/b/u/g/ on Wed, 7 Nov 2001 10:31:30 +0100 (CET)


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[nettime-fr] La declaration du Volksbad de Munich


La déclaration du Volksbad de Munich

Nous nous sommes rencontrés au Festival make world BORDER=0 LOCATION=YES
(http://make-world.org) de Munich, les 18-19-20 et 21 octobre derniers. Les
participants venaient des différentes parties du monde, Australie, Inde,
Bangladesh, Corée, Afrique du Sud, Etats-Unis, Mexique et tous les pays de
l'Europe de la Finlande à l'Italie, de l'Espagne à l'Estonie. Nous sommes
les uns et les autres impliqués dans des expériences activistes dans les
médias, les luttes de migrants, les mouvements de mobilisation contre la
mondialisation, les nouvelles formes de protestation sociale, le web-art et
des expériences artistiques de toutes sortes.

Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à de nombreux
changements : les managers, les migrants et les  mouvements sociaux se
déplacent. Les frontières se sont décalées, dévoilées, et déplacées de
l'extérieur vers l'intérieur. De nouvelles technologies se sont
démocratisées et en retour ont démocratisé par le bas la société.

Bien que l'idéologie néolibérale ait promis la paix, la richesse et la
sécurité, la paix n'a jamais été planétaire, le bien-être n'a jamais été
pour tous, tandis que la sécurité a toujours été un trompe l'oeil. De
Seattle à Gênes, des formes créatives d'activisme et de protestation contre
l'ordre néolibéral se sont développées sur des modes différents, gagnant
l'appui de nombreux secteurs de la société, et impliquant un large spectre
politique et social. Nous nous sommes battus contre les mensonges
néo-libéraux pendant tant d'années que nous ne verserons pas de larmes pour
un système parmis les plus arrogants et les plus injustes que l'humanité ait
dû supporter.

Après le 11 septembre on nous a répété avec constance que le monde ne serait
plus jamais le même. Mais en fait rien n'a véritablement changé, et au
contraire nous devons faire face à un danger sérieux. Face à l'immense défi
que constitue  la terreur, le mouvement des mouvements est menacé d'une
régression au stade de la « protestation morale » marginale. Le caractère
ouvert des mouvements est mis en danger par la vacuité d'une réponse fondée
sur la panique.

La terreur ne doit pas gouverner l'esprit de la société. Nous ne devons pas
intérioriser la paranoïa. Nous avons besoin de davantage de liberté, non de
sa réduction. Les fanatiques religieux ont déclaré une guerre sainte contre
l'humanité, parce qu'ils craignent la liberté et l'amitié, le sexe et
l'amour. Les fanatiques de l'économie ont déclaré leur propre guerre sainte
et réagissent avec le même type d'arme : les bombardements et la terreur ­
parce qu'ils flairent l'odeur de la récession économique et qu'ils craignent
la fin de la domination capitaliste. Les fanatiques religieux et les
fanatiques de l'économie sont en train de conjuguer leurs efforts pour faire
du monde un endroit diabolique où chacun serait l'ennemi de chacun, un lieu
où la terreur régirait tous les rapports sociaux.

Le pouvoir ne peut plus contrôler la complexité de la société en réseau,
donc les hommes de pouvoir s'affolent. Ne nous affolons pas avec eux. La
société en réseau est notre création et notre environnement. Dans cet
environnement, nous n'avons pas besoin du contrôle, nous n'avons pas besoin
de la sécurité. Nous avons besoin de liberté et d'amitié.

Les fanatiques veulent faire la guerre ? Laissons-les la mener, et laissons
les se détruire mutuellement ! Mais, s'il vous plaît, ne demandez pas aux
êtres humains de participer à cette mise-en-scène. Ils veulent que nous
combattions dans leur guerre sainte ; nous n'y participerons pas. Nous
transformerons cette guerre globale du fanatisme en une sécession mondiale
de l'intelligence, de la créativité et de l'amour. Nous n'accepterons pas
les règles de la guerre et nous organiserons la libre circulation des
innovations, des idées et des personnes. Nous développerons une société en
réseau sans frontières.

Nous ne sommes pas pour la guerre, nous ne sommes pas contre la guerre. Plus
que jamais nous devons organiser les luttes à l'extérieur de la guerre, à
l'extérieur de la panique organisée. L'heure est à davantage de
communication, à plus d'hybridation culturelle, à plus de villes. Nous
n'avons pas besoin d'une économie de guerre mais plutôt d'une net-économie.

Nous invitons chacun à se réunir, à se rassembler, à se connecter. Nous
appelons à des forums sociaux, à l'auto-organisation à l'extérieur de la
folie du capitalisme extrême et de ses clones fondamentalistes. Partout dans
le monde, nous avons besoin de plus d'autonomie, de plus de démocratie. Nous
n'avons besoin ni de frontières, ni de mobilisation par la conscription,
mais des vastes étendues ouvertes d'un projet commun.

Face à la militarisation de la psyché mondiale, une grande bataille est à
livrer autour des questions de droits de propriété intellectuelle, des
brevets, du travail et des bio-droits, du génome tout comme de l'émission du
gaz carbonique dans l'atmosphère. C'est une bataille pour des « sources
ouvertes », pour les logiciels et les échanges libres, la défense de la vie
privée, la cryptographie, les échanges peer-to-peer sur les réseaux. C'est
une bataille pour l'égalité des droits, pour une citoyenneté flexible, pour
des papiers  et un  revenu garantis pour tous. Les droits immatériels n'ont
pas de sens sans les droits matériels et réciproquement. La bataille pour la
liberté de l'accès pour tous doit être étendue aux deux libertés
fondamentales : la liberté de mouvement et la liberté de l'information.

Ce sont les nouvelles frontières de nos libertés, c'est l'espoir de
transformer le  monde dans sa totalité  et c'est ce qui doit être fait.
Faites le monde, pas la guerre !

Octobre 2001

Franco Berardi « Bifo » (Bologne), Yann Moulier Boutang (Paris), Florian
Schneider (Munich), Geert Lovink (Sydney), autonome a.f.r.i.k.a. gruppe,
trabajoZero (Madrid), code flow (Sofia), Valery Rey Alzaga (Denver), Kimi
Lee (Los Angeles).

Signed by: Roberto Bui (Bologna), Aris Papatheodorou (Paris), Saskia Sassen
(Chicago), Helmut Weiss (Dortmund), Giuseppe Cocco (Rio de Janeiro),
François Matheron (Paris), Gianfranco Morosato (Verona), Sandro Mezzadra
(Genoa), Eric Alliez (Vienna), Sandro Chignola (Verona), Jon Solomon
(Taiwan), Emmanuel Videcoq (Paris), Franco Barchiesi (Johannesburg), Alisa
del Ré (Pavia), Yoshihiko Ichida (Osaka), Pascal Houba (Brussels), Jùlio
Béjar (Vigo), Brian Holmes (London), Daniel G. Andùjar (Valencia), Juan
Pedro García del Campo (Madrid), Abdul-karim Mustapha (Duke, USA), César
Altamira (Buenos-Aires), Laurent Berthelot (Nantes), Richard Barbrook
(London), Christian Brutsch (Zurich), Mikhaël Elbaz (Montreal), Charles
Wolfe (Boston), Lucia Lucchesi (Italy), Gianni Cascone (Italy), Simona
Bentivogli (Italy), Franco Cascone (Italy), Annarosa Apirani (Italy), Andrea
Fumagalli (Pavia), Andrea Cusatelli, Emanuele Pistola (Cyberzone).



Version originale en anglais de cet appel : http://make-world.org
Version française publiée sur : http://infos.samizdat.net



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