Louise Desrenards on Sat, 11 Oct 2003 17:12:03 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] Hey! Woman! I'm just OK to run now... L'opus au sablier numérique |
Info de routine ('vaut mieux tard que jamais) Cousu main para-techno ... De l'excès des frames comme stratégie critique de la grapique programmation : même si on l'aime. Happy Queer to criticism mass ! Merci de faire suivre... Louise D pour Ali& ------------------------------ ÉDITORIAL aux illimitrophes... http://www.criticalsecret.com/n11_12 « Appareil ‹ accident » Paris ‹ New-York été indien, automne 2003 Couverture thématique : Motif interactif algorithmique en Flash, et HTML de couverture, Icônes originaux par : Hidekazu Minami L'ÉTÉ DE TOUS LES TREKKINGS Quand il a quitté la terre, les bords de mer n'étaient déjà plus ce qu'ils paraissaient : pétrole, goudrons, phosphates, mercure, virus, bactéries, radioactivité, avaient rendu les plages infréquentables pour les baigneurs lesquels, refusant d'en devenir les arpenteurs nostalgiques, avaient déserté jusqu'à l'horizon océanique... Une expression prit réalité : battre la campagne. Il se souvient de son bikini masculin, plutôt un slip qu'un string, l'été 1955, à Paris. Elle y est, défiant du sourire qui la voit pudibonde en maillot-de-bain-une-pièce, assise sur la berge, pubis inaccessible plaqué sous la jupette en haut des cuisses dénudées, non épilées maintenant il se dit que le contraire fut plus remarquable à l'époque ‹ qui l'inspirent... Il songe, nageant le Crawl depuis le Pont Neuf, tandis qu'il la regarde serrer ses cheveux, au bout de l'île du Vert Galant, elle a les bras levés vers la nuque, il pense qu'il tiendra bientôt des trésors de beauté : sait-elle cela possible ? (la « pilule » n'existe pas encore, il faut se débrouiller autrement après séduire, affronter des drames mettant en péril la tranquillité des familles et des personnes. Alors tout commence mal, elle le reçoit dans la maison de vacances de ses parents, il doit sauter par la fenêtre depuis le premier étage pour fuir le père, venu frapper à la porte de sa fille, pris d'un doute). A vingt ans, accablé sur la terre battue de l'allée, les talons brisés, il attend ; vient la mère de la jeune fille, le découvre en lamentable position. Ils se marièrent donc : on appelait cela « une histoire d'amour ». Il pense qu'alors l'amour entre « les deux sexes » était toujours fatal en quelque sorte, avant la possession. Il se demande ce qu'est exactement l'amour aujourd'hui. Tout cela devint tellement relatif après, se dit-il, loin de la valeur. Et de tous les accidents du monde Là-bas, se demande-t-il toujours, qu'émerge-t'il maintenant du destin des hommes ? Aliette Guibert-Certhoux ESCAPING TIRELESS SUMMER (The summer of Trekking all) As he left the ground, the sea shores were not what they seemed anymoreŠ Oil, gasoline, tar, vasoline, viruses, radioactivity left the beaches wild and impossible to lay by for the crowd which was invisible to the very end of the ocean sky, refusing to feel regretful while walking on the sandŠ Some words came true : running through the land, like a fool. He remembers her bikini, her so male-like bikini, a panty rather than a thong, summer of 55, in Paris. She¹s there, a sarcastic smile for whom would see her as kind and lovely one piece swimsuit cutie, sitting by the river, unreachable pubis stuck underneath the skirt below her naked hairy thighs which inspire him so fucking much now he thinks that the contrary would have been more shocking thenŠ Crawling from Pont Neuf bridge, some thoughts, while watching her arranging her hair, far away on the other side of the Vert Galant island, raising her arms to her sweet neck, he thinks he soon will hold some treasures of beauty : does she think it is possible ? (the "pill" has not existed yet, having to figure out how to deal with the post seduction period, to deal with the peaceful families. The very beginning was wrong, he¹s at her place, her parents¹ holidays house, he has to jump over the second floor window to avoid facing the suspicious father came knocking on her daughter¹s door)Š Twenty, on the knees bending over the alley sand, he¹s waiting : then comes the young girl¹s mother, finding him in a pathetic situation. Then they married: a "love story", as they used to call it at this time. He thought love between a man and a woman before the possession was always like a lethal weapon. He wonders what love is nowadays. All this, he says to himself, becomes so relative after, far way from the value. And concerning all the accidents of the world out there, still he¹s thinking, what about the fate of human beings? A. Guibert-Certhoux Translated by Paul Korstine Firt version by Olivier Quernez US-English online translated by Paul Korstine Primitive version by Olivier Quernez www.critcalsecret.com/n11_12 AppareilAccident Direction artistique et Réalisation The Infamous Installations artistiques et vidéos-cuts (excepté nonarte) Gallien Guibert Webmaster éditorial Traducteeur en français Olivier Surel Installation de la revue Utopie Adrien Rocant -------- Editorialiste du thème Daniel Guibert Ligne éditoriale, rédactrice en chef Aliette Guibert Éditorialiste de Peter Eisenman Alexis Meier Partenaire critique David Christoffel Éditorialste de la Photographie Simon Guibert Cinema Editorialist Andrea Grunert Stagiaire de la rédaction bilingue et du multimedia Maxime Liance -------- Artiste invitée de l'opus : Julie Morel Performance en duplex online / offline www.criticalsecret.com/n11_12 Batofar / quai François Mauriac, Paris 11 septembre 2003 Programmation transmouvance criticalsecret, une soirée tous les deux mois Aliette Guibert, partenaire Lomitko Juliette Fallourd & Jérôme Sullerot Remerciements : Michael Sellam from incident.net ArthurGuibert --------- Texte événement en version intégrale: MAX ET LES ÉTOURNEAUX (Théâtre) par Frédéric Pontonnier-Mény --------- Remerciements : Jacques Boulet, David Christoffel www.criticalsecret.com/davidchristoffel Jean-Louis Déotte, Jean-Louis Dupré www.unregardmoderne.com Peter Eisenman www.eisenmanarchitects.com Stéphane Gatti www.laparole-errante.fr Daniel Guibert www.criticalsecret.com/danielguibert The infamous www.thegenre.com Tom Johnson www.tom.johnson.org Marc-Éric Laïn www.letaxiprod.com Hidekazu Minami www.thejetty.org Julie Morel www.incident.net/users/jmorel Alexandre Moors www.anthropic.net Hubert Tonka www.senstonkaediteurs.com nonarte www.nonarte.org Mat Jacob & Tendance Floue Photo-reporters www.tendancefloue.com --------- Liens électifs de l'Opus 11_12 : www.soundtoys.net www.rhizome.org Hommage à Julie Morel et à Hidekazu Minami --------------- S O M M A I R E http://www.criticalsecret.com/n11_12/sommaire.html www.criticalsecret.com théma-anachronique Double issue # | n° | 11-12 Summer, Indian Summer 2003 APPARATUS-ACCIDENT | APPAREIL-ACCIDENT Dedicated to ³Hungry Boundless²Š dédicacé aux IllimitrophesŠ Flash Player 6 & Real Player nécéssaires / required THEMATIC PATTERNS / FLASH HOME COVER Tapîs algorithmique en Flash et html de couvertures et motifs extraits by Hidekazu Minami EDITO L'ÉTÉ DE TOUS LES / THE SUMMER OF ALL / TREKKINGS Par Aliette Guibert-Certhoux US-English translation by Paul Korstine First translation by Olivier Quernez ABSTRACTS EN FRANCAIS ET EN ANGLO-AMÉRICAIN ENGLISH US AND FRENCH ABSTRACTS Bilingual concept by Alexis Meier/ except 3 in French only by Olivier Surel PRÉFACE / FOREWORD RUPTURE D¹INDIVIDUATION / INDIVIDUATION BREAKDOWN Par Daniel Guibert, US-English translation "Collectif criticalsecret" directed by Alexis Meier. AROUND GROUND ZERO SEPTEMBER 2001 A tribute by « Tendance Floue » 1. Olivier Culmann 2. Mat Jacob 3. Patrick Tourneboeuf Three Photo Reports installed by The Infamous BEFORE SARS | AVANT LE SRAS Three Photo Reports by Matt Jacob 4. Cola Party 5. Hong-Kong 2000 6. Hong-Kong Panorama Installation by The Infamous NIHIL INC. Par Sylvain Courtoux Épisode 2 Épisode 3 : « Occident_à_bout_portantTM » POÉME-CATALOGUE À TOM JOHNSON Par David Christoffel Musical Extracts from www.tom.johnson.org © Éditions 75, Paris Video-cuts by Gallien Guibert / Installation by The Infamous ZUT | POÉZIE EN PROSE Poème épique en 59 pages écrites et liées par Jean-Daniel Dupuy Installation hyperliée et sonorisée par The Infamous LUCIEN BONNAFÉ, DERNIER ENTRETIEN Hommage au fondateur de la Psychiatrie Institutionnelle Idisparu au printemps 2003 Entretien filmé et réalisé par Stéphane Gatti STARBUCK : HOLGER MEINS Durch Andrea Grunert (DE) Traduction française par Jacques Boulet D'UNE ESTHÉTIQUE DE LA SPATIO-TEMPORALITÉ DANS LE CINÉMA DE TARKOVSKi Par Carole Wahnoun DEUX COURTES DIGRESSIONS sur la place du corps dans la communication Internet Par Xavier Malbreil LADY LOVELACE DECEPTION SYSTEM A film written and directed by Alexandre Moors 12 ' MODE DE VIE / WAY OF LIFE Videos / vidéos générées, Poèmes et dessins, programmes et samples Drawings and Poems, Data-processing and Samples Par / by Julie Morel 1. InAbsentia 4' 05" 2. generique 5' 15" 3. enumeration 5' 53" 4 a soumission 4' 40" 4 b submission 4' 40" 6. Ce que je fais (abstracts, note d'intention, note biographique) NONARTE Contremanifeste collectif multimedia , Récit et installation critiques. Par | by | con nonarte (IT) MAX ET LES ÉTOURNEAUX ³Théâtre" (Texte intégral) Par / by Frédéric Pontonnier-Meny LA STRATÉGIE DE L'ESCARGOT Par Joani Hocquenghem DETAILS FROM MARSEILLE Sketch Photos by the Painter Jean-Claude Sarpi Installation by The Infamous GYPSIES ANYWHERE Six Pieces Drum¹n Bass by Valses de Vienne (v2v Le Taxi Prod) 1. Dawn 2. Morning 3. Midday 4. Afternoon 5. Evening 6. Night PETER EISENMAN : AN ARCHITECTONICS OF THE ACCIDENT By Alexis Meier * This issue has been possible with the help of Eisenman Architect's office, particularly Richard Rosson by welcoming me and using their documentation. We thank Peter Eisenman for his consideration on my research and the interview that he gave to me. AM TEXTS and personnal contents unpublished/ Textes et documents personnels inédits. ---- 1. DIALOGUE WITH PETER EISENMAN Bilingual / Traduction française par Olivier Surel 2. LA TRACE DERRIDIENNE DANS L'ARCHITECTURE D'EISENMAN 3. CONFERENCE Elementary approach of the philosophical background in the architectural work of Peter Eisenman VIDEO ---- 4. SIX SHORT CUTS FROM 41, 20TH WEST STREET NEW YORK N.Y. ICONOGRAPHY --------- 5. THESAURUS FOR THE CONFERENCE (44 views) 6. THE MODEL WORKSHOP (36 views extracts drom 5 projects) 7. SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE WORKSHOP (Venise, Biennal 2002 ; 26 views). Installation by The Infamous 1. CABANNE PROJECT ( 22 viewes and Text Intro) 2. BUSAN TOWER COMPLEX, KOREA (6 viewes) 3. TARKOWSKY HOUSE (planche du concours) Séminaire annuel février-juin 2002, inédit/ unpublished Maison des Sciences de l¹Homme Paris-Nord « La notion d¹appareil est l¹oublié de la philosophie, de la philosophie politique comme de l¹esthétique. (Š) On peut définir l¹appareil par une double fonction : d¹un coté le dispositif qui met à disposition l¹événement, qui le formate (Š), de l¹autre, du côté de l¹appareil proprement dit, la capacité de libération de l¹imagination, telle que de l¹événement puisse surgir, un nouvel apparaître. (Š) » « Appareil, événement, architecture » / Sous la direction de : Jean-Louis Déotte, Lieux et transformations de la philosophie (DEA ; Directeur Jean-Louis Déotte ; Université de Paris VIII). Jacques Boulet, Théories et projets de l¹Architecture (CEAA : Directeur Jacques Boulet ; Ecole d¹Architecture de Paris La Villette. Co-responsable Daniel Guibert ; Ecole d¹Architecture de Paris Malaquais). 1.QUESTIONS ET OBJECTIONS (À UNE THÉORIE EN DEVELOPPEMENT) Par Alain Brossat 2.WALTER BENJAMIN : L'APPAREIL URBAIN Par Jean-Louis Déotte 3.FAIRE VILLE Par Jean-Paul Dollé 4.FICTION MACHINALE OU ÉVÉNEMENT D¹APPAREIL CRITIQUE Par Daniel Guibert 5.ENTRE L¹ÉVÉNEMENT ET LE CONCEPT Par Henri-Pierre Jeudy 6.L¹ÉVÉNEMENT DU SECRET URBAIN Par Alain Mons ANNEXE HOMMAGE À LA REVUE UTOPIE (1967-1984) Archives citation nstallation / par / by Adrien Rocant IRemerciements / Tanks: Hubert Tonka POSTWORD | POSTFACE ActionScript Quote / Citation Loulou Picasso, may have posted in Early Summer 2003 LAS VEGAS NAKED BAMBI to www.unregardmoderne.com EPILOGUE Midsummer vision À Palavas-les-flots, l'été 2003 Photo par / by Olivier Surel INFO ! SUR LES ARTISTES ET AUTEURS THÉMATIQUES ET LEURS LIENS / INFORMATIONS AND LINKS FROM THE ARTISTS AND AUTHORS Attention : Tous les documents inédits sauf les archives historiques des sujets de référence / All unpublished contents except Historical Archives on Subjects ================================================= Q U E L Q U E S A B S T R A C T S Concept et résumés bilingue par Alexis Meier Sauf 3 en Français seulement par Olivier Surel STARBUCK - HOLGER MEINS Par Andrea Grunert Abstract L'humour comme arme n'était pas suffisant pour Meins. Il a troqué sa camera contre les moyens de la puissance physique, tandis que Conradt et quelques-uns de ses interlocuteurs sont restés dans le cinéma. Meins avait décidé d'un autre niveau de combat social et de vérité. Aussi dans Starbuck - Holger Meins de nombreuses questions restent sans réponses, à savoir comment en est-il arrivé à cette décision. Le réalisateur les laisse consciemment ouvertes, s'abstient de toute tentative laborieuse d'explication, que de toute façon seul son protagoniste disparu aurait pu donner, si toutefois il l'avait pu. Par là, son film se différencie de ceux issus du thème du terrorisme en Allemagne. Pas plus qu'il ne tente un portrait précis de la République Fédérale des années soixante et soixante-dix. Mais, au passage, le spectateur en tire une compréhension des plus pénétrantes. Le passé agite toujours le présent. D¹où l¹événement. STARBUCK - HOLGER MEINS Par Andrea Grunert Abstract Humor as a ³weapon² was not sufficient for Meins. He exchanged his movie-camera for physical power means, whereas Conradt and some of his interlocutors stay in the cinema. Meins has decided to be at another level of social fight and ³truth². Therefore, in ³Starbuck-Holger Meins² several questions remain unanswered, ³how did he arrive to this decision². The director leaves the questions consciously open, avoids any ³laborious² attempt of explanation that, in any case, only his departed protagonist would have been able to give. Then, his film distinguishes itself from those born in the German terrorism topics. No more than he attempts to give a precise picture of the Federal Republic in the sixteen's or seventeen's. During the same time the spectator has a penetrating comprehension. The past still agitates the present. As result, the event. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ W. BENJAMIN : L'APPAREIL URBAIN Par Jean-Louis Déotte Abstract Quand Benjamin analyse les passages, il le fait plutôt sur le modèle du Freud de la Traumdeutung (la Science des rêves) que sur celui, thermodynamique, de la machine sociale marxienne. Benjamin, c'est plutôt le travail du rêve (déplacement de l'affect, condensation, absence de négation et donc de différence des temps, prise en compte de la figurabilité) et l'inconscient comme bloc magique d'écriture que la machine à vapeur. La force de Benjamin, c'est d'avoir isolé un type architectural - le passage - qui jusque là n'avait pas retenu l'intérêt des historiens de l'architecture et de leurs caractérisations par styles (antique, byzantin, roman, gothique, Renaissant, baroque, classique, etc) censés faire époques. Benjamin a situé cet appareil par rapport à l'histoire économique la marchandise -, par rapport à une nouvelle valeur d'art - l'exposition -,en en faisant la clef de toute philosophie à venir de l'immanence (les flux, les circuits, les connexions, les dérivations, les coupe-circuits deleuziens, etc.), et cela à partir des caractéristiques les plus simples d'un appareil architectural. A savoir : une rue invaginée, un intérieur sans façades ayant la consistance d'un boyau, une lumière artificielle (au gaz) sans la transcendance du soleil, où les rêveries circulent au rythme lent d'un univers feutré, où les femmes s'exposent comme des marchandises. Bref, Benjamin a inventé l'urbain supplantant la ville. Les utopies du XIXème ont été générées dans ce lieu et par cet appareil (Saint Simon, Grandville, Fourier, Daumier, un certain Marx). Ce sont des rêveries de l'intérieur, d'un intérieur saturé, où toutes les surfaces disponibles supportent des inscriptions . C'est dire que la vérité d'un tel lieu, ce sera une littérature de citations ou un art de panneaux . Pourquoi ? W. BENJAMIN : URBAN APPARATUS By Jean-Louis Déotte Abstract When Benjamin studies the « passages », he does it by using the Freud model of ³traumdeutung² (the science of dreams) rather than the thermodynamic model of social machine proposed by Marx. Benjamin is more interested by the work of the dream (displacement of affect, condensation, absence of negation and then difference of time, use of the ³figurability²) and the unconscious as a Mystic Writing Pad rather than the steam engine. Benjamin has strongly isolated an architectural type the ³passage² that had not retained the interest of historians of architecture until now, and their stylistic criteria (Antique, Byzantine, Roman, Gothique, Renaissance, Baroque, Classical, etc) supposed to ³make age². (epoch-making). Benjamin located this ³apparatus² with regard to the economic history the merchandise -with regard to a new art value the exhibit -, by making it as the key of all future philosophy of immanence (flux, circuits, connexions, diversion, Deleuzian cut-circuit (switch-off), etc., and all that from the simplest features of an architectural apparatus, as an ³vaginal space² street, an inside without façade, with consistency of a bowel, with an artificial light (illuminating gas) without transcendence of sun, where the meditations slightly circulate in an smooth universe, where women exhibit themselves as merchandises. Benjamin has invented the urbanity as an alternative to the the town. Utopias of the XXth century have been generated in this place and by this ³apparatus² (Saint Simon, Granville, Fourier, Daumier, a certain Marx). These are ³interior² meditations, a saturated inside, where all the available surfaces support inscriptions. ³Truth² of a such place will be a literature of quotations or an art of boards (boarding arts ). Why ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ENTRE L¹EVENEMENT ET LE CONCEPT Par Henri-Pierre Jeudy Abstract Qu¹un événement puisse produire une « mise en fiction » de la construction théorique, est-ce là le signe d¹une mode intellectuelle récente ? Loin d¹être un prétexte ou une preuve, l¹événement induirait un certain mouvement de la pensée, l¹entraînant dans une aventure qui l¹exacerbe, qui la rend plus radicale en chassant les moindres complaisances que lui offre le travail de l¹objectivation scientifique. La fiction ne serait pas d¹ordre seulement métaphorique, elle donnerait forme à la construction théorique elle-même, telle une trajectoire de l¹abstraction conceptuelle. Il en va d¹une aventure complexe, difficile à soutenir, car l¹événement ne quitte pas aisément son statut de témoignage, comme en atteste l¹usage qu¹en font les journalistes. De la même manière qu¹un psychanalyste utilise le fragment d¹un rêve fait par un patient pour élaborer ses réflexions et les communiquer à ses confrères, les journalistes et les sociologues prennent un événement pour démontrer la justesse de leur analyse. Fétichisé, l¹événement a pu sembler donner une impulsion première à la pensée, mais son rôle s¹est épuisé dès lors qu¹il ne servait que de réflecteur fournissant des copies conformes à toute analyse d¹une réalité pourtant en acte. A force de répondre au seul principe de la réflexivité, il a perdu ses capacités de rendre possible une certaine figuration du devenir. Quand on parle désormais de non-événement, on laisse entendre, d¹une manière consensuelle, que plus rien ne paraît faire événement. BETWEEN EVENT AND CONCEPT By Henri-Pierre Jeudy Abstract If a event could produce a put in fiction of a theoretical construction could it be however the sign of a recent intellectual fashion. More ever than a pretext or a proof, the event inducte a certain mouvment of thinking, in an adventure that striking it, making it more radical by dismissing any willingness from an objective scientific study (work). The fiction doesn¹t relieve from a methaphorical order, but could give a form to a theoretical construction it self, such a trajectory of a conceptual abstraction. Like a complex adventure, difficult to support when the event does not leave easily its witnesses status, which is used by the reporter (media) themself. As the psychoanalyst use a dream ³fragment² of a patient to elaborate his own speculations communicating them to his colleagues, reporters and sociologists use the event just to demonstrate the correctness (justness) of their analyses. ³Fetishised² , the event may seems has given a basic impulsion to the thought, until these days, but now its role is wearing itself as soon he just become a reflector of the realifurnishing identical copies of a reality in act. Strongly responding on the simple principe of ³reflexivity², event loose it¹s own capacitiy to make possible a certain ³figuration² of the becoming. We may admit now, when talking about a non-event, we understand from a ³consensus² way, that nothing can now make ³event². _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ACCIDENT D¹INDIVIDUATION PERIPHERIQUE SOUS INFLUENCE D¹APPAREIL MYTHIQUE Par Daniel Guibert Abstract Si le mouvement révolutionnaire du XVIIIème siècle use et abuse du référentiel des figures d¹individualisation mythiques gréco-latines, le mouvement qui prend acte à la fin du XIXème siècle, à l¹apogée du capitalisme industriel, s¹applique a contrario à reconstituer une mythologie séculière de l¹Histoire. Il produit ses propres figures symboliques référentielles, ses héros progressistes et historiques spécifiques : le militant sacrifié-salvateur, le producteur sacré, le combattant armé de la cause juste, l¹intellectuel organique, le guide scientifiquement éclairé des masses, détenteur de la connaissance vraie, etc. Toutes figures d¹un sujet héroïque d¹une Histoire instanciée et légiférable que Nietzsche condense génériquement en homme sublime ou supérieur, en « pénitent de l¹esprit ». Qu¹en est-il dans la situation présente ? Le retour-recours à la question des modalités d¹une individuation relationnelle « transindividuelle » porte à considérer que dans l¹intérêt soudain pour les modes contemporainsde cette individuation, se désignerait, sur fond d¹un déficit déceptif, le constat d¹une carence malheureuse de figures référentielles. La question se poserait d¹accidents psychiques provoqués, propres à assumer, suivant la crise civilisationnelle profonde des grands récits progressistes et de leurs héros, le rôle par exemple de « centres actifs » (puisque le recours aux énoncés de Gilbert Simondon a été engagé) ou encore de « structures figuratives » ou « profondes », prédisposées au dépassement de cette crise. Le postulat implicite de cette conjecture serait que de nouvelles figures ontologiques accidentelles et épistémologiquement catastrophiques, devraient relier et renouveler les référents symboliques des rapports entre individualisations psychiques et civilisation. ACCIDENT OF PERIPHERAL INDIVIDUATION UNDER THE INFLUENCE OF A MYSTICAL APPARATUS By Daniel Guibert Abstract If the revolutionary movement of the XVIIIth century use and abuse of the mythical Greco-Latin individuation characters, in return, the movement which were born at the end of the XIXth century, at the industrial capitalism apogee, help at the contrary to rebuilt a singular mythology of History. He produce his own referential symbolic characters, his specific ³progressist² and historic heroes : the devote (sacrificed) saving militant, the holly producer (farmer), the armed fighter of a just cause, the organic intellectual, the guide of the masses (scientifically enlightened), detainer of the true (real) knowledge, etc. All are the marks of an heroic subject of an instancié and légiférable (legislate) history that Nietzsche generically reduce in a sublime or superior human, in a penitent spirit. What is the present situation ? the ³return recourse² back to an interrogation on the modality of the ³transindividual² rational ³individuation² or the sudden interest for the contemporary way of ³individuation², design an ³deficit-disappointment² background (that is to say an unfortunate lack of referential characters) The question of the ³provoked psychic accident² may be asked. Regarding the deep crisis of great progressist narratives and heroes. Accident could assume for instance the role of ³active centres² (since the resort of Gilbert Sinondon¹s statements has been engaged) or ³figurative structure² or ³deep structures², to overpass that crisis. new accidental and ontological figures epistemologically catastrophic, should link and renew the symbolic references of the relation between psychic ³individuations² and civilization. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ L¹EVENEMENT DU SECRET URBAIN Par Alain Mons Abstract Ce qui m¹intéresse est de parler de lieux urbains qui ouvrent sur la perception d¹un secret de la ville. Du moins le lieu est considéré dans sa paradoxalité extrême, là où se télescopent des dimensions contrastées comme l¹étendue plate et l¹aspérité, la transparence et l¹obscurité, l¹absence et la présence, le vide et la densité, l¹immédiat et le différé. On peut dire que l¹espace urbain dans son mouvement quotidien engendre une opacité intrinsèque, une sorte d¹illisibilité, malgré le projet urbanistique de la transparence propre à la modernité. Or tous ces lieux-trames produisent leur propre secret, aux formes certes très différentes. A condition de considérer l¹ambivalence du secret en ce qui nous concerne. On l¹a répété, étymologiquement le secret indique ce qui est mis à part, ce qui est réservé (se-cernere), la séparation donc. Comme si avec le secret on se retirait du monde ostensible. Tout aussi bien il est une suspension des choses, du temps, de l¹espace. Comme le remarque Louis Marin, le secret paraît bien ne pas être: là réside sa paradoxalité incongrue. Le sentiment du secret est déclenché par une apparition (dévoilement du visible) à la limite d¹une disparition (voilement du monde) dans le lieu même que nous appréhendons. Quelque chose nous saisit à un endroit de la ville que nous traversons, un flottement envahit ma conscience qui défie le discernement, la possibilité de caractériser rationnellement THE EVENT OF THE URBAN SECRET By Alain Mons Abstract I would talk about about urban places opening on a perception of a ³secret² of the town. At least the ³place² is seen here in its extreme paradox nature, including its contrasting dimensions : the flat surface and the asperity, transparency and obscurity, absence and presence, emptiness and density, immediacy and delay. Urban space seen in its daily movement create an intrinsic opacity, a kind of illegibility, even if the urban project of the transparency is born from the modernity. Now, all these ³framed places² produce their own secret, with different shapes. If we consider the ambivalence of our secret. Etymologically the word secret means what is ³on the side² what is it reserved (se-cernere), the partition then. With the secret, we could retire of the ostensible world. But it could also mean a suspension of things, time and space. Louis Marin¹s remarked that the secret seems not to be a secret. Here it¹s its improper ³paradoxality². The feeling of a secret is provoked by an ³apparition² (revelation of the visible) closed from a disappearing (hiding of the world) in the space that we apprehend. Something is stricken us, in aplace as crossing the city, an hesitation overcome my conscience challenging my own possibility to characterize rationally. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ QUESTIONS ET OBJECTIONS (A UNE THEORIE EN DEVELOPPEMENT) Par Alain Brossat Abstract Descendu sur le boulevard Beaumarchais, je compris vite que je n'avais pas vécu un xième remake de l'histoire du médecin fou, mais bien que j'étais embarqué, avec tous mes frères humains, dans une nouvelle séquence, enveloppé dans un événement dont les caractéristiques s'énoncent en premier lieu sur un mode affectif, qui en appelle tout entier à une subjectivité commune : inconcevable, effroyable, stupéfiant, sidérant, etc. Cette anecdote me paraît faire sens, du point de vue d'une philosophie de l'événement, à plusieurs niveaux. D'une part, car on y identifie une des caractéristiques essentielles (sinon la caractéristique déterminante) du régime de l'historicité qui s'est établi tout au long du désastreux XXème siècle : cette propriété de faire survenir des événements ou des situations à ce point dotés d'une capacité de sidération qu'ils conduisent spontanément le public ordinaire à douter non seulement de la véracité des informations transmises par des témoins, au sens le plus large qui soit, ou des narrateurs, mais aussi, comme dans mon cas, à penser qu'ils ont affaire à des fous. D'un autre côté, il apparaîtra que plus notre rapport au témoin sera problématique, plus, en même temps, nous aurons besoin de lui. En effet, le propre de notre condition de modernité est de nous mettre en présence de situation ou d'événements avec lesquels nous n'entretenons pas une relation de présence directe, physique, immédiate. QUESTIONS AND OBJECTIONS (TO A THEORY IN PROGRESS) By Alain Brossat Abstract Down on Beaumarchais Boulevard, I understood that I didn¹t leave a new remake of the story of a mad doctor, but that I was embarked, with all my human brother, in a new sequence, wrapped in an event which the characteristics express themselves on an affective mode, a common subjectivity : the inconceivable, fearful, astounding, stupefy, etc... This anecdote seems making sense to me, from a philosophic of event point of view at several levels. By identifying an essential characteristic (maybe the determinant characteristic) of the historical mode established all along the disastrous XXth century : this property to let events or situations appear with a such a great ³sideration² abilities that they lead spontaneously the ordinary public to have doubts about the veracity of he information giving by the witnesses, or the story-teller. As in my case to think about a mad story. In the other side, relation to the wittness appear as problematic, when he become useful for us. As the property of our modern condition is to face events or situations without physical or direct presence _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ FAIRE VILLE Par Jean-Paul Dollé Abstract Ma thèse est la suivante. La ville n¹est pas tant un territoire distinct de son en-dehors naturel (la nature vierge) ou cultivé (la campagne) qu¹une production de sociabilité et une prise de position philosophico-politique. A tout le moins dans notre tradition occidentale, inaugurée par l¹invention de la polis, alternative aux Grands Empires Babylonien, Assyrien, Perse et aux Palais, Citadelles têtes et centres de l¹espace lisse de l¹Empire. En effet, prenons dans l¹ordre ce qui dans la tradition européenne se laisse penser sous le nom de ville. Sous cette dénomination, se conjuguent trois fonctions qui traduisent tout autant qu¹elles forgent l¹histoire de ce continent. La ville marché, la ville architecturée, la ville machine de guerre. Dans cette longue durée, ces trois instances (économiques, esthétique, militaire) s¹articulent, se croisent et se déterminent l¹une l¹autre en privilégiant l¹une ou l¹autre, selon les périodes et les aléas de la conjoncture. Mais quelles que soient les modalités de leur agencement et la hiérarchie de leur classement (d¹abord la fonction marché, ou d¹abord l¹aspect architecturé de la « Belle Ville », ou d¹abord l¹efficacité de la construction de la machine de guerre), ces trois fonctions-déterminations de la ville font système. ³ MAKING ² CITY By Jean-Paul Dollé Abstract My thesis is this one. Town is not as much as a territory distinct of it natural out side (the virgin nature) or cultivated (on the country) than a sociability production and a ³philosophic-political² posture. At least in our occidental tradition, initiated by the invention of the polis, an alternative of great Empires Babylonian, Assyrian, Persian and their Palace, Citadel head and centres of the Empire¹s ³smooth² space. Indeed, lets take in order what, in the European tradition can be think under the name of ³town². Under that denomination, there is three conjugate functions which translate, as well as they fabricate, the history of that continent : the market town, the architectural town and the war machine town. During that long time, this three instances (economical, esthetical, military) articulate, cross and determinate each other by privileging one or the other functions, according to the different time, risks and circumstances. But whatever are the modality of their combinations and their hierarchy (first the market function, or first the ³architectural² look of ³beautiful town², or first the efficacy of the war machine construction), these three town¹s ³functions-determinations² create themselves a system. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ FICTION MACHINALE OU EVENEMENT D¹APPAREIL CRITIQUE Par Daniel Guibert Abstract Gaston Bachelard : « Comment susciter un évènement de la raison ? » Admettre l¹opération « susciter un événementŠ » suppose encore de considérer cet espace de conjectures ouvert sur la conception des choses. Elle suppose ainsi d¹établir cet espace de conjectures comme fiction de concevoir évènementielle, et cette dernière comme machinale c¹est-à-dire comme chose devenue automatique et, au fond, comme mode techné logique du faire être. Dans ce mouvement actif d¹actualisation, qu¹en serait-il d¹un appareil critique et de son conditionnement raisonnable ? Quel évènement peut encore être attendu d¹un tel appareil ? D¹un appareil critique qui aurait pour objet l¹examen des conditions d¹une conception non-réductionniste d¹un événement-chose, d¹une chose qui fait événement ? Sous ce conditionnement, on se situera, pour exemple, du point de vue d¹un cas-limite celui d¹un appareil critique « en architecture ». On envisagera par-là comment une critique machinale évènementielle devient pensable ? Un tel point de vue local se nourrit évidemment du secret espoir que cette fiction de concevoir, appliquée ici « en architecture », possèderait en retour quelques potentialités extensives ? MECHANICAL FICTION OR THE ³CRITICAL APPARATUS² EVENT By Daniel Guibert Abstract Gaston Bachelard : « How to create an event from the reason ? ». Accept the process ³create an eventŠ² still presume to considerate a ³speculation space² open of the conception of the ³things². This process suppose to establish this ³speculation space² as a fiction of an event¹s conception, as some mechanical thing, something becoming automatic and, finally, as a logical ³techne² mode of ³making being². Inside this active movement of ³actualisation² , what could be a critical apparatus and it reasonable ³conditioning² ? What kind of event could result from such an apparatus ? a critical apparatus based on the studies of the ³event-thing², its non-reductive conditions, that¹ s mean : a think making event. Let¹s take for instance the ³limited-case² of a critical apparatus in architecture. How to make thinkable a ³mechanical critic of event² ? Such local point of view include a secret hope that the fictive possibility to conceive, apply here in architecture, could detain in return few wide potentiality ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ DEUX COURTES DIGRESSIONS SUR LA PLACE DU CORPS DANS LA COMMUNICATION INTERNET par Xavier Malbreil Comment se faire une place dans l'impalpable univers des nouvelles technologies, quand son idéal réalisé git dans le fantasme de l'ubiquité totale ? Le regard ne suffit pas, la sensibilité est en reste. L'absence du corps physique qu'engagent les nouveaux modes de communication et de création informatisés (ici la communication écrite via le courriel ou e-mail et les oeuvres intéractives multimedia) ouvrent à des perceptions individuelles radicalement inédites ne serait-ce qu'au niveau de la réception de l'information et du décryptage de l'intention dont le message fait objet. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ELEMENTS D'UNE ESTHETIQUE DE LA SPATIO-TEMPORALITE CHEZ ANDREI TARKOWSKI Par Carole Wahnoun Il s'agit de développer en quoi la forme cinématographique, à partir de l'étude d'une affection singulière de la spatio-temporalité à l'oeuvre dans le cinéma d'Andrei Tarkowski, fonde un appareil critique du sensible et dont les dispositifs stylistiques engagent des modes d'être discursifs et politiques dans l'articulation et la succession des situations du récit et de ses événements, qui se portent vers la possibilité d'une relation inédite au temps et à l'espace élémentaires. Ceci tout en considérant et en traversant son oeuvre (Nostalghia, Andrei Roublev, Le Miroir ou encore Stalker) son engagement subjectif de créateur quant à sa production et quant à l'expérience même du spectateur. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ NIHIL INC, 2 ET 3 Par Sylvain Courtoux ‹ Les preuves de notre barbarie sont là (vous pouvez faire le décompte depuis 45) ‹ Tu peux foutre ça en boucle : «Justice is lost / Justice is raped / Justice is gone / Pulling your strings / Justice is done» tu peux foutre ça en boucle ‹ Bienvenue à Nihil, Inc. [un peloton d'exécution en forme de monde] ‹ Nous comptons ici beaucoup sur votre sympathie nous comptons ici beaucoup sur votre nostalgie nous comptons ici beaucoup sur votre propension au mal (les preuves de notre barbarie sont là) ‹ Bienvenue à Nihil, Inc. ================================================= L A P R É F A C E (réponse à la Revue Multiudes) Accident d¹individuation périphérique sous influence d¹appareil mythique 1. A propos d¹individuation, j¹ai pris le risque de quelques remarques, légèrement interprétatives 1. Toutes ces précisions, filiations et réflexions impliquaient, selon moi, le retour sur l¹examen du rapport qu¹entretient Friedrich Nietzsche au mythe grec 2, plus précisément à certaines de ses figures, modalités génériques d¹une pensée ontologique critique de l¹individuation humaine, rapport introductif aussi à un au-delà du mode d¹existence « moderne ». Ce recours de Nietzsche aux figures mythiques d¹Apollon et de Dionysos, n¹est pas que de pure forme ou d¹esthétique ni qu¹investissement mystique. Ce recours pose la question des référents imaginaires et symboliques explicitement mobilisés (mobilisables), activés pour promouvoir des modes d¹individuation humaine psychique, en rapport avec des modes d¹existence collectifs non déterminés ou réduits à un état de la technique ou des rapports sociaux, dans des contextes civilisationnels variables. Et dans le cas de Nietzsche, ce recours pose la question d¹un mode provoqué d¹individuation psychique dans un contexte réfléchi comme révolu, insupportable, faisant l¹objet d¹une pensée transgressive, tendue vers la civili-sation autre, pensée d¹une individuation radicalement désirée-délirée, voulue-conçue et vécue par Nietzsche sur le mode de l¹anticipation pratique. La question du rapport des processus psychiques d¹individuation aux figures symboliques de la mythologie péri-méditerranéenne sera par la suite autrement traités par les fondateurs de la psychanalyse, autant que par ceux des études d¹anthropologie comparative sur l¹imaginaire individuel et collectif, leurs concepts descriptifs de ces processus psychiques ou encore récemment par la philosophie quand ces figures s¹inscrivent comme « personnages conceptuels » 3. La référence aux figures symboliques du mythe panthéique grec, pratiquée par diverses compréhensions référentielles des processus d'individuation humaine, ne sera pas close pour autant. Ces figures joueraient implicitement par exemple un rôle nodal et modal sous formes de « centres actifs », comme l¹écrit Gilbert Simondon 4, suivant en cela la figure d¹une « mécanologie » évolutionniste telle celle de Jacques Laffitte, ou encore celle positionnelle du « brayage » pour une sémiotique du discours 5. Se pose ainsi, à propos d¹une référence individualisante, la question de l¹actualité d¹un aspect de la pensée critique de Nietzsche, son engagement à l¹égard de ces fi-gures mythologiques, au rôle qu¹il leur fait jouer dans l¹énonciation de sa prise de position philosophico-critique existentielle, liée à sa tentative de dépassement accidentel 6 de l¹une de ces figures référentielle d¹individuation concentrique au bénéfice d¹une autre plus acentrique ou périphérique, ceci visant une critique généralisée de la civilisation occidentale. Conjecturons déjà que si le mouvement révolutionnaire du XVIIIème siècle use et abuse du référentiel des figures d¹individualisation mythiques gréco-latines, celui qui prend acte à la fin du XIXème siècle, à l¹apogée du capitalisme industriel, s¹applique a contrario à reconstituer une mythologie séculière de l¹Histoire ; il produit ses propres figures symboliques référentielles, ses héros progressistes et historiques spécifiques : le militant sacrifié-salvateur, le producteur sacré, le combattant armé de la cause juste, l¹intellectuel organique, le guide scientifiquement éclairé des masses, détenteur de la connaissance vraie, etc. Toutes figures d¹un sujet héroïque d¹une Histoire instanciée et légiférable que Nietzsche condense génériquement en homme sublime ou supérieur, en « pénitent de l¹esprit » 7. Qu¹en est-il dans la situation présente ? Le retour-recours à la question des modalités d¹une individuation relationnelle « transindividuelle » porte à considérer que dans l¹intérêt soudain aux modes contemporains de cette individuation, se désignerait sur fond d¹un déficit déceptif, le constat d¹une carence malheureuse de figures référentielles. La question se poserait d¹accidents psychiques provoqués, propres à assumer, suivant la crise civilisationnelle profonde des grands récits progressistes et de leurs héros, le rôle par exemple de « centres actifs » (puisque le recours aux énoncés de Gilbert Simondon a été engagé) ou encore de « structures figuratives » ou « profondes », prédisposées au dépassement de cette crise. Le postulat implicite de cette conjecture serait que de nouvelles figures ontologiques accidentelles et épistémologiquement catastrophiques, devraient relier et renouveler les référents symboliques des rapports entre individualisations psychiques et civilisation. Bref, suivant cette ligne de conjecture, quiconque a en mémoire quelque chose sur le mythe apollinien et dionysien et ce qu¹il en est « vu » par Friedrich Nietzsche 8 peut (re)penser sa démarche critique instauratrice, tout en « devenir » existentiel et son passage à un « collectif » acceptable. Dans l¹usage que Nietzsche installe non seulement du choix des figures actives puis d¹un type de passage d¹une position impliquée de soi, d¹une position initiale à une position radicalement concentrée sur un autre, la dualité d¹une figure mythique complexe sera discutée par l'auteur, puis tranchée. L¹enjeu de cette prise de position non incidente mais volontairement accidentelle est sans doute plus qu'une esthétique. A ce point se joue le drame d¹un mode d¹individuation humaine voulue-vécue comme injure faite aux dieux, à la nature, à l¹humain comme à l'universel. Mais qu¹importe pourvu que se vive l¹ivresse d¹un devenir-autre. Comment construire une éthique disposée à préserver cette individuation spécifiquement disruptive, tout en choisissant d'en résoudre la dimension tragique en dehors (dit Nietzsche) de « ce que nous appelons une civilisation » ? En dehors, c¹est-à-dire contre et au-delà de cette civilisation qu¹il répugne à nommer comme telle. Ce qui laisse venir qu¹individuation et civilisation réalisées ne peuvent constituer qu¹un seul et même événement. Cela semble la question qu'il tente de résou-dre une grande partie de sa vie, question qui semble, pour beaucoup, du maintenant. La chose, sur ce point de l¹individuation, en quel-ques mots (pas trop surveillés), se présenterait pour Nietzsche (pour moi le lisant) ainsi : l¹apollinisme moderne conquérant (clarté, luminosité, cristal du concept et transparence du monde, toutes vibrations de la corde de la lyre apollinienne qui fait danser le monde sous le char du soleil, mais sachant qu'une autre corde tout aussi vibrante, celle de l'arc qui terrifie et transperce de ses traits aussi bien d'esprit, tout opposant à la lumière), ainsi que notre héroïsme historique douloureux (fin du 19e siècle, les impérialismes s'affrontent sauvagement aux centres pour le contrôle de l¹extension périphériques de leurs formes abstraites de concentration et des tentatives de leur concrétisation) forment un tout. Ainsi, apollinisme moderne du gestionnaire éclairé, du scientifique et de l¹ingénieur et héroïsme historique de l¹intellectuel engagé contre la morale et ses institutions, forment un tout ayant atteint, dans la conscience individuée de Nietzsche, sa masse critique. C¹est pourquoi dit-il : « Tout notre monde moderne est enfermé dans le réseau de la civilisation alexandrine et a pour idéal l'homme théorique doué des facultés intellectuelles les plus hautes mises au service de la science ; le type et l'ancêtre en est Socrate. » (op. cit., 120-21). C'est ce tout de l'individuation moderne qualifiée d¹apollinienne, qu'il lui faut résolument attaquer et résoudre en survalorisant son duel plus que son contraire : le dionysisme. Par là s¹élaborent une position sur le devenir (humain) et sa conception active, une condition de l¹être subjectivement ressentie, accompagnée d¹une volupté curieuse de créateur, entremêlées de colères destructrices provoquées des critiques incomprises. Survalorisation critique non sans ambiguïté car Nietzsche restera attaché à la forme d'individuation héroïque apollinienne dont la pureté et l¹éternelle jeunesse continuent de le fasciner au plus fort de sa critique de l¹apollinisme socratique 9. 2. Suivant ces quelques traits et revenant à ce que convoque ceci que je conjecture comme accident dans la pensée de l¹individuation, suit un condensé de ce qui me semble significatif de la façon dont Nietzsche dénoue ou plutôt tranche finalement cette question du référent privilégié pour renouveler l'individuation psychique. Il fait alors comme si la vitalité, son pouvoir d'émergence hasardeux et sélectif était tout entière du coté de la dimension tragique des rapports qu¹entretiennent en eux et entre-eux des individus emblématiques de communautés multiples. Cette tragédie de l¹individuation se joue sur la scène d¹un théâtre de chants et de musiques, scène primitive où s¹agitent, se construisent en se détruisant des êtres et des territoires symboliques. Là opère ce qu'il sous-entend comme opérateur princeps et discriminant des figures : un « art pur » : « Le dionysisme comparé à l'apollinisme apparaît ici comme la force d'art éternelle et originelle qui appelle à l'existence le monde des apparences tout entier, au centre duquel une transfiguration nouvelle devient nécessaire pour retenir à la vie le monde animé de l'individuation. » (op. cit., 162-163) Comme si la scène du savoir et de la connaissance n'avait pas part en cette entreprise, sinon comme survaleur anthropologique venant elle aussi d¹une prédisposition suprêmement universelle à la création, à un Kunstwollen (Aloïs Riegl, 1898, 1901) générique, universel, faiseur, fabricateur d¹individuation en devenir. Transfiguration, transduction ? Que nous dit ce rapprochement ? Une transduction nouvelle obéit-elle au même principe de nécessité vitale de passage ou de transfert d¹une figure symbolique à l¹autre ? Et si la transduction appelle le biopsychique, y compris dans sa dimension léthale, qu¹en est-il de cette transfiguration conductrice d¹individuation psychique ? Reste que par l¹instrumentation de ce système figural dual, non dialectique, et garantie de toute vitalité, « la vie étant essentiellement immorale », (Essai d'autocritique, 1886 ; ibidem, 175), Nietzsche s'attaquera à la morale plus qu'à la construction d'une éthique productrice ou créatrice. Et cela afin, dit-il, de « retenir à la vie le monde animé de l'individuation » ; et même si, de son propre point de vue, la morale « se fonde sur la pure avidité d'exister ». Il s'attache ainsi à promouvoir cette forme contrariante du « monde animé de l'individuation » qui, du coup, s'oppose à cette autre forme contrariée d'individuation inanimée, par trop éthérée, spéculative, trop attachée aux apparences et par cela mortelle, selon lui. Parce que cet autre mode référentiel « nous délivre du devenir », non pas de tout devenir mais de celui qui prend figure de l'individuation apollinienne, socratique, techno scientifique, technofictive 10. Ce mode de transfiguration volontaire (de transduction) d¹une individuation vitale, comment le nomme-t-il ? Sa réponse persiste et signe, signe encore une part non négligeable de notre transmodernité. D¹abord par le changement de repère ou de référentiel tridimensionnel, d¹une géométrie variable du réel, de l¹imaginaire et du symbolique : « En philologue, en homme du verbe, je l'ai baptisée, non sans hardiesse ‹ car qui connaît le vrai nom de l'Antéchrist? ‹ d'après le nom d'un dieu grec : je l'ai appelée le dionysisme. » (op. cit., 176) Et puis sur le mode conclusif d¹une individuation projective, totalement identificatrice, en perpétuel devenir face à l¹autre, brisant définitivement les liens organiques et symboliques de la dualité, cette autre énonciation, envoi pathétique pour un ultime combat : « Cette fois-ci, pourtant, je viens en tant que Dionysos victorieux, qui va mettre le monde en vacancesŠ Mais je n¹ai pas beaucoup de temps. » 11(Extrait de sa dernière lettre " folle " à Cosima Wagner) Depuis, on sait que cette stratégie, que ce dispositif cognitif, consistant à briser le lien symbolique de la dualité au nom d¹un dépassement insurrectionnel et unidimensionnel du moi individué vers l¹Un, qui force également l¹Autre à l¹Un, qu¹importe qu¹elle opère par l¹appareil de l¹art, de la cyber-vitesse, par une militance de l¹autonomie ou par la guerre, on sait qu¹elle confine à une « esthétique de la disparition », y compris sous les formes les plus monstrueuses de relation à l¹autre. 3. En cette figure de l'hyper-individuation délirante-désirante du dionysisme, relationnalité indisciplinée et immorale, « follement » attractive, racontée, récitée, chantée et jouée devant et avec le peuple de la polis, prend également source et sens une conception re-formatrice et re-fondatrice de la Cité, monde d¹avant alors mis « en vacances ». Cette conception se veut anti-socratique, anti-apollinienne, certes, mais non pas irrationnelle, seulement d'une rationalité autre, fondée sur d'autres modes d'existence et d'autres valeurs, dont celles qui gèrent l¹altérité. Parce que ces modes, selon le mythe invoqué, seraient plus vitales, notamment parce que la féminité comme la servilité doivent y prendre part et place déterminantes, des artéfacts et des techniques nouvelles s'imposeront au socius, des m¦urs se reterritorialiseront, des êtres s¹individuali-seront autrement. D'où cette issue tragique, interne au mythe, paradoxalement et inéluctablement tragique : en un monde essentiellement machiste, Dionysos, jeune dieu provocateur, éphèbe ludique et donneur de leçons politiques, philosophe réalisé entouré de femmes et de nourrices qu'il détourne de leur devoir domestique envers l¹oikos, ce réformateur d'entre-deux « classes » (ni complètement homme ni totalement dieu) qui ainsi touche au telos comme à l¹économie du topos, ce bâtard existentiel révélateur d'ivresse et réformateur « du-dehors » des m¦urs de la Cité, cet acteur délimitatif, producteur de concepts opératoires, ne pouvait être finalement qu¹assassiné puis dépecé au couteau rituel par les Titans, meurtriers expiateurs, qui finissent par l'accommoder en rôti-bouilli. Zeus le père, soustrait in extremis le c¦ur de Dionysos au festin titanesque. Organe générique des affects, il échappe au festin tragique des vengeurs du concept. Mais le terrible comme le tragique enseignent ; seuls ils enseignent que l¹harmonie de la vie collective n¹est pas indépendante de la fureur et du chaos, de la cruauté et de cette « inquiétante étrangeté » dont elle se nourrit. Par ce coup de théâtre « didactique », le c¦ur subsistant (le reste symbolique) permettra la régénération génomique de Dionysos. (Ce devenir corporel rédempteur peut-il être comparé à celui d'Osiris dont les fragments d¹un corps écartelé, dispersés aux quatre coins de l'Univers, devront être rassemblés par Isis, la s¦ur-épouse ?) Grâce au père, Dionysos peut ainsi poursuivre son oeuvre civilisatrice critique. Et la reconstitution d'un corps dionysiaque n'est cependant pensé-pensable qu'à nouveau organiquement lié au grand Tout cosmothéique préalablement bafoué par l'individuation délirante-désirante, par sa vie-vitalité trop proche des désirs de l'humain, par là trop-humain. 4. Ce n'est pas, me semble-t-il, cette version interprétative du mythe dionysiaque qui prévaut chez Nietzsche, du moins dans son écrit, mais une appréhension perceptive et émotive plus simplificatrice : au lieu de s'intéresser à la place de l'anthropophagie rituelle dans une société érigée en modèle de démocratie, à l'évolution des techniques culinaires du rôti au bouilli, évolution que les Titans violent sciemment en en inversant l¹ordre temporel, à la sécularisation des états d'ivresse (la culture du vin et de la vigne), à la place de la femme dans la formation de la Cité (Dionysos sauve de l'Hadès Sémélé, sa mère morte en l'enfantant, comme il sauve Ariane lâchement abandonnée par Thésée, sa performance toro-matchique accomplie ; Dionysos l'épouse et l'instruit dans sa gloire urbaine, affirmation de l¹affirmation de l¹être, figure requise d¹un devenir-actif 12 pour lui qui combat l'excès de rationalité apollinienne dans une Thèbes qui ne laisse place ni à l'irrationalité ni à l'inattendu qui provient du principe dual 13), Nietzsche réduit apparemment toute cette problématique mythique à l'art du dithyrambe et à la place de la musique dans la hiérarchie des modes de symbolisation. De fait, j¹opte pour une conjecture autre : Dionysos délimite un nouvel espace pour penser (son) l¹individuation comme poiésis, comme art de faire et de se faire par la relation empathique à l¹autre (relation séductrice, amoureuse, cruelle aussi mais didactique, opératoireŠ), comme poïétique de l¹être plus que comme poétique, fut-elle fusionnelle, en reterritorialisant ainsi l'Art dionysiaque contre la Science apollinienne, en privilégiant un devenir-art de l¹être, vecteur de l'accès à une nouvelle connaissance et à la mobilisation instrumentale des savoirs sensibles. Mais dans ce mouvement paralactique déchirant, dans cette tension vers le décentrement de la figure référentielle pour une individuation transmoderne, ce n¹est pas un « art pour l¹art » dix-neuviémiste qui est enjeu, c¹est un art de combat excentriquement existentiel, qui attaque symboliquement « du-dehors » le fonds du sujet moderne et de sa métaphysique, ses arguments politiques et ses formes centralisées-centralisatrices de territorialisation et d¹espacement. 5. La revendication d¹une individuation totalisante « autre » qu¹alexandrine et socratique trouvera ainsi pour Nietzsche sa contrepartie édifiante. C¹est pourquoi son devenir et son issue se dessinent dans l¹accord au destin tragique de Dionysos : il sera le philosophe refondateur exaspérant, l¹étranger dans la Cité, le porteur d¹étrangeté, l¹alien critique, comme le philosophe se fera Dionysos. Cependant, la forme d'individuation humaine qu¹ainsi Nietzsche conjecture et conceptualise sous l'égide du mythe, ne peut s¹opérer que par la disjonction d¹Apollon, le terrifiant organisateur par l¹harmonie poétique et musicale, de son autre-Dionysos, d¹avec sa fratrie symbolique ‹ ils sont tous deux fils de Zeus mais non d¹Héra, car Zeus est aussi le mâle qui accouche et enfante de tout son corps (Dionysos vient de sa cuisse) ; Zeus serait ainsi celui qui, après avoir amené le monde au point de différenciation extrême, cherche à réaliser simultanément la fusion du tout et la distinction des parties et des principes, dont il est l¹Un. Gageons sur ce point que le mythe cosmologique grec prend ensembles les figures symboliques Apollon-Dionysos, les intègre comme deux versions indissolubles et sociables du même thème de la genèse réformatrice du système politico-religieux de la polis. Une lecture contemporaine du mythe 14 induit évidemment une distance critique à l¹interprétation simplificatrice et disjonctive de Nietzsche. Surtout quand ce dernier organise une lecture qui le porte à distinguer, hiérarchiser puis disjoindre ces deux figures symboliques d¹une même volonté de puissance ordonnatrice. Car si Apollon est le dieu qui habite à la fois la Cité des hommes et les espaces purificateurs hyperboréens de ses « ressources », dieu d¹un intérieur ordonné autour du foyer, oikos nomos et oikos logos, Dionysos, le « dieu-qui-vient-du-dehors » n¹est que l¹autre forme duale et critique de cet ordonnancement démiurgique plus que démotique de la Cité, qui fonde, en principes, une démocratie autre. Au contraire de son principe dual, Dionysos est porteur déterritorialisé d¹un oikos décentré, incorporation originale d¹un principe contraire (contrarié-contrariant). Quand Apollon se centralise et se concentre, impose à tous y compris par la terreur son ordre spéculatif et son harmonie mathématique, Dionysos impose son dé-sordre et son empire d¹affects tumultueux, sa territorialité transgressive et « transductive » à un espace psychique dé-raisonnable, à un espace urbain sans limites, lui qui ne revendique rien d¹un lieu fixe, ni d¹autre lieu que celui en mouvement de l¹éternelle critique, ce là, ce maintenant d¹un instant de communion communicative qui fait évènement. Partant de cette forme duale d¹individuation ambivalente et plastique, urbaine et civilisationnelle, porter en discussion, donner à éprouver dans tout rituel par sa mise en scène tragique des corps, de la langue et de la voix, Nietzsche en fabrique, à la limite, deux modes distincts et contradictoires d'engagement à l¹individuation dynamique dans la Cité, deux versions opposées entre lesquelles il tranche, philosophiquement et existentiellement. Il reste que cette manière nietzschéenne d¹avoir anticiper sur un penser actuel du devenir transmoderne et même transhumain, nous dit une seule et même chose, compréhensible et observable sous différents aspects. En se gardant du manichéisme dionysiaque nietzschéen et de ses dérivés, en préservant du dual symbolique sa puissance instauratrice, quelques lignes de pensées nous indique ce qui, de l¹usage des figures mythiques, serait maintenant et déjà investi, contre toutes formes rémanentes d¹un héroïsme moderniste par trop apollinien, celui qui toujours cherche à se (re)constituer par ses structures hiérarchiques arborescentes, facilement cloisonnables et ses chefferies pyramidales idolâtres. Cela dans un espace d¹individuation psychique et altruiste, partout heureusement traversé, espacé, par les formes et modes multiples d¹une puissance relationnelle illimitopique, illimitropique, illimitrophique. Jeu de langage plus qu¹énergique, dynamique, en ce que ces formes et modes d¹existence potentiels en devenir seraient déjà plus que simulés : actualisés, en voie d¹extension, outre toutes sortes d¹appareils qui tentent de les ressaisirent pour les assigner à leur champs clos et à leur terreur. Cette conceptualisation induite (entre autres) d¹une pensée nietzschéenne inductive de nombreuses prises de position trouve ainsi ses marques conjecturales dans les développements d¹une figure d¹espacement acentrique, à la circonférence illimitée : elle prend sens et renforce cette puissance d¹individuation périphérique autant que centripète, nodale autant que réticulaire. Individuation écopérique, écosophique, elle porterait ainsi à leurs limites, dans la plus grande violence régénératrice, tant des modes actuels d¹existence. Daniel Guibert Professeur d'architecture et de théorie de l'architecture École Paris-Malaquais/ Paris-La Villette 1 Cette réflexion récente constitue une réponse extérieure à un échange, en juin 2002, sur la liste transnationale-Samizdat de la revue Multitudes. Etait posée la question théorique de l¹individuation, provoquée par la référence aux travaux de Gilbert Simondon sur fond de la recherche d¹une transindividualité politique, les usages qu¹en ont fait Gilles Deleuze, Gabriel Tarde ainsi que Jean Baudrillard et Toni Negri. Cette séquence de posts a donné lieu à une "mineure" dans la revue Multitudes. Egalement posées les questions de reconnaissance et d¹appartenance des diverses individuations (formées) qui s¹exprimaient alors sur cette liste et s¹y expriment encore, de leur remise en cause ou de leur confirmation véridictoire, com-me instance de discours « vraie ». Suite à mon intrusion dans un sujet de débat qui me semble encore édifiant, poursuivi en ce qui suit, venait cette remarque contextuelle légèrement ironique quant à ce qui fut perçu comme dérives des discours. Cette remarque est ici (dé)placée en note, en accroche de l¹expression « légèrement interprétatives » : [Vous aurez remarqué que j'ai évité « herméneutique » ; évidemment, dans ce contexte d'échange où le langage doit se « surveiller », par souci de rigueur (j'espère), plus que par volonté de 'punir' le désordre de la non-appartenance ou de revendiquer ladite, tout en laissant place à l'ouverture de l'impensé ou du prépensé qui n'est pas toujours que frivole, c'est-à-dire en faisant crédit à-de la puissance questionnante, papillonnante, qu'elle fut aussi associative, parataxique, paralogique, etc. : quel-ques « vérités » peuvent encore bien venir de la bouche des enfants que tour à tour nous sommes, à force d¹appareil de contrôle du verbe, selon les territoires investis à risques, suivant nos divagations territoriales accidentelles et nos nudités conceptuelles coupables ou exhibitionnistes.] 2 Nietzsche dans ses Fragments divers pour Origine et fin de la tragédie : « L¹individuation puis l¹espoir de la renaissance de Dionysos. Tout alors sera Dionysos. L¹individ-uation est le martyre du dieu (Š) », Naissance de la tragédie (1871), Paris, Gallimard, 1949, 1970, coll. Idées, 302. 3 Cf. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu¹est-ce que la philosophie, Paris : Les Editions de Minuit, 1991, 60-81. 4 Gilbert Simondon, Psycho-logie de l'inconscient (1952), Paris : Le livre de poche, 1993 ; L'individuation psychique et collective (1958), Paris : Aubier, 1989. 5 « Prendre position » est l¹acte d¹énonciation premier d¹une instance de discours ; il comprend l¹ensemble des autres opérations menées par des opérateurs et les divers facteurs qui contraignent leurs discours. La prise de position ou brayage (action de lier, de soutenir ou soulever, de mettre en place la pièce de jonctionŠ) instaure une relation à l¹Autre ou à quelqu¹autres choses ; il établit un lien référentiel qu¹il fait agir, et à ce propos il forme un champ de présence positionnelle et dispositionnelle, perceptive et énonciatrice. Par suite, le débrayage ou changement de position de l¹instance de discours procède d¹une rupture d¹isotopie (spatiale, actorielle, temporelle, cognitive, affectiveŠ). Le débrayage est disjonctif et extensif ; il mobilise une pluralité référentielle d¹instance de discours (acteurs, spatialité et temporalité). A l¹inverse, l¹embrayage rétablit la liaison première. Conjonctif et intensif, l¹embrayage tend au retour à la position initiale ; représentatif, il se replie sur un centre de référence ; il concentre l¹instance de discours au lieu de lui laisser toute latitude acentrique. Cf. Pierre Fontanille, Sémiotique du discours, Limo-ges : PULIM, 1998 et la fin du point 4 ci-dessous. 6 Ce qui survient de manière imprévisible et contingente, qui prend les tours d¹une catastrophe, c¹est-à-dire qui tient d¹un retournement de situation ultime événement d¹une tragédie. 7 Ainsi parlait Zarathoustra (1883-85), t. f. Paris : Gallimard, 1947 et suiv., II,« Les sublimes », 8 Naissance de la tragédie (1871), op. cit. 9 Après quelques déboires dans sa relation aux autres et avoir affronté l¹épreuve de la solitude, Zarathoustra (op. cit.) se replie dans la montagne et apprend à parler au Soleil. 10 Voir D.G., La conception des objets Son monde de fictions, Paris : L¹Harmattan, 2002. 11 Cf. la citation de la note 2. 12 J¹emprunte l¹expres- sion à Gilles Deleuze dans « Mystère d¹Ariane selon Nietzsche », in Critique et clinique, Paris : Les Editions de Minuit, 1993, 131. 13 Nietzsche : « But de l¹État : Apollon. But de l¹existen-ce : Dionysos. » Fragments divers, op. cit, 303. 14 Voir par exemple les tra-vaux de Jeannie Carlier, Jean-Pierre Darmon et Marcel Détienne. ----------------------------------- < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : nettime-fr-owner@samizdat.net