Aliette Guibert-Certhoux on Sat, 25 Aug 2012 12:29:55 +0200 (CEST) |
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Au cristal, aux ballons de feu ! L’hommage de La RdR à Ray Bradbury -- et son dernier essai inédit en français Rosebud - Hommage à Ray Bradbury L’ironie symbolique de la planète Mars, sur laquelle en cette fin de mois d’août nous débarquons enfin en réalité augmentée, nous place au cœur d’un hommage à Ray Bradbury, parti pour toujours à l’aube du même été. Je ne sais pas si la mort de Ray Bradbury à 91 ans intervint simplement et rapidement le 5 juin 2012, ou au terme d’une longue agonie. Comme dans son enfance il avait du mal à libérer les petites lanternes en forme de montgolfières chauffées, prêtes à s’élever, avec la passion desquelles il dévora les premières bandes dessinées de science fiction américaines qui tombèrent sous ses mains peu de temps après, laissées par les pensionnaires de sa grand-mère, de même on ne peut libérer de penser qu’il ait souffert, on ne veut pas qu’il ait souffert, parce qu’au-delà de son temps de vivre nous voulons que Ray Bradbury poursuive de nous fasciner, tel qu’en ballon de feu il est devenu lui-même maintenant que son corps n’est plus, à l’égal des martiens désincarnés de sa nouvelle. Et l’on se dit que si jamais il partît lentement cela ne pût être qu’une montée d’exaltation, un décollage émerveillé, le retour vers la pelouse depuis laquelle il s’adonnait au rituel des montgolfières avec son grand père, et le rejoignant au-delà par le véhicule du dernier rêve... ingratitude du lecteur à l’adresse de l’auteur qui dut peut-être lutter atrocement au moment de s’arracher à la terre pour toujours. Ainsi peut-on se consoler faiblement de la perte d’un des premiers grands écrivains de science fiction qui marqua la dernière moitié du XXe siècle, celui à l’instar de la jeunesse de François Truffaut qui put bercer la nôtre, promptement traduit en français à l’époque où la science fiction anglophone, comme le jazz et le polar, connaissaient singulièrement des amateurs de premier ordre partagés parmi les différentes couches sociales de ce pays, qui participaient à faire les références. Ce pays où nous vivons autrement aujourd’hui. La première édition américaine du recueil des Chroniques martiennes, auquel l’auteur réfère, daterait de 1951, quand la première édition française parut en 1955, sans Les ballons de feu. Le texte qui suit a été publié une première fois le 24 mai 2012 dans The New Yorker, qui l’a re-publié le 4 juin, la veille du « départ pour de bon » de Ray. Il n’y a pas de copyright spécifique indiqué à la fin du texte, cadré par le journal sous copyright qui le publie mais en partage, peut-être parce que le message chaleureux qu’il nous transmet, sur la précarité de la vie et l’aspect de notre monde, et par quoi nous trouvons le courage d’assumer la condition humaine, c’est la puissance de l’imagination, l’illusion (non les illusions), le dispositif poétique par lequel nous parvenons à créer aussi bien qu’à produire désenchaînés. D’où que nous voulions briser nos chaînes et que nous résistions à la prédation... Peut-être parce qu’il nous transmet un message universel irremplaçable sur l’enfance et la succession des générations qui l’entourent, et sur l’éducation... Dans un monde qui désespère de l’avenir, où l’on ne calme plus les enfants rendus hyperactifs par l’environnement ludique consumériste, ou par le stress de leur famille, qu’avec la Ritaline généralement prescrite par des psychothérapeutes, pour rassurer les parents éperdus plutôt que les aider à supporter les petits génies potentiels parmi leur propre progéniture, par exemple en laissant les grand pères produire l’émerveillement des ballons de feu ; que sont devenus les grand-pères ? S’ils ne sont riches, où sont les Papi d’aujourd’hui, sinon retirés de la société dans des hôpitaux misérables depuis lesquels ils ne peuvent plus transmettre la passion de vivre malgré la conscience de la mort, puisqu’ils ne se sont pas suicidés ? Ils sont là pour disparaître loin de la vue du monde (le plus vite étant le mieux dans ce cas, considèrent le cadre hospitalier et les proches, sujets égaux devant l’utilitarisme économique. On présente toujours les anciens comme des personnes ne pouvant plus qu’attendre qu’il leur soit apporté. Pourtant, ne serait-ce que transmettre le savoir-faire d’un détail générationnel singulier, pertinent ou excellent, des souvenirs, du mode de vie ou du métier, quelle que soit la condition sociale, c’est transmettre un savoir magique. Pour ces phrases vibrantes, trésor incandescent de l’envoi du dernier mot de Ray Bradbury adressé au public... Merci. Je pense aussi aux Pussy Riot et à Julian Assange, lesquels chacun à leur manière ont gardé la ferveur de croire important de poursuivre publiquement d’envoyer les ballons de feu... La traductrice ---- Lire en ligne EMMÈNE-MOI À LA MAISON par Ray Bradbury et l'ensemble du dossier référent http://www.larevuedesressources.org/emmene-moi-a-la-maison,2382.html A. G. C. -- Animatrice, éditorialiste, directrice des éditions http://www.criticalsecret.com http://www.criticalsecret.net http://www.criticalsecret.org Podcast thématique http://www.criticalsecret.com/n15/index.php Auteur et partenaire éditorial http://www.larevuedesressources.org _______________________________________________ Nettime-fr mailing list http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr