y.le guennec on Sat, 5 Apr 2008 19:14:33 +0200 (CEST)


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Re: [nettime-fr] "Holy Fire, Art of the Digital Age", Bruxelles, 18-30 avril


Yves Bernard a écrit :


Le plus curieux dans cette histoire, c'est qu'en adoptant certains standards formels de l'art contemporain pour intégrer le marché de l'art existant, les pratiques numériques présentées dans cette expo se re-materialisent dans des objets (digital print on canvas, etc...), complètement à l'inverse des produits financiers excessivement abstraits qui circulent sur les marchés de capitaux. Ce mouvement de re-matérialisation des formes de l'art me semble manquer cruellement d'imagination, là ou on l'on pourrait attendre de pratiques artistiques contemporaines, numériques, immatérielles et distribuées à l'origine, qu'elles proposent de nouveaux modes d'échanges de la valeur et fasse ainsi évoluer le marché de l'art lui-même. Pour l'heure, l'opération ressemble à une soumission régressive, une triste stérilisation.

cette re-matérialisation ouvre au contraire beaucoup de possibilités et n'a rien à voir avec une régression: - elle permet aux artistes du net art de trouver une audience plus grande à leur travail, dans des sphères qui ne sont pas celles spécialisées du milieu du réseau;

l'art est-il un problème de taille d'audience ? je crois que c'est plutôt le problème de la publicité à la télévision.

- elle ne signifie pas que les propos en seront moins critiques ou d'avant-garde;

personnellement, je ne crois pas à la dimension critique des travaux en question. lire à ce propos:
http://www.web2bretagne.org/wiki/ContributionRevueTerminal

ce changement de support n'entraîne en rien une régression ou soumission, mais permet d'infiltrer d'autres contextes et environnements.

Ce n'est pas un problème de changement de support. Ce qui est intéressant dans l'art numérique en réseau, c'est sa capacité à exister globalement en dehors des systèmes de reconnaissance institués, et plutôt que de développer cette potentialité et ainsi réellement étendre le champ de l'art et diversifier ses marchés, certains font le choix de se réfugier sous les systèmes de reconnaissance et de valorisation existants, c'est en ce sens que je parle de régression et de soumission, de manque d'imagination.

Par exemple, le fait qu'un projet comme Amazon Noir se
retrouve exposé en version galerie (sous formes d'objets matériels) diminue-t'il sa force critique? (bien sûr il y aura toujours des artistes qui seront 'corrompus' par le marché des objets...)
- la re-matérialisation n'entraîne pas l'abandon des formes immatérielles
- elle ouvre de nouvelles formes qui font partie d'une évolution plus générale de la fusion entre monde internet et monde physique, où de plus en plus les activités des réseaux seront tangibles dans l'espace construit, urbain et inversément... cela permet d'autres types d'interactions, de débats, de participation, d'échanges.... en dehors de l'espace privé de la consultation individuelle sur écran.

C'est un fait, l'évolution passionnante vers l'internet des objets , l'IPV6, etc... mais ce n'est pas le problème ici, ou les objets proposés existent en relation avec une intention, celle de se conformer à des standards formels compatible avec l'état du marché de l'art.


Certains artistes du net ont très bien compris que le contexte technologique, culturel a bien changé entre les début du net art il y a plus de 10 ans et maintenant.

certains artistes ont surtout bien compris comment formater une offre par rapport à une demande. c'est un problème intéressant pour le commerce, pas pour l'art.

je ne peux que vous renvoyer à la partie débats du site, et à sa version anglaise, voir par ex. le texte d'Olia Lialina sur
http://www.imal.org/HolyFire/en/?p=114

quelle puissance critique ! quelle vision de l'art !

ou encore à ce texte de Patrick Lichty (Yes Men) qui sera le modérateur du débat que nous organisons le 19 avril dans Art Brussels (oui au beau milieu de ces affreux capitalistes de l'art) :
http://post.thing.net/node/1990

là ça me parait un peu nébuleux (si quelqu'un veut proposer une VF, ça pourrait aider, il y a sans doute des subtilités qui m'échappent).


Surtout, que les choses soient claires, je ne suis pas en train de critiquer le capitalisme, ou la volonté des artistes et des médiateurs de gagner de l'argent avec leur travail. Mais on peut être capitaliste, et ne pas pour autant chercher à faire de l'art un star system fondé sur l'imposture et le buzz à grande échelle, là je pense aux oeuvres de Koons comme figures symptomatiques de l'état du marché que vous visez.

Ce que je critique, c'est le manque d'ambition et d'imagination pour des pratiques qui ont d'autres voies à explorer que la soumission à l'existant. Réinventer le marché de l'art, ses valeurs, ses objets et ses protocoles, voilà ou devrait être l'ambition, plutôt que de transformer encore une fois le plomb en merde (de Manzoni).


++



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