Patrice Riemens on Wed, 25 Jun 2008 14:05:48 +0200 (CEST)


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[Nettime-nl] Schiphol asielzoekers gevangenis achtige toestanden in Frankrijk...



... waar het grootste detentiecentrum laatste week-einde afgebrand is, met
een dode tot gevolg. Voor degenen die Frans lezen..

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Subject: [multitudes-infos] [infozone_l] Comme une prison qui brûle...
From:    "videcoq.emmanuel" <videcoq.emmanuel@neuf.fr>
Date:    Wed, June 25, 2008 12:26
To:      "Liste Multitudes-infos" <multitudes-infos@samizdat.net>
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Comme une prison qui brûle...

La révolte du dimanche 22 juin à Vincennes a laissé le plus grand
centre de rétention administrative français en ruine. Le coup porté à
la machine à expulser est loin d?être négligeable.

On sait depuis longtemps que toute politique de déportation
correctement planifiée par l?Etat se doit de maîtriser chacune des
étapes d?un processus complexe, et que la faillite d?une seule d?entre
elle affecte l?efficacité de la totalité. Les rafles, et, à l?autre
bout de la chaîne, les expulsions sont rendues plus difficiles si la
police ne possède pas la capacité d?enfermer un nombre suffisant de
clandestins entre les deux. Or, ce sont 280 places qui vont manquer
dans les mois à venir...

Cet incendie « criminel », comme l?affirme Claire Chazal sur TF1, tant
il est vrai que toute révolte est criminelle aux yeux de l?Etat et de
ses journalistes, a donc été provoqué par les retenus à la suite de la
mort dans le centre, la veille, d?un homme âgé de 41 ans. La
préfecture s?est empressée de déclarer que l?autopsie écartait la
présence de « traces anormales » sur le cadavre : sous-entendu, qu?il
n?est pas mort tabassé. Ce n?est pas pour autant que la police n?est
pas responsable de cette mort. Voici, selon le témoignage d?un retenu
donné par téléphone, comment les faits se sont déroulés samedi soir.

« Le monsieur qui est mort hier dans le centre n'était pas cardiaque.
Avant de rentrer au centre il prenait déjà des médicaments tous les
jours, il avait une ordonnance du médecin (...) Il demandait des
médicaments et on voulait pas lui en donner, l'infirmière lui donnait
pas sa dose, il demandait à d'autres retenus d'aller à l'infirmerie
pour demander sa dose. (...) La veille du jour où il est mort, il
tremblait beaucoup, il savait pas pourquoi, il se sentait malade. Peu
de temps avant de mourir, il a décidé de faire une sieste et a demandé
à son copain russe de le réveiller pour qu'il puisse aller à
l'infirmerie qui ouvre à 15 h 00. Son copain est venu une première
fois, il a essayé de le réveiller, son visage était tourné vers le
mur, on voyait pas très bien. Il a cru qu'il dormait profondément et
il a préféré le laisser dormir. Dix minutes après il est revenu, ça
s'est passé pareil. Du coup il est allé chercher un autre retenu, et
tous les deux ils ont essayé de le réveiller, ils lui ont tourné la
tête, il avait du sang sur le nez et la bouche, il était bleu
turquoise, il était tout dur, tout raide, froid. Ils ont crié au
secours, tout le monde est venu. La police a essayé d'évacuer le lieu,
les retenus exigeaient de savoir ce qui se passait. Panique totale.
Les policiers ont demandé des renforts, ils sont venus avec des
boucliers, ils ont tapé les gens dans le couloir, nous on a pas
répondu (de toute façon y a pas de pierres dans le couloir avec
lesquelles on aurait pu répondre), on a quand même été gazés. (...)
Aux va-et-vient des policiers et des pompiers on a compris qu'ils
n'avaient pas pu le sauver. J'ai demandé au chef permanent, il m'a dit
que le monsieur était dans un état critique, mais qu'il était en vie.
Il n'a pas voulu nous dire qu'il était mort pour ne pas avoir des
représailles. Le chef de rétention (il était en civil) essayait de
téléphoner mais comme il y a un problème de réseau dans le bâtiment,
il est sorti dans la cour pour téléphoner. Je suis allé le voir, je
lui demandé de m'accorder deux minutes, il a dit oui. On voulait
savoir l'état de santé du retenu, il m'a sorti le même refrain comme
quoi son état était critique, mais qu'il était en vie. Je suis resté
sceptique. (...) De l'autre côté, du côté de la porte 3, la population
s'est agitée, les policiers ont pris un retenu qui était très agité,
la population s'est alors encore plus énervée, du coup la police a
relâché le retenu. Quand ils ont sorti le mort avec le Samu et les
pompiers, j'ai encore parlé avec le chef qui me disait encore qu'il
était vivant. Et puis on nous a dit qu'il était mort à l'hôpital. »

Dès le samedi soir, l?agitation dans les CR1 et 2 (la capacité d?un
centre étant limitée théoriquement à 150 places, on a divisé celui de
Vincennes en deux pour adapter la réalité à la réglementation) avait
conduit à des départs de feu (deux cellules brûlées) et à l?usage des
lacrymos contre les retenus qui restent dans la cour une partie de la
nuit.
Le dimanche dans l?après-midi, la révolte gronde à nouveau : cris,
mise à sac des cellules et finalement plusieurs départs de feu dans
les deux bâtiments. Une manifestation a lieu en même temps, à partir
de 15 heures, à l?extérieur du centre. Voici le témoignage d?un
manifestant.

« Vers 15h10, des clameurs ont retenti de l'intérieur du camp et, peu
de temps après, des volutes de fumée ont commencé à s'élever au dessus
des murs. Un policier, se présentant comme responsable du camp, est
venu pour avertir que les visites étaient interrompues pour la
journée. Rapidement une quinzaine de CRS en tenue d'intervention,
casqués et munis de boucliers, jusque là à l'extérieur pour contenir
d'éventuels manifestants, sont entrés en courant dans le centre. Nous
sentions les lacrymogènes à l'extérieur des murs alors que nous
entendions des détonations venant de l'intérieur. Des véhicules de
pompiers ont suivi ; il était environ 15 h 45, vingt à trente minutes
après le départ d'incendie. De toute évidence, c'était la panique dans
le centre : la police ne maîtrisait plus rien.
Dans le même temps, le rassemblement s'est déplacé sur le parking
situé au pied des bâtiments en feu : environ 200 personnes rassemblées
criaient "libérez les sans papier !". Les deux bâtiments 1 et 2
étaient en proie à plusieurs départs d'incendie violent (au moins deux
par bâtiment) que les pompiers, avec leur quinzaine de véhicules
d'intervention, n'ont pas réussi à maîtriser. Un hélicoptère du Samu
nous a survolés plusieurs fois. Vers 16 h 30, les toits commençaient à
s'écrouler. Quelques échauffourées ont opposé les manifestants
rassemblés aux "forces de l'ordre", quelques coups de matraques,
quelques jets de lacrymogène. C'était un désordre absolu : les
véhicules de pompiers et du Samu se mêlaient aux voitures des gens
venus passer leur dimanche dans le bois de Vincennes, aux manifestants
et aux promeneurs à pied ou en vélo ».

Il est certain que la révolte à l?intérieur du centre est celle des
retenus : que, déclenchée à la suite d?une mort de trop, elle a pour
cause non seulement la protestation contre les « conditions » de la
rétention mais aussi contre la rétention elle-même. Il est certain
également que la mobilisation entretenue depuis de longs mois contre
les centres de rétention, qui s?ajoute à celle contre les rafles et
les reconduites à la frontière, et les nombreux appels et actes en vue
de saboter la machine à expulsion n?ont pu qu?encourager la révolte à
l?intérieur. On sait depuis longtemps que la présence de gens devant
une prison peut donner à ceux qui sont dedans le courage de s?opposer
à la violence d?Etat avec les moyens dont ils disposent. On ne
manquera pas, donc, de tenir comme un hommage appuyé à cette
mobilisation les accusations lancées par la droite et les
syndicalistes flics. Ainsi, selon Luc Poignant, du SGP-FO, la
manifestation à l?extérieur a « échauffé les esprits » (et les
matelas, aurait-il pu ajouter). Quand à Frédéric Lefebvre, porte
parole de l?UMP, il appelle tout simplement à la répression « contre
les collectifs qui se livrent à ce type d?action (les manifs) à
proximité de lieux où ils n?ont absolument rien à faire ».

Ses petits copains du gouvernement n?ont cependant pas attendu les
discours de Lefèvre pour lancer la répression contre ceux qui veulent
agir devant les centres de rétention. On rappellera donc qu?en janvier
dernier trois personnes ont été arrêtées et deux jetées en prison
parce qu?elle se rendaient à une manifestation devant le CRA de
Vincennes munies de fumigènes et de clous destinés aux véhicules de
police. Saisie alors d?un délire antiterroriste, la justice s?est
également jetée sur trois autres personnes accusées elles aussi de
vouloir s?en prendre à des prisons et à des véhicules de police. Deux
demeurent incarcérées à ce jour, les autres sont sous contrôle
judiciaire. La lutte contre les centre de rétention et contre tout
enfermement est également la lutte pour Ivan, Damien, Bruno, Isa,
Farid et Juan, tout comme la lutte pour ces six personnes est aussi la
lutte pour tous.


http://www.leondemattis.net/?2008/06/23/55-comme-une-prison-qui-brule

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