Olivier de SCHRYNMAKERS on Sun, 16 Nov 2003 14:02:36 +0100 (CET)


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[nettime-fr] en pré-réponse : ART ET POLITIQUECULTURELLE... parole d'artiste ! (2 )


Title: en pré-réponse :  ART ET POLITIQUE CULTURELLE... parole d'artiste ! (2 )

Projet de collectif d'artistes en groupe de recherche proposé à la ville de Nantes



Dans ce texte j'ai retiré le projet plus directement personnel qui s'y rajoutait, pour raccourcir !



écrit le 1er janvier 2003, à Paris




Madame, monsieur,

Afin de créer un groupe de recherche je vous présente succinctement mes différentes expériences de collectifs d¹artistes :

I les "poy poy destroy" groupe d¹écriture automatique regroupant poète, peintre, vidéaste, autour de la fête, plusieurs centaines de pages, 2 courts métrages, diverses représentations, concerts, etc...
II En tant que président de l¹association des Ateliers d¹Artistes de Belleville, pendant 3 ans (cette association regroupe près de 500 artistes) je crée la "Local-Galerie" (35 expositions à thème etcŠ en 2 ans) et un emploi avec projet de livre d¹art, et participe à la création d¹atelier pour enfants avec les centres sociaux du quartier, etc...
III les squats : participation à la création de "la Maison de la plage", et au festival Art et Squats du palais de Tokyo, nombreuses expositions et spectacles.
IV La Forge : artiste en résidence dans un espace collectif récemment «inauguré» par la ville de Paris.

Il n¹est évidemment pas facile d¹évoquer les difficultés rencontrées, où il faut faire face le plus souvent à la mauvaise foi et à des comportements humains parfois blessant et malhonnêtes. Des enjeux de pouvoir aussi minimes et ridicules soient-il, peuvent transformer et révéler l¹homme ou la femme au départ fort sympathique et les transformer en saboteur, manipulateur, diffamateur, ou encore en terrifiant dictateur qui banalise l¹injustice pour faire régner la loi de la jungle. J¹en ai maintenant une large expérience. Tous ces comportements pouvant aller jusqu¹à une folie destructrice dans certains cas montrent la faiblesse, la fragilité de la démocratie dans la vie collective, qu¹elle soit associative ou autre.

Je crois qu¹il est essentiel comme point de départ, de mener une réflexion sur ce que doit être la démocratie au quotidien d¹un groupe, sur les bases d¹une charte concernant les objectifs notamment dans l¹art fondée sur une certaine éthique.
Sur ces bases les artistes peuvent axer leurs réflexions pour l¹orientation d¹une politique culturelle au service des artistes et de l¹art dans le cadre de ce projet.
Et poursuivre la recherche sur l¹accrochage, la scénographie l¹axe de monstration, de présentation, de diffusion.
Comment parler de l¹artiste non plus en fonction de l¹histoire de l¹art et de l¹idéologie du moment, du corpus institutionnel mais bien dans le sens de l¹évolution de l¹artiste ou de ce qu¹il a voulu dire et exprimer par sa création, avec la subjectivité de l¹artiste.
Comme le disait fort bien Jean Dubuffet : «l¹homme de culture est aussi éloigné de l¹artiste que l¹historien l¹est de l¹homme d¹action»
C¹est une remise en cause de cette écriture non artistique que j¹appellerai "marketing institutionnelle" qui nie la parole de l¹artiste. Car elle en vient à édulcorer, en ne parlant pas, en ne développant pas la part créatrice de l¹¦uvre dans son contexte mais en mettant à plat pour le prêt à consommé (ou ce que l¹on croit vendable de tel artiste) en fonction d¹une volonté de faire aller l¹histoire de l¹art dans le sens donné par l¹institution. (Ex. César au Jeu de Paume)
Travers et contradictions de ceux qui écrivent l¹histoire contemporaine de l¹art : ceux qui l¹écrivent ne sont pas ceux qui la font d¹où généralement un révisionnisme que l¹on considère comme naturel en ce qui concerne l¹art. la parole est volée à l¹artiste au bénéfice de fonctionnaires de l¹art.

Mon travail de recherche personnel est axé sur la mémoire dans la ville (voir site olivier-de-schrynmakers.com dans installations) et de la ville qui disparaît sous la forme du terrain vague. Le terrain vague est un lieu de mémoire détruit par opposition au musée qui est un lieu de conservation de la mémoire construit et rassemblée artificiellement. Le terrain vague anonyme pour les uns, chargé de souvenirs pour les autres, en même temps qu¹il repousse est lieu qui fascine.
No man¹s land entre deux frontières celle du passé et celle du futur, espace vide tel une perte de mémoire une fois la construction disparue nous ne nous souvenons déjà plus de ce qui fut. Cet espace de culture de la ville touche bien souvent à l¹histoire au monde ouvrier et à l¹univers d¹un lien social populaire, fragile et fort tout à la fois. Curieusement cette table rase du passé populaire et convivial est constitué de petites structures; édifications faites plus du lien social que d¹un ciment architectural écrit dans les bureaux d¹études d¹ingénieurs; lié à une politique d¹urbanisme de reterritorialisation de l¹espace social, apportant le confort, en même temps ce ciment  détruit le lien social établi de génération en génération.
Exemple : Bucarest par Ceaucescu, Pékin actuellement, Paris dans les années 70/80 jusqu¹à aujourd¹hui.

Faire le lien entre cette disparition de la mémoire qui est propre de notre époque par la surabondance du nouveau et cette surenchère du vide qu¹il faut combler et ce désir de nous raconter une histoire qui aille dans un sens celui donné par une catégorie.
Pourquoi les artistes n¹écrivent-ils pas l¹histoire de l¹art ?
Parce ce qu¹ils l¹a font ?
Où ne peut-on pas opposer les écrits des artistes face à ceux qui réécrivent l¹histoire de l¹art.
Un parti pris artistique qui va dans le sens de l¹art et de l¹artiste opposé à une certaine mortification culturel du critique, du commissaire d¹exposition, de l¹inspecteur de la culture.
Ceux qui font la culture ou la gère sont opposés aux artistes dans le sens où ils font des artistes de simples faire valoir d¹une politique culturelle au service d¹autre chose que de l¹art, et généralement des choix esthétiques je dirai parfois nihiliste d¹un apparatchik de l¹institution culturelle.
Empêcher l¹art de se créer ou d¹être vu, de montrer ce qui se fait de la part de tous les artistes et non de quelques uns mis en vedette et abonder ainsi dans le sens de la fin de l¹art puisque le choix est plus particulièrement accès sur la disparition des artistes, donc de l¹art : tels sont les enjeux actuels dans le seul but de maintenir une caste de privilégiés qui justifie ainsi son maintien par la disparition des autres, appuyé par des critiques. Mais c¹est leur donner raison et aller dans le sens de la fin de l¹Histoire. Ils voudraient nous voir disparaître et conforter leur théorie de la fin de l¹art.
Si «fin de l¹art» il y a, c¹est aussi «la fin de l¹homme», dans ce cas ils n¹ont plus de raison d¹être. L¹artiste est-il là pour conforter le nihilisme et le cynisme de l¹institution au prix de sa soumission ?

C¹est ce qu¹on appelle historiquement une lutte de classe entre les dominants qui gère le budget et se maintiennent économiquement aux frais de l¹état, et les artistes qui doivent se fondre dans l¹idéologie de l¹art contemporain pour espérer un jour financer leur création, au prix de leur silence.
Salarier quelques uns, les mettre à leur botte dans le sens d¹un vide consensuel international pour écraser les autres. Cette fin de l¹art annoncée n¹est ce pas de la même manière l¹annonciation de la fin du monde qui s¹exprime dans sa structure mais non pas par la création.
Commet gérer le budget collectivement ou regarder comment les artistes conçoivent le budget de la culture, budget de fonctionnement où l¹on se maintient par un renforcement de son poste et de ses prérogatives ou budget dédié en totalité ou partiellement à la création ?

Tels sont les réflexions que les artistes doivent se poser, du sens à donner à une politique culturelle faite par et pour les artistes ou tout est art sinon ce n¹est qu¹enjeu de pouvoir, mercantilisme élitaire où seul un réseau peut développer et imposer sa propre vision dans le seul but de se maintenir au pouvoir au détriment des artistes et de l¹art.
Nier le marché privé des acheteurs, collectionneurs, amateurs et passionnés, entreprises, par une politique élitaire c¹est là aussi renforcer la mainmise de ces «nouveaux fonctionnaires» de l¹Etat en privant les artistes de revenus. c¹est là aussi un axe de recherche très important qu¹il est indispensable d¹approfondir.
Poser ces multiples questions c¹est croire à cette utopie nécessaire, défi que seuls les artistes pourront relever, car il en va de leur intégrité.
Faut-il attendre qu¹il soit trop tard comme on a l¹habitude de le faire, par le statu quo imposé, en éliminant le problème, et risquer un remède pire que le mal ?
je sais bien que j¹ai peu de chance d¹aboutir à un résultat avant longtemps. Que la mode est plus à la diffamation et à l¹anathème qu¹à une réflexion contradictoire. Il est peut-être temps que cela change. Il ne fait pas bon soulever des lièvres et remettre en cause les systèmes quels qu¹ils soient, mais cette situation est bien française visiblement. C¹est l¹objet de ma démarche artistique que l¹artiste se pose en citoyen si l¹art ne veut pas s¹associer à cette perte de sens généralisée.
                                Olivier de SCHRYNMAKERS
artiste peintre plasticien

http://art-contre-culture.com

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