Patrice Riemens on Tue, 19 Jul 2011 16:57:57 +0200 (CEST)


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[Nettime-nl] Amsterdam en lutte contre les squats (Le Monde)


En nu een beetje Frans in nettime-nl, 'pour changer' ;-)

NB Nog een geluk dat wij in Amsterdam 'kalme en besliste' officieren van
politie hebben die hun verklaringen afsluiten met 'period'. Dat zal zeker
van pas komen als er straks doden vallen ...

...................................................

oorspr:
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/07/18/amsterdam-en-lutte-contre-les-squats_1550043_3214.html
(http://bit.ly/pOQKG8)

Amsterdam en lutte contre les squats
(Lettre du Benelux)

L'Unité mobile était présente en force, hommes et femmes de grande taille
en tenue de combat, casque intégral sur la tête, matraque au poing et
revolver à la hanche. Ils ont affronté quelques jets de pierres, de
bouteilles et de peinture. Ils ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et
des jets de canons à eau qui ont eu vite raison des frêles barricades et
des téméraires qui tentaient d'entraver le passage des fourgons.

A 50 mètres de là, sur le Passeerdersgracht, au coeur d'Amsterdam, des
jeunes filles portant de jolies robes blanches de mariée étaient venues
soutenir, sur le mode ludique, les personnes visées par cette opération
policière très médiatisée. A savoir l'évacuation des locataires d'un
bâtiment désaffecté, membres du collectif artistique Schijnheilig,
"krakers" parmi les plus célèbres de la ville et lointains héritiers d'un
courant qui révolutionna les Pays-Bas dans les années 1970. A l'époque, le
mouvement organisa un peu partout des occupations d'immeubles et développa
une version très néerlandaise du grand mouvement de protestation mondial
de la jeunesse de l'époque.

L'étonnante confrontation d'Amsterdam, au début du mois de juillet,
illustre de manière parfaite l'évolution d'un pays passé d'une douce
euphorie à un raidissement généralisé. Les sympathisantes des squatteurs
eurent beau crier et gesticuler en agitant de petites poupées en plastique
- pour dénoncer, expliquaient-elles, les policiers qui ne seraient que des
"marionnettes sans cerveau" -, le lieu a été nettoyé en quelques dizaines
de minutes. Les marteaux hydrauliques ont fait sauter les serrures, et
tous les occupants du Schijnheilig ont été traînés, menottés et embarqués.
Bobos trentenaires, garçons portant des dreadlocks, punkettes aux collants
troués, anars, autonomes encapuchonnés : tous ont tenté, en vain, de faire
un sit-in, et une jeune femme a même sauté dans le canal.

Calme et déterminé, un officier de police a résumé le bilan : 140
occupants du squat et des sympathisants arrêtés, pas de blessé. Point
barre.

Le lendemain, les journaux expliquaient que beaucoup des occupants de
Schijnheilig avaient refusé d'indiquer leur identité, mais que 52 d'entre
eux avaient été transférés vers le service des étrangers, susceptible de
les détenir au-delà du délai légal (deux fois six heures) prévu par la
procédure néerlandaise. "Une manière de les mettre sous pression", a
commenté un avocat. La plupart des personnes arrêtées semblaient, en
effet, capables de fredonner parfaitement Sinterklaas Kapoentje, la
première chanson qu'apprennent tous les bons petits Néerlandais pour
remercier le grand saint dispensateur de jouets. Mais au pays de Geert
Wilders, pour certains, les "krakers" ne sont, en réalité, rien que des
dealers de drogue étrangers.

Quelque 160 bâtiments et appartements sont encore occupés illégalement à
Amsterdam et quelques dizaines d'autres dans le reste du pays. Deux fois
rien par rapport à ce qu'avait généré le mouvement Provo en 1966 et son
prolongement, les "krakers", qui a pris sa forme définitive en 1975.

En octobre 2010, le Parlement néerlandais a voté une loi déclarant illégal
le fait d'occuper sans autorisation un bâtiment, un terrain, la caravane
résidentielle ou la péniche d'autrui. Il aura fallu plus de trente années
de procédure pour faire aboutir le processus législatif. En 1993, une
réforme du code de logement avait prévu que le squat restait possible,
mais seulement dans des lieux vides depuis plus d'un an. Ce compromis
avait eu pour effet d'affaiblir, mais pas de faire disparaître, un
mouvement qui était déjà victime de ses débats internes et se divisait
entre les partisans de l'usage de la violence contre le "système" en
général et ceux qui entendaient limiter leur champ d'action à la défense
de l'accès au logement pour les jeunes et les déshérités.

Le grand fait d'armes - et le véritable tournant - du mouvement des
krakers fut l'immense protestation du 30 avril 1980, jour du couronnement
de la reine Beatrix, à Amsterdam. La scène tourna en un gigantesque
pugilat, malgré la présence de 10 000 policiers, gendarmes et autres
militaires dans les rues. Des tireurs d'élite avaient été postés sur les
toits et l'espace aérien fermé au-dessus de la ville. Rien n'y fit : les
affrontements entre les forces de l'ordre et les révoltés firent des
centaines de blessés et causèrent des millions de florins de dégâts,
marquant un premier tournant dans la paisible histoire de l'après-guerre
du royaume.

Depuis, l'esprit des "krakers" a survécu, animant encore une certaine
protestation contre la spéculation immobilière mais surtout les partisans
d'une autre façon de vivre, de travailler et d'habiter.

A La Haye, la Villa Kabila, ancienne ambassade de la République
démocratique du Congo, est occupée par quelques artistes qui, parfois,
ouvrent les portes aux visiteurs pour un concert ou un repas. A
Maastricht, l'ancien entrepôt du Landbouwbelang, occupé depuis neuf ans,
possède une salle de danse qui peut accueillir 500 personnes et des
groupes rock renommés.

Avant d'être vidé, le Schijnheilig d'Amsterdam avait reçu la visite du
Volkskrant, et le journal a raconté comment le mouvement local, dirigé par
un thésard de 29 ans, passionné par l'oeuvre de Calvin, entendait
promouvoir l'art expérimental. "Dans le climat politique actuel, c'est
déjà un geste politique", déclarait-il. Bien vu, jeune homme.

stroobants@lemonde.fr
Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 19.07.11

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