Antoine Moreau on 19 Jan 2001 18:26:04 -0000


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[nettime-fr] Nous sommes tous auteurs de la société.



Nous sommes tous auteurs de la société.

Si l'on comprend bien les intentions de Madame la Ministre de la
Culture, taxer les supports où les oeuvres de l'esprit se matérialisent
rendrait justice aux auteurs. Cette taxe sur les cd vierges (ne parlons
plus des disques durs!...), etc, leur permettrait de vivre de leur art à
un moment où le public est jugé voleur, pirate ou contrefacteur.
Cette mesure, issue d'une politique culturelle qui tient à protéger ses
artistes se soucie-t-elle vraiment des créateurs contemporains?
Qui vit aujourd'hui décemment de l'art qu'il produit? Les artistes?
Mis à part quelques demi-dieux, créateurs de juteux profits qu'on voit à
longueur d'année dans la presse people, assurément non. Ce sont les
producteurs, les diffuseurs et autres intermédiaires entre les artistes
et le public qui récoltent le fruit financier de la production
culturelle contemporaine.

La mesure de Madame Tasca est en réalité disciplinaire:  elle entend
protéger la société contre ses auteurs et leur faire payer leur
créativité. On sait que la liberté de créer a toujours été critique vis
à vis de l'institution culturelle. L'art invente l'inconnu quand la
culture en conserve les traces.

Cette mesure a pour projet la protection d'une forteresse vide, les
"sociétés d'auteurs" fort mal nommées quand précisemment ce qui fait
acte de création se trouve alentours, à la périphérie, à l'extérieur.
Aujourd'hui, c'est la société dans son entier qui est devenue une
société d'auteurs.
Artistes, non-artistes, public, acteurs, spectateurs, vendeurs,
consommateurs, etc, nous sommes tous créateurs de la société
contemporaine. Aussi, c'est bien cette société là qui doit prendre en
compte les auteurs que nous sommes tous devenus, potentiels ou effectifs
et les protéger contre des structures prédatrices et hégémoniques.

Taxer les outils qui servent à inscrire les productions de l'esprit,
c'est faire les poches à ceux là-même qui font la culture présente et à
venir, pour remplir les bas de laine des "sociétés d'auteurs". Nous ne
comptons pas notre énergie lorsque nous créons, nous nous dépenserons
sans compter pour la reconquête de nos outils de créations.
Parce que nous sommes réellement auteurs de la société.



Antoine Moreau pour Copyleft Attitude http://copyleft.tsx.org

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