Louise Desrenards on Sat, 12 Jun 2004 18:14:31 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] Traduction intégrale CAE/ Pentecost


INQUISITION CONTRE 7 ARTISTES AMERICAINS
PAR LE FBI DEVANT LE GRAND JURY DE BUFFALO (NY)
LE 15 JUIN


Rappel du post de Karen O'Rourke :

Beatriz da Costa et Steve Barnes sont, comme
Steve Kurtz membres d'un collectif internationalement reconnu
le Critical Art Ensemble (CAE) - dont les oeuvres visent à éduquer le public
sur les dangers
des biotechnologies. Leur convocation leur a été remise par des agents du
FBI qui les ont suivi jusqu'à leur exposition au Musée d'Art Moderne du
Massachussetts. Le troisième artiste, Paul Vanouse, est, comme Steve Kurtz,
enseignant en Art à l'Université de Buffalo. Il a travaillé avec le CAE par
le passé. http://caedefensefund.org/overview.html
and http://caedefensefund.org/press.html

    Pour des informations (en anglais)
    sur les manifestations du 15 juin à
    Amsterdam, San Francisco, Londres et Paris,
    voir http://caedefensefund.org/demonstration.html#world

 /\/\/\                                 /\/\/\
      A P P E L   A   M A N I F E S T E R

     Protests in Solidarity Around the World
     CONTACT:
     organize@caedefensefund.org




--> En quoi consiste l'approche scientifique critique reprochée au CAE

    Recherches et compilation par Claire Pentecost
    http://www.caedefensefund.org/



     Le Critical Art Ensemble a très publiquement et légalement exécuté des
processus scientifiques pour les démystifier et il les rend accessibles aux
spectateurs."Gamme de grains libre" (Free Range Grains), le dernier projet
du CAE'S, inclut un laboratoire d'extraction d'ADN mobile pour évaluer des
produits alimentaires en matière de présence d'organismes génétiquement
modifiés.

L'industrie des biotechnologies est une puissance peu comprise, transformant
nos vies en dépit d'une absence d'entrée publique quasi totale. Dans le cas
de l'agriculture génétiquement modifiée, des récoltes transgéniques ont été
approuvées par le FDA pour l'utilisation commerciale en 1994, sans études
quant aux effets à long terme sur la santé humaine et l'environnement
naturel, aucun plan pour suivre à la trace des effets, aucune responsabilité
pour les sociétés vendant cette technologie et aucun débat public.
Lentement, au cours de la dernière décennie, des consommateurs américains
ont pris conscience que tout le soja ou le canola sont génétiquement
modifiés, à moins qu'ils ne soient étiquetés "organique". Tout de même, la
majorité de la population ne se rend pas compte qu'elle fait partie d'une
immense expérience sans règlementation. Il n'y a aucune étiquette pour ces
ingrédients. Quand l'industrie déclare qu'aucune étude sur ces produits
n'indique des méfaits pour la santé humaine, ils disent simplement que les
études n'existent pas. Une étude indépendante, conduite de façon
consciencieuse, a suggéré des dégâts aux intestins et à d'autres organes
chez les rats. Pour l'essentiel, cette étude a marqué la fin des 36 années
de carrière du docteur Arpad Pusztai à l'Institut de recherches Rowett en
Ecosse. Les jours après qu'il ait informé publiquement de ses découvertes,
en août 1998, le docteur Pusztai a été enlevé du service, ses notes de
recherche ont été saisies et ses données confisquées; de plus, il lui a été
interdit de parler de ses recherches à quiconque.

Le nouveau maïs, le soja, le canola et le coton ont été conçus pour résister
aux herbicides qui sont vendus par la même société et/ou comprenant une
bactérie toxique aux parasites qui se nourrissent de la récolte. Ces grains
« traités » ont été commercialisés pour produire des profits plus élevés au
bénéfice des sociétés qui les détiennent et en contrôlent la propriété
intellectuelle ; ils ne sont pas faits pour accroître la valeur nutritive ou
la saveur mais pour augmenter la récolte. Or, les revendications selon
lesquelles les produits transgéniques réduiraient l'utilisation des
pesticides et des herbicides dans les champs (de même que les allégations
opportunes selon lesquelles ils produiraient des rendements plus hauts) sont
prouvées être fausses.

L'équipement dont le CAE se sert habituellement aux fins de démontrer la
présence de transgènes, pour évaluer des produits alimentaires courants, a
été confisqué par le FBI bien que le champ et les essais en laboratoire
aient montré qu'il n'était pas utilisé dans un but illégal ; il n'est pas
davantage possible d'utiliser cet équipement pour la production ou
l'armement de germes dangereux. En outre, n'importe quelle personne aux EU
peut légalement obtenir et posséder un tel équipement.

Quand l'Équipe Commune Spéciale contre le Terrorisme a fouillé la maison de
Kurtz, les recherches qu'il tenait en cours portaient sur la question de la
guerre biologique et du bio-terrorisme, pour évaluer le danger réel posé par
ces armes et, dans le cadre du débat public, le rapporter à la politique
américaine. Aux fins de cette recherche, il avait de nombreux livres sur le
sujet et avait légalement acquis trois bactéries, généralement utilisées
comme des outils éducatifs dans les écoles et les départements
universitaires de Biologie. On pourrait conjecturer qu'il s'agisse des
"agents biologiques" indiqués dans les charges contre Kurtz.

Ce sont le Bacille globigii, Serratia Marcenscens, et e.coli. Le Bacille
globigii, inoffensif pour les gens, est extrêmement commun et trouvé
facilement dans les prélèvements d'échantillons de poussière portée par le
vent. Utilisé dans les études biologiques pour remplacer des bactéries
pathogènes, le BG est sans risque ; notamment, il est utilisé comme traceur
biologique pour le charbon, parce que sa taille de particule et ses
caractéristiques de dispersion sont semblables à ceux du charbon. Une
solution ménagère d'eau de Javel le tue facilement.

Serratia marcescens est un autre microbe commun inoffensif qui vit dans le
sol, l'eau, sur des plantes, ou porté par des animaux. Il est distingué par
sa couleur rouge vif et peut être cultivé sur le pain et d'autres
comestibles stockés dans un lieu humide. On pense maintenant que divers
miracles Chrétiens où les osties de communion paraissaient "saigner" étaient
le résultat de S. marcenscens.

Parce que ce microbe est tellement commun et parce qu'il est habituellement
considéré comme bénin, les scientifiques et les enseignants l'ont
fréquemment utilisé à cause de sa nuance brillante dans les expériences de
traçage des microbes, ou pour démontrer l'importance du lavage des mains.
Par exemple, il est utilisé dans des expériences de poignées de mains où la
personne doit plonger sa main dans un bouillon de S. marcescens et ensuite
serrer celle d'une autre personne, qui a à son tour serre la main de
quelqu'un d'autre, etc.

Plus récemment, S. marcescens a été trouvé pathogène (affection des poumons,
de la région urinaire - et probablement d'autres infections non mortelles)
sur-certaines-personnes ; il n'est donc plus recommandé del'utiliser dans
les écoles et plus largement il n'est plus utilisé pour suivre à la trace le
mouvement bactérien dans l'environnement. Mais des institutions éducatives
l'utilisent encore légalement. J'ai constaté qu'une page Web d'étudiant de
lycée fait un rapport sur leurs expériences propres utilisant ces bactéries
: http://www.horacemann.pvt.k12.ny.us/academics/science/expbio/main.html

Il peut aussi être tué avec un produit chloré, les départements d'eau de la
ville le recommandent souvent quand les clients s'informent du film
rougeâtre qui peut apparaître dans les toilettes.

E. Coli, flore intestinale bien connue, est l'une des bactéries les plus
largement utilisées dans des laboratoires de Biologie. Il en existe
différentes concentrations ; certaines recevant périodiquement l'attention
des médias sont responsables de maladies transmises par la nourriture. Cette
concentration est très éloignée de celle trouvée en possession de Kurtz ;
celle qu'il détenait était une variation de la forme bénigne trouvée dans
nos estomacs et de plus blanchie en laboratoire.

Un des détails techniques sur lequel les poursuites judiciaires pourraient
se concentrer est la définition d'un agent biologique qui aurait
été-extrait-de-sa source naturelle (tenir compte que ceci soit une
spéculation). Bien que les bactéries en question soient faciles à rassembler
au cours de n'importe quel ménage, les échantillons particuliers que Kurtz
possédait avaient été "cultivés" dans un laboratoire où ils avaient été
achetés.


    Les accusations proviennent de l'ACTE PATRIOTE des Etats-Unis de 2001,
section 817 EXPANSION DE LA LOI SUR LES ARMES BIOLOGIQUES (H.R. 3162) :

" Qui possède sciemment n'importe quel agent biologique, toxine, ou encore
système d'incubation d'un type ou dans une quantité qui, dans les
circonstances actuelles, n'est pas raisonnablement justifiée par une
recherche prophylactique, protectrice, consciencieuse, ou dans un autre but
paisible, sera condamné à une amende sous ce titre, emprisonné pendant 10
ans au maximum, ou les deux ensemble. Dans cette subdivision, les termes
'd'agent biologique "et" de toxine' n'englobent pas l'agent biologique ni
toxine arrivés naturellement dans leur environnement, si l'agent biologique
ou la toxine n'ont pas été cultivés, rassemblés, ou extraits autrement de
leur source naturelle; "

S'il vous plait, pour une source excellente évaluant la déviation actuelle
de l'argent public dans la recherche des bio-armes, la défense et la
militarisation, ayant des conséquences sur le système de la santé, autant
que toute perturbation due à d'autres recherches immunologiques extrêmement
importantes, voir : " Un état de la préparation du Bio-terrorisme :
cooptation de la Santé publique ? " par Victor W. Sidel, MD; Robert M.
Gould, MD; Hillel W. Cohen, Dr PH :
http://www.ippnw.org/MGS/V7N2Sidel.html

Le Conseil pour la Responsabilité en Génétique a aussi produit et rassemblé
beaucoup de papiers sur le sujet :
http://www.gene-watch.org/programs/biowarfare.html
Voir en particulier leur page web sur la Biiodefense à l'Université de
Boston :
http://www.gene-watch.org/bubiodefense/pages/resources.html


    Les implications des charges courantes contre Kurtz montrent, à
l'évidence, qu'il serait illégal pour un citoyen de posséder du matériel
généralement utilisé en recherche dans des institutions légitimes, où que ce
soit. Si nous permettons au gouvernement d'appeler cela « terrorisme », les
effets se feront sentir non seulement pour les artistes, les universitaires,
les scientifiques, les amateurs et les chercheurs de toutes sortes, mais ils
renforceront le malaise déjà ressenti dans la recherche scientifique
institutionnelle.

    Le cas du chercheur dans les maladies infectieuses fortement respecté,
le docteur Thomas Butler* (voir note en fin de page), a déjà démontré à tous
les scientifiques les effets délétères de la persécution, injuste et
disproportionnée, à l'encontre des chercheurs. Pour citer une déclaration
des quatre lauréats Nobel qui apportèrent leur soutien au docteur Butler :
"la détermination de reconnaître coupable le docteur Butler et de le mettre
en prison, envoie un message fort à la communauté scientifique, et allant à
l'encontre des meilleurs intérêts de notre pays et de la recherche
scientifique. Le message dit : cet homme de 62 ans, qui a volontairement
rapporté le matériel disparu et a coopéré avec les enquêteurs fédéraux, est
maintenant récompensé d'une carrière ruinée et d'un coût personnel dont lui
et sa famille ne se remettront jamais. Le message dit que les scientifiques
les plus impliqués dans la recherche concernant le bio-terrorisme ont plus
de probabilité d'être victimes d'attaques punitives agies par les autorités
fédérales. Nous nous inquiétons que le résultat soit le reniement
d'engagements instamment néccessaires dans ce type de recherche. »


    Dans un temps où il n'y a aucune autorité publique désirant protéger et
informer les citoyens contre les intérêts commerciaux (dans le cas de
l'agriculture transgénique), quand des millions de dollars publics sont
déviés vers une militarisation de la recherche de la santé publique, l'art
devient une place où les questions comprises et discutées sont apportées à
la lumière du public. Beaucoup d'artistes se forment actuellement dans les
sciences et les méthodes technologiques pour mieux informer les spectateurs
des processus affectant leur santé, leurs choix et leurs vies.

Ces artistes ne se prennent pas pour des scientifiques, mais ils exécutent
"la recherche consciencieuse prophylactique, protectrice, "vers l'éducation"
ou d'autres buts paisibles" (comme exposé par H.R.3162 et conformément aux
dispositions desquelles il est légal et permis pour
un citoyen de posséder des agents biologiques).


Traduction intégrale
par http://www.criticalsecret.com




Référence Française : Veille CNRS
Centre national de la Recherche Scientifique
http://veille-srv.inist.fr/~Spip_Bioterrorisme/article.php3?id_article=23/


Sur le Critical Art Ensemble : http://www.critical-art.net/
Liste suivant cette affaire http://groups.yahoo.com/group/CAE_Defense

_____________
Note:

* Le 3 novembre 2003, ouverture du procès de Thomas Butler
http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=2978/
Paru le Mardi 04 Novembre 2003


International/Editorial
Bioterrorisme à l'Université

par MANUEL GRANDJEAN



    Qui veut la peau de Thomas Butler ? Le procès de ce savant de la Texas
Tech University (TTU) s'est ouvert hier aux Etats-Unis. Il risque une amende
de 17 millions de dollars et 469 années de prison. Son crime présumé: avoir
importé illégalement de Tanzanie des souches de la bactérie de la peste,
maladie dont il est l'un des spécialistes. Mais les échantillons ont été
volés ou détruits, selon les dires contradictoires de l'accusé. La
communauté scientifique a protesté contre des charges qu'elle juge
manifestement disproportionnées. Si le gouvernement des Etats-Unis voulait
faire un exemple, il ne s'y prendrait pas autrement. Dans le cadre d'une
lutte contre le bioterrorisme dopée par les attentats à l'anthrax en 2001,
la leçon à l'adresse des savants peu scrupuleux paraît clair: «On ne joue
pas avec la santé de la population.» Seulement, à y regarder de plus près,
les choses ne sont pas aussi simples.
    Le département pour lequel Thomas Butler travaillait entretient des
relations étroites avec une structure nommée Institute for Environnemental
and Human Health. Derrière ce nom plein de promesses se cache un centre de
recherche financé très majoritairement par l'armée pour ses travaux sur les
armes bactériologiques. La structure sert de cheval de Troie à l'armée pour
investir la recherche civile.
    L'organisation The Sunshine Project, une ONG qui enquête sur le
développement des armes biologiques, a ainsi trouvé dans les comptes de la
Texas Tech University la trace de contrats militaires en cours pour un
montant de 7,5 millions de dollars. Avec ses travaux sur la peste du plus
haut intérêt militaire, Thomas Butler était au centre de ce système. L'armée
était indirectement son véritable employeur.
    L'armée qui «élimine» un savant pour protéger le secret de ses
recherches, le procédé n'a rien de nouveau. L'affaire Frank Olson fournit un
précédent célèbre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce savant a
travaillé pour la CIA au développement d'armes biologiques, notamment
l'anthrax. Mais, devenu trop imprévisible, il a été assassiné par ses
employeurs en 1953.
    Le procès de Thomas Butler a donc certainement valeur d'avertissement,
mais dans un registre qui diffère de la version grand public. Entendre:
«Lorsque l'on bénéficie des largesses du Pentagone pour ses travaux, aucune
indiscrétion n'est permise et aucun faux pas toléré.»
    Il s'agit, bien sûr, étant donné l'extrême dangerosité des agents
manipulés, de ne prendre aucun risque de fuite. On sait aujourd'hui que la
souche d'anthrax utilisée pour les attentats de 2001 provenait des
laboratoires de l'armée... Mais il s'agit surtout de protéger le secret qui
entoure l'activité dans le domaine. Quelles conséquences si l'on venait à
savoir que les USA travaillent d'arrache-pied à la fabrication de nouvelles
armes de destruction massive et enfreignent allègrement la Convention sur
les armes biologiques?
    Car il ne fait pas de doute que, sous le couvert du développement de
contre-mesures contre le risque terroriste, Washington développe des moyens
offensifs. Toujours selon The Sunshine Project, les chercheurs étasuniens
sont ainsi en passe de recréer en laboratoire le virus de la grippe
espagnole, une maladie virulente qui a tué plus de 20 millions de personnes
en 1918.
    Le procès Butler n'est pas seulement celui d'un savant distrait et peu
rigoureux. C'est celui d'un Etat qui ment à ses citoyens, prétendant les
protéger en créant des armes incontrôlables. C'est celui d'une communauté
scientifique qui se fait complice de ce projet insensé.


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