les cyberfeministes peuvent
rechercher, expérimenter et agir.  Ces activités ont pour but de permettre
une présence contextualisée pour des approches différentes,
interdisciplinaires et même contradictoires du cyberféminisme ".

L'idée centrale était de prendre le terme cyberfeminisme et de lui donner un
contenu à partir de sa propre vision, plutôt que de se plaindre, du travail
mal fait par les précédentes.  Comprendre le cyberfeminisme comme quelque
chose que vous ne pouvez pas apprendre, pas lire, pas comprendre, mais que
vous inventez et faites vous-même, a permis d'atteindre une position de
sujet à beaucoup de femmes ou de féministes qui pensait avoir atteint 
une impasse.  Qui plus est, mes nouvelles camarades de lutte , 
d'autres artistes scientifiques et
activistes-- étaient prêtes à développer leurs visions personnelles, prête a
ouvrir une discussion et former un contexte afin de permettre à cette idée
de voir le jour. Si le cyberféminisme n'existait pas avant, personne ne
pouvait plus l'arrêter.

Une mailing List et un site web était supposé être le support technique de
ce réseau, mais ce qui a donné corps aux idées abstraites d'organisations et
l'emergeance d'un discours, ce sont les rencontres en chair en en os
appelées les conférences cyberféministes internationales.  Je ne vais
pas entrer dans les détails de ces conférences parce que tout ça est bien
documenté sur notre site web (http://obn.org).  Mais il est bon de rappeler
les différences structurelles de chacune de ces conférences et les modes de
développement de ce réseau.

La première conférence cyberfeministe internationale à eu lieu en 1997 à
Kassel en Allemagne et était basé sur l'idée d'une scène ouverte ce qui veut
dire que tout le monde peut venir et présenter son approche du
cyberféminisme (OBN etait d'accord sur le fait que en prenant le genre en
compte, cela voulait dire accepter les femmes dans le réseau,
mais "les femmes", dans notre définition, est quiconque s'appelle une 
femme, et ceci
indépendamment de sa biologie.) La scène ouverte à Kassel a produit au moins
deux clash : celui de deux générations et celui entre les traditions
féministes de l'est et de l'ouest.  Ces clash se sont multipliés sur
d'autres thématiques comme la théorie sophistiqué versus l'expression
artistique, le besoin d'action politique versus l'envie de se faire plaisir.
Les différentes stratégies présentées allaient des méthodes éducatives à la
production de modèle alternatif de rôle, de l'ironie au refus et de tout ce
qui peut se trouver entre les deux.  Mais nous avions toutes une
préoccupation commune : le féminisme compris comme quelque chose de négatif
ou de positif était notre point de référence et la motivation d'une
recherche pour un renouveau par le cyberfeminisme. A partir de ce point un
des désaccord de base était le rôle que le féminisme devait jouer dans le
cyberféminisme. Le petit préfixe cyber n'a néanmoins jamais posé de problème
bien qu'il induise sa propre problématique.  Nous étions sure que nous
allions créer une nouvelle ère, et que le manque de référence commune
n'allait pas seulement nous permettre mais demander une nouvelle approche de
la politique. Nous étions toutes d'accord pour que nos premiers pas allait
être de NE PAS définir le mot.  Nous avons donc écris les 100 anti-thèses.
Ces anti-thèses définissent clairement ce que le cyberféminisme n'est pas.
Voici une petite sélection : Cyberfeminisme n'est pas un isme,
Cyberfeminismus ist keine Entschuldigung, le cyberféminisme n'est pas une
dame, Cyberfeminismus ist keine Kunst Le cyberfeminisme n'est pas un film
d'horreur, le cyberfeminisme n'est pas une idéologie, le cyberfeminisme
n'est pas une pipe, le cyberfeminisme n'est pas une seule femmeŠŠ
(http://www.obn.org puis reading room) L'idée derrière le refus de
définition du terme, était de pouvoir ouvrir ce mot.  Au lieu d'exprimer des
but politiques définis notre intention était d'amener des approches
diverses et contradictoires ensemble sur la même plate-forme et de rendre les
différences productives par les confrontations, ce que nous avons appelé
plus tard "la politique de la dissension".  L'attention d'OBN etait porté
sur les structures et les formes ce qui permettait des contenus différents
et pas tant sur le contenu lui-même.  Les contenus, cyberfeministeS etait
personnels et individuels.  Néanmoins ce qui va avec la politique de la
dissension est l'analyse et la comparaison des motivations personnelles, des
idées et des buts, de les communiquer et de commencer la confrontation.  En
même temps, l'idée qui était de rendre les différences productives s'est
révélé être une idée plutôt utopique.

Avant de parler des dynamiques du réseau et du travail collectif, je
voudrais évoquer les deux autres conférences.  La deuxième conférence 
avait comme
titre "la prochaine conférence cyberfeministe" elle a eu lieu en avril à
Rotterdam.  Contrairement à la première, ce n'était pas une scène ouverte,
elle était réalisée par un groupe de 7 femmes qui avait mis sur pied un
programme, structuré autour de trois sujet différents" hacking comme 
méthode et comme
métaphore", "les corps coupé et le genre fluide : la pointe des avancées des
technologies de l'information", et "féminisme/ activisme/
resistance/intervention/globalisme".  Le choix des intervenantes s'est
fait par un appel ouvert et la recherche personnelle de chacune 
d'entre nous pour
des intervenantes potentielles.  Le processus de sélection avait pour but de
circonscrire le champ du féminisme et d'intensifier la discussion sur chacun
des thème choisi.  Nous avions fixé la date juste avant la Next Five
Minutes conférence à Amsterdam, et pour lequel les organisateurs 
avaient demandé aux
OBN d'organiser une table ronde et de faire un rapport sur la "la prochaine
conférence cyberfeministe" qui venait d'avoir lieux.

La troisième conférence 'très cyberfeministe internationale' a eu lieu à
Hambourg en décembre 2002.  Avec plus de 60 participantes, c'etait la
conférence la plus importante à ce jour.  Elle se décomposait en trois
parties et incluait de nouvelles visions du cyberfeminisme des visions
controversées.  La partie la plus importante s'appelait "concepts de
nouvelles frontières" il y avait douze présentations, des féministes
d'indymedia aux tactiques cyberfemistes du hardware, des théories de
collaboration féministe et cyberfeministe et l'éthique bio-media jusqu'au '
fauteuil de la cyberfeministe dans le réseau underground mexicain'.  Une
session supplémentaire a été rajouté après le 11 septembre et s'intitulait
la terreur des nouvelles frontières.  La discussion portait sur la
relation entre les politiques mondiales du moment (la guerre en 
Afghanistan) et le
rôle des femmes.  Une autre section s'intitulait 'networking-knot working -
not working?', (réseau, faire des liens, ça marche pas ?)  dont le but
était de discuter d'obn, son statut et son échec potentiel.  Cela nous a
amené au prochain sujet qui est

Les dynamiques du réseau. Qu'est ce qu'un réseau ? d'où vient t-il ?
pourquoi doit il peut-il? être un échec ? Les réseaux qu'ils soient fait
d'humains ou de machines, ont une caractéristique : il ne sont pas 
juste posés là, mais
quelqu'un les a construit.  De la même manière que vous avez besoin d'un
certain niveau de communication et de discussion pour pouvoir coordonner les
choses de base, c'est en général de petits groupes qui commencent à mettre
en place.  Même si techniquement tout le monde est relié au même niveau , il
y a toujours des hiérarchies informelles qui s'installent au travers de la
communication " non officielle". Un autre problème c'est que très peu
font le travail nécessaire à la maintenance de l'infrastructure. Ce 
service gratuit
est pris comme argent comptant  par le reste du groupe, jusqu'à ce que
quelqu'un comprenne que monter une infrastructure c'est aussi prendre des
décisions organisationnelles.  Ce qui est la base de toute politique.  Ce
qui veut dire que ceux qui font le travail ont les outils et peuvent
manipuler.

Le statut difficile du réseau devient plus évident encore quand le réseau
est invité à une conférence ou doit écrire un texte pour une publication.
Le genre de rezotage qui a lieu dans cet environnement qu'on pourrai appeler
la culture du net (ce qui inclus aussi l'activisme politique).  Bien que les
gens ne soient pas payées pour le travail qu'ils font dans ce contexte, ce
n'est pas vrai de dire qu'il n'y a pas une économie derrière.  L'économie
est différente, basé sur le fait de construire un capital culturel à partir
de son propre nom.  A mon avis c'est la raison pour laquelle le séparatisme
est si développé.  Nous avons tous besoin que notre étiquette ait un fort
capital culturel.  Tout ça se passe bien sur,  avec comme décor de fond,
le fait que nous sommes tous des idéalistes, se battant pour une bonne cause.


Le fait que la question de création de réseau est essentielle au
cyberféminisme est mieux expliqué par une définition du Cyberféminisme
donnée par Yvonne Volkart, théoricienne suisse. Elle affirme que "le
Cyberféminisme est un mythe. Un mythe est un récit central d'origine non
identifiable, ou d'origines multiples. Un mythe est fondé sur un récit
central qui est dit et redit dans de multiples variations. Un mythe réfute
LE récit unique autant que la vérité unique, et implique une recherche de
vérité dans les ESPACES, dans les DIFFÉRENCES ENTRE les différents récits.
Parler du Cyberféminisme comme mythe n'est pas le mythifier, c'est
simplement indiquer que le Cyberféminisme existe seulement dans la
pluralité."

Qu'est-ce à dire que le Cyberféminisme existe seulement dans la pluralité?
Cela signifie que le Cyberféminisme requiert un environnement qui tend à
être sans hiérarchies, et donne à une multitude de voix la possibilité de
parler et d'être entendues. Et cet environnement est un réseau.



Mouvement

Récemment un journaliste m'a demandé si le Cyberféminisme était un
mouvement. J'ai répondu en citant la réalisatrice allemande Helke Sander:
"Un mouvement requiert une direction". C'est quelque chose que OBN a tenté
d'éviter : faire du Cyberféminisme un mouvement dans une seule direction.
Ceci crée une différence fondamentale d'avec la compréhension traditionnelle
des pratiques  politiques.

Beaucoup de gens pensent qu'il y a une nécessité d'un "nouveau projet
féministe", mais ne voient pas de but et de formes adéquats pour un tel
mouvement. J'ai du mal à imaginer à quoi pourrait ressembler un mouvement
cyberféministe. Je ne peux imaginer le Cyberféminisme séparant le vrai du
faux, ou des discussions sur l'inclusion ou l'exclusion. Peut-être que des
forces peuvent se réunir pour prendre la même direction, tant qu'il y aura
assez d'autres directions possible, et tant que les espaces imaginaires
n'auront pas été fermés.

(politiquement) Efficace et attirantE

Je voudrais maintenant terminer par un retour sur l'idée initiale de cette
intervention : l'usage tactique du langage, ou des termes. Je pense que le
terme de Cyberféminisme a fait carrière durant les dix dernières années, et
qu'il a changé la notion de féminisme avec un réel succès. Beaucoup, et
particulièrement des jeunes femmes, s'y sont intéressé et ont perdu leur
peur d'être appelées "féministes", parce qu'elle trouvaient le
Cyberféminisme "cool". Maintenant, elles peuvent être fières de s'appeler
elles-mêmes "Cyberféministes". Et le fait que le Cyberféminisme a acquis une
énorme présence dans différents champs en est la preuve. Le feedback le plus
intéressant que j'ai eu de l'image produite par le Cyberféminisme est un
article de l'auteur de SF Bruce Sterling, qui trouve le Cyberféminisme
"stylish".

Pendant de nombreuses années, l'aspect important du Cyberféminisme n'était
pas son contenu effectif, mais bien plus ce que le terme mettait en jeu, ce
qu'il rendait possible. La transformation du potentiel au concret, les
textes, ¦uvres esthétiques, action politiques, discussions, réseaux,
évènements, initiatives économiques et éducatives, etc. (et aussi l'amitié)Š
Tout cela montre que l'idée de créer un espace imaginaire est la première
étape nécessaire lorsque l'on veut faire de "quelque chose" une ¦uvre
politique. Pour moi, personnellement, travailler avec le terme de
Cyberféminisme et construire des réseaux a été une pratique artistique.
C'était une sorte d'expérimentation au sens de prétendre que quelque chose
existe pour le faire exister. Une expérimentation avec le pouvoir suggestif
des mots, qui n'est évidemment jamais prévisible.

Bien que cela puisse sembler cynique dans un contexte politique, j'aimerais
revendiquer que pour devenir politiquement efficace, on doit être aussi
attirantE. Il ne suffit pas d'affirmer vos buts, il faut aussi créer une
image qui ait le pouvoir d'attirer les gens. Mais quoique fasse le terme, il
ne fait pas le travail. Le travail reste à faire.

 
 
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