Louise Desrenards on Mon, 1 Nov 2004 22:19:30 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Paris-Berlin hier et demain (3) "dérive" perso : Rectificatif et suite...


LES RENCONTRES INTERNATIONALES PARIS-BERLIN

Politiquement chaudes, il faudra en reparler, car c'est vraiment la montée
des autonomies critiques sur la violence, le conformisme et l'exclusion
réactive, qui résulte en tendance... Hier (voir plus bas *) ; quant à avant
hier, j'aimerais bien qu'une personne ayant assisté à la soirée thématique
Real Politik nous la résume ici.



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D e m a i n   m a r d i  c'est bien - encore - à La Villette.

Mercredi c'est bien - pour une seule soirée - à la cinémathèque Chaillot,
M A I S :
j'ai fait une erreur sur le programme de ce lieu, en annonçant un hommage à
Jean-Marie Straub à 19 h.

-->> En fait, Straub cadre sa carte blanche avec Danièle Huillet en présence
de Jean Narboni, le grand critique, pour présenter un film de Jean Renoir
tourné en 1943, lors de son exil aux Etats-Unis : "This land is mine".

La seconde partie de la soirée Chaillot commence à 21h 30 ; elle est
consacrée à la présentation de deux films du canadien Michael Snow, en
présence de l'auteur.



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H I E R :

J'ai manqué la première partie de la programmation de 17 h. Ce qui veut dire
quatre films et un peu plus, comme j'avais vu le film iranien lors de la
soirée d'ouverture... et bien j'avais parié sur le retard de la séance et la
durée du film de Sani : j'ai eu tort. Il faut donc arriver à l'heure pile
annoncée pour chaque séance.

(Sauf à les revoir sur l'écran près du salon de repos dans le cadre de
l'expo qui en ressaisit certains, demain peut-être ?)


    Deux films dans la même ambiance et nocturne non éclairée, objectif
grand ouvert et au ralenti (le tournage en vision nocturne sans éclairage le
commande), sur le camp de la Croix rouge à Sangatte pour les réfugiés qui
tentaient de passer la frontière vers l'Angleterre en s'accrochant après un
train vers l'Euro-tunnel.

Rappel : ils avaient payé leur transport improbable de l'Asie à l'Europe
entre 10000 et 15000 dollars à des "passeurs" pour atteindre la frontière
anglaise ; une violence inouïe à l'intérieur du camp où règne la misère, des
règlements de compte entre les réfugiés et les passeurs, la présence des
dealers, malgré la présence de la croix rouge et sous le regard de la police
harcelante et à l'extérieur, chaque soir, les risques pris pour échapper aux
revolvers ou aux chiens des douaniers à proximité des rails. Quant aux
habitants de Sangatte déchirés par cette situation, une part d'entre eux
réclamant farouchement la disparition du camp, et les autres solidaires
dûment réprimés par le gouvernement français - voyant certains d'entre eux
qui avaient voulu nourrir et aider ou loger, carrément emprisonnés. Le camp
a été fermé en 2003. C'est à la fois une des gloires du gouvernement Jospin
et du ministère de l'intérieur Sarkozy. Aujourd'hui, le camp n'existe plus
et le voisinnage de l'Euro-tunnel est sous la surveillance de l'armée.
Archives sur le site GISTI http://www.gisti.org (groupe d'information et de
soutien des immigrés):

http://www.gisti.org/dossiers/sangatte/
http://www.gisti.org/dossiers/sangatte/photos/index.html

1. Le premier film est "BORDER" (29') produit, filmé et réalisé par celle
devenue la grande documentariste de l'exil et du refuge dans le monde, Laura
Waddington, anglaise, présente pour débattre après la projection. Film
remarqué au festival de Locarno 2004 :
www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/doublecult/fiche.php?di
ffusion_id=24884
Je n'en ai vu, hélas, que la fin, marcheurs s'éloignant au ralenti comme
éclairés par la lumière fragile des fanals dans les champs en pleine nuit,
tandis que la voix off de la réalisatrice commente, informant que certains
ayant réussi à passer lui écrivirent depuis trois villes anglaises, parmi
lesquelles la ville de Manchester ; ils ne savent plus vraiment s'ils sont
heureux ou pas de s'y retrouver, peut-être y subissant autant de mépris et
de mauvais traitements.

A la fin de la projection, Laura W. a été interrogée sur son propre statut
pendant le tournage, et aussi par qui elle avait été autorisée à voisinner
avec le camp ; enfin, en quoi l'esthétique sur de tels sujets ne lui posait
pas de problème. Les réponses furent sommaires (il y avait aussi le problème
des langues quoiqu'elle s'exprime en français) : les autorités françaises
loin de l'aider n'ont pas arrêté de lui poser des embûches et de lui créer
des ennuis ; il ne la gêne pas de faire beau sur de tels sujets, parce que
cela fait partie du dispositif de respect de ce qu'elle montre (et que la
part de fiction édifie la mémoire de ces épreuves vécues par les réfugiés,
au contraire qu'ils soient indignement traités et subissent la misère, le
stress, et la peur quotidiens - et d'ailleurs, ils réclament que leurs
mauvais traitements demeurent tus auprès de leurs communautés respectives);
une question a été posée sur la révélation de la violence du camp de
Sangatte lui-même et elle a répondu simplement, pour donner une idée, que
seulement pendant la période où elle réalisait ce film, une quinzaine de
personnes était mortes dans le camp et à l'extérieur.

2. Le second film en fin de soirée est "NO CHANCE TONIGHT" réalisé par la
française Bila Lorraine Gillet - avec un cadreur - (tous les deux présents à
la projection). Elle présente son film en disant qu'ils se sont retrouvés
parmi un groupe de réfugiés qui chaque soir tentait sa chance en y croyant,
en espérant, avec une sacrée pêche, même... C'est dans la même lumière
nocturne au ralenti, l'énergie et le rythme du chemin à travers champ pour
se rapprocher des grillages protégeant les voies, l'attente - la ruse - la
course effrenée le long des trains, l'échec et le recommencement... dans des
axes divers sans prendre part à la course elle-même mais la saisissant dans
son mouvement en plans larges et en plans rapprochés et renforçant les
rythmes au montage. Avec quelques propos de réponses rapides des réfugiés
qui tentent leur chance ce soir là. Ce sont 12 minutes de l'urgence
dynamique, vitale...


       J'en reste là car il se fait tard et je n'ai plus de temps (pardon
pour les autres réalisateurs) quoiqu'il y eut bien d'autres choses
remarquables dont le film (en fait une installation par le montage d'un
dialogue qui n'a jamais existé sinon en l'absence de la réunion des
protagonistes) de Aymeric Vergnon-d'Alançon :

"LIGATURE" : sa mère et son père se sont séparés lorsqu'il avait cinq ans et
pour ne plus jamais se revoir : que s'était-il passé durant ce voyage au
bord du lac... ? Il les rassemble l'an passé, à quelques jours d'intervalle,
grâce aux textes qu'il leur laisse (fait?) dire : exposition de la mère et
réponse du père. J'ai quelques questions à poser encore à Aymeric ( comme
toujours absent lors de la projection - comme s'il craignait la
confrontation de son oeuvre et du public ) pour vous en dire davantage. Mais
avant, une fois de plus c'est une épure "absolument nécessaire", radicale,
sans conteste possible.

Un film en noir et blanc d'un jeune réalisateur allemand, Clemens Von
Wedemeyer (présent à la séance) :
"SILBERHÖHE" ; sur la dissociation causée par l'angoisse de la mort et la
question de l'existence dans la solitude sociale de l'enfance, exprimée par
le face à face avec la nature (comme métaphore) ; le dédoublement de
l'enfance mis en abîme par la grandeur de la nature conduit à cette chose
incroyable de son contraire pour l'exprimer : l'unité de l'être brisé se
retrouve dans l'expression de sa gemellité joyeuse (donc la division résolue
par la coexistence duelle de l'être). Un film étrange dans son expression a
contrario de la réconciliation de l'être dans la nature - non la technique
mais le "rassemblement" commun. J'y ressens aussi l'émergence du romantisme
allemand dans le paradoxe contemporain de la schyze, la philosophie héritée
de Kant dans la division éprouvée de Nietzsche mais aussi, on imagine
penser, bien sûr, à la déchirure d'Hölderlin ici résolue par une solution
joyeuse, procurée par l'onirisme. Mais au-delà, cette question matérielle
éternelle : la duplication de l'être par le même (du clonage à la technique
en passant par l'assimilation sociale) comme compensation organique,
intérieure des sociétés, à l'angoisse humaine immaîtrisable de l'incertitude
de l'univers et de l'environnement (du monde actuel).

Et d'autre choses franchemenet étonnantes... et quelques unes moins, quand
même.

Ah ! oui ! ce concert du compositeur techno autrichien, Ceciron_RA,
complètement fabuleux sur le plan musical dans sa construction récitative
progressive sous la répétition, et l'organisation rythmique des sons selon
les entrelacements du Skat... hors la voix ; le tout élargi en composition
digitale infiltrées de gore, analysé et synthétisé, et traversé de scratches
numériques en leit-motiv (sic) ; images sans lesquelles nulle autre ne
pourrait équivaloir la force structurale du son à haute intensité des ondes
puisqu'il s'agit d'une intégration de l'image par la musique... il y a une
entreprise destructirice dans ce processus (destructrice de l'être qui s'y
soumet, progressivement décomposé lui-même au fur et à mesure que resssort
de plus en plus clairement la composition sonore - et ce n'e'st pas que la
question du niveau d'intensité du bruit). C'est un travail expressioniste
organique, terrible. Je me suis dit "mais il veut nous tuer" ; après je me
suis dit "et s'il n'avait pas assez confiance dans sa musique, alors il
devrait donc la pousser jusqu'à ses extrêmes par la construction de l'image
synchrone ?" En fait je ne sais pas la réponse (il ne parlait pas français
et moi nulle en anglais alors avec un autrichien...) sinon, je suis
absolument convaincue que la même stratégie sans meurtre, même à passer la
même expression du monde et de haine, peut s'exprimer un ton au-dessous,
musique et violence rythmique associée image. Franchement pas bénin, ni
anodin sur le plan artistique et musical intégrés. Je l'ai interprété
post-wagnérien - plus que post-viennois :)

Entre nous, j'avais vu bien des tentatives d'intégration de la vue à l'ouie
et de l'ouie à la vue de cet ordre en musique contemporaine, notamment au
forum des images l'an passé, or jamais je ne l'ai vu/entendu totalement
réalisé sinon hier. C'est effrayant d'avoir l'impression que deux de nos
sens se métamorphosent en un seul inconnu. On a l'impression qu'on entre en
mutation.

A demain -ou aujourd'hui - mardi - grande halle !



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Le programme à imprimer en pdf (vous arrivez sur des lignes graphiques
- prenez l'ascenceur ou votre souris hilare pour descendre jusqu'au texte) :

http://www.art-action.org/2004/programme_paris_2004_fr.pdf


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