clemos on Thu, 20 Sep 2007 09:45:13 +0200 (CEST)


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Re: [nettime-fr] web 2.0 et success story bidon


On 9/17/07, loz from provisoire <listo@provisoire.com> wrote:
> Je ne vais pas en rajouter une couche sur la question car il est évident
> que cette nouvelle bulle internet va comme les précédentes éclater en
> sanglots (les sanglots de petites fourmis arnaquées). J'éprouve la plus
> grande satisfaction de voir enfin les critiques prendre le dessus sur
> les éloges hébétées de ces dernières années à propos du web 2.0, la
> baudruche se dégonfle et c'est bien.

je déplore le fait que cette "critique" s'arrete au web 2.0, et
qu'elle oppose deux web qui finalement ne font qu'un.
le problème avec le web 2.0, c'est qu'on ne peut ni le boycotter, ni
le refuser, ni, probablement, le combattre, puisque, on le voit, même
le reste du web est "évalué" à travers son prisme: les sites à
l'ancienne prennent du pagerank en étant bookmarqués sur delicious, en
étant diggés, trackbackés, etc. le web en général (le 1.x ou
whatever), dont l'interface privilégiée est Google, se
web-deux-point-zéro-ise, et je pense que cette tendance lourde ne peut
se "dégonfler".

> Cela montre bien que le suivisme ne mène à rien et que tous les neuneux
> qui se sont engouffrés dans le blogisme à deux balles n'ont rien tiré de
> leur enthousiasme béat, à part peut être une impression d'avoir
> contribué à enrichir une bande d'escrocs oubliant de leur reverser les
> dividendes. Les blogueurs ont bossé gratis et n'auront même pas la
> reconnaissance de leur générosité, c'est triste et ça ressemble à une
> méga instrumentalisation.

le mépris que tu affiches pour ces bloggeurs qui choisissent d'ECRIRE
au lieu de trifouiller des CMS mal écrits m'époustoufle par son
pathétique. ton but dans la vie est peut être de t'enrichir en
"recevant des dividendes" en échange de tes inestimables petits états
d'ames, mais ça n'est pas le cas de tout le monde, et il faut savoir
que pour certaines personnes qu'on nomme "écrivains", l'objectif se
résume à la nécéssité d'ecrire et d'être lus _à tout prix_.

> En effet, tout ça parce que c'était trop dur d'écrire quelques lignes de
> code ou de mixer quelques modestes scripts réalisés par des copains,
> peur de mouiller la chemise, peur de mettre la main dans le camboui...
> tant de peurs pour finalement se jeter dans la gueule du loup et
> s'abimer dans le grand néant e-spacien.

je pense au contraire que ce sont les anti-web2.0 qui ont _peur_ de se
perdre dans ce magma.
c'est que leur ego ne supporterait pas l'indifférence prévisible que
susciteraient leurs contenus, ou qu'au contraire, un succès trop franc
leur interdirait de continuer à jouer les rebelles minoritaires, les
victimes du grand méchant capital.
la même chose se joue dans le show-business quand, pour jouer les
contestataires, les Sanseverino ou les Bénabar refusent fièrement de
faire la StarAc, soi disant parce que c'est de la merde, mais plus
vraisemblablement pour cacher à leurs friends (et à eux mêmes) qu'au
final, cette "merde" est en tous points comparable à la leur, que le
public est le même qu'à leurs concerts, ou pour s'éviter l'humiliation
de chanter avec des candidats parfois mieux inspirés qu'eux.

les critiques hystériques et irrationnelles que vous proférez à
l'encontre du grand méchant 2.0 témoignent de votre propre angoisse.

> Je veux bien être cool et
> admettre les difficultés techniques que la réalisation d'un site
> entraine mais je ne peux pas accepter qu'on fasse, du "renoncement" à
> l'indépendance technique et à la liberté de diffusion, le nouveau crédo
> cybernétique !

ce n'est pas du "renoncement", c'est un constat d'_inégalité_ exempt
d'hypocrisie.
constatant cette inégalité incontestable vis à vis des outils
informatiques, il est bien évident que la "liberté de diffusion" a été
davantage favorisée par l'apparition de moteurs de blogs gratuits que
par la promotion et l'initiation aux techniques informatiques (a
fortiori open source!), qui restent marginales. (bigup à ThTh mon best
Friend de myspace).
je répète aussi que l'indépendance technique n'existe pas sur
internet, par définition. le fait d'avoir son propre hébergement
implique la dépendance à la plate forme technique qui vous la loue. le
fait d'avoir son serveur à la maison implique la dépendance à son FAI.
internet existe grâce aux serveurs et aux cables des sociétés de
télécommunications.
il y a probablement là une confusion entre "indépendance technique"
(impossible, dans quelque média que ce soit, d'ailleurs, le média
étant fondamentalement un support physique que le créateur ne maitrise
pas, sauf à éditer un fanzine ou à jouer en public...) et
"indépendance intellectuelle" (liberté de pensée et d'expression dont
les caractéristiques fondamentales restent à définir...).
et je pense que la menace qui pèse sur l "indépendance intellectuelle"
n'est pas une "censure" "à l'ancienne" qui viendrait d'en "haut", mais
plutot une prolifération volontaire de la médiocrité, qui vient
essentiellement du "bas", même si on peut dire qu'elle est exploitée,
encouragée par ces sites, et qu'elle trouve son origine dans une
certaine défaite de l'école, de la pensée, de l'art, ... de la
société, en somme.
c'est bien un espace "intellectuel" laissé vide et abandonné que ces
sites ont annexé et sur lesquels ils prospèrent.

d'autre part, les chantres de la "démocratisation" d'internet et de
l'informatique se sont fait doubler sur leur propre terrain par les
méchants gros bonnets capitalistes, par manque de lucidité.
pas la peine de tenter de se dédouaner en criant au grand complot ou en fuyant.
nous sommes _tous_ responsables de cet état de fait, de cet échec, _en
particulier_ ceux qui ont cru que donner des logiciels
incompréhensibles mais gratuits et customisables (à condition d'être
ingénieur...) suffisait à _éduquer_ ou à _libérer_ les gens, ceux qui
n'ont vu dans le développement d'internet qu'un vecteur miraculeux
d'émancipation massive quand il était promis, tout naturellement, à
devenir la fosse sceptique du monde, l'exceptionnel catalyseur des
crimes les plus abominables, de la pédophilie au terrorisme, ceux qui
militent pour une soi-disant "indépendance" d'internet, ce qui revient
à en faire une zone de non-droit et d'anarchie vouée à une entropie
inéluctable.
mais là je dépasse un peu notre petit sujet.

> Faut pas pousser quand même, ici sur cette liste nous sommes loin d'être
> des manchots du ftp, alors n'allons pas hurler avec les neuneux notre
> répulsion pour la science informatique.

nous sommes justement pour la plupart des professionnels!
les gens non-initiés ne sont pas des "neuneux", ce sont simplement des
gens qui, contrairement à nous, ne passent pas leur vie devant un
écran, ne prennent aucun plaisir à bidouiller, à "hacker", à monitorer
leur serveur apache, ou à débugger des requetes de bases de données.
et c'est tout à fait normal, puisqu'ils ont parfois autre chose à
faire (exemple: avoir une vie sociale).
avoir eu un ordinateur très jeune, avoir évolué dans un milieu social
propice à l'échange avec des personnes initiées, avoir eu le temps et
le matériel nécessaires à cet apprentissage, sans parler de l'envie,
des prédispositions, et du hasard des rencontres, tout ça fait de moi
un _privilégié_, et m'interdit donc toute fierté disproportionnée.
d'autres auront préféré lire des livres, dessiner, faire du sport ou
apprendre la musique, ce qui fait probablement d'eux des êtres
inférieurs, et potentiellement réactionnaires: des "neuneux".
un peu d'humilité svp.

je suis personnellement ravi de vivre dans un monde ou certains ne
savent que trifouiller des computeurs quand d'autres ne savent
qu'écrire des histoires, ou jouer de la guitare, et essayent de tendre
à ne faire que ça pour mon plus grand plaisir.
ce que tu prône là, c'est une forme d'élitisme ou la _légitimité_ à
s'exprimer s'acquiert en apprenant l'HTML (et ou, par ta maitrise à
toi, loz, tu as logiquement le plus de légitimité à t'exprimer...).
selon moi, elle s'acquiert en apprenant à réfléchir et à s'exprimer
dans un verbe intelligible, point barre.
le jour ou l'éducation nationale apprendra à chacun à maitriser le web
au collège comme on apprend à lire et à écrire à l'école (pourquoi
pas? qui milite pour cela?), on pourra postuler une certaine égalité
de chacun face à la technologie. mais en attendant, traiter _tous_ les
gens non-initiés, qui ont besoin de services d'hébergement simples, de
"neuneus", ça frise le totalitarisme.
(car l'année prochaine, les "neuneus" seront les gens incapables de
configurer un serveur perso - en l'ayant evidemment monté soi même
pièce par pièce -, puis l'année d'après, les "neuneus" seront ceux qui
sont incapables d'installer Mobutu-Linux, rha les nazes, etc etc ...
et nous serons, logiquement, dans quelques années, nous, les être
supérieurs, les *maitres du monde*, mais aussi les soldats valeureux
de la bienpensance égalitaire open source)

(en revanche et comme on me l'a reproché, je considère effectivement
qu'un internaute qui coche "j'accepte les termes..." dans un
formulaire et qui pleurniche ensuite parce que sa vidéo a été
supprimée au nom du respect de ces termes est un "neuneu", en vertu de
l'égalité supposée de chacun vis à vis de l'apprentissage de la
lecture et de la compréhension de texte... (bien qu'il y aurait
beaucoup à dire à ce sujet, depuis les résultats médiocres de l'école
française en la matière jusqu'à la lamentable nécessité pour un
immigré d'apprendre le français dans son pays d'origine: deux effets
directs d'une même démission de feu l'Education Nationale et de la
faillite intellectuelle de ses idéologues) )

+++++++
clément

 
 
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