Louise Desrenards on Thu, 15 Dec 2005 12:18:53 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Auber : Pour la séparation de la culture et de l'Etat


de Olivier Auber, extrait de artlibre.org
http://wiki.artlibre.org/SeparationCultureEtat

Excellent 
(jalouse de ne l'avoir pas imaginé - tellement mieux écrit, de toutes
façons:)

Louise
-------------------------



Voilà, j'ai écrit cela dans un mouvement de rage contre le DADVSI, si vous
pensez que ça a de l'intérêt, que ça peut aider, voire que ça mérite d'être
diffusé, n'hésitez pas à améliorer le texte, c'est copyleft--OlivierAuber

 Tiens, il y déjà une proposition amusante sur
http://notreconstitution.net/index.php/SeparationCultureEtat

Contre le "projet de loi relatif au droit d'auteur et aux droits voisins
dans la société de l'information"




POUR LA SÉPARATION DE L'INDUSTRIE CULTURELLE ET DE L'ÉTAT

Imaginons qu'en 1905, les députés n'aient pas voté la "séparation de
l'Église et de l'Etat", mais décidé tout au contraire d'impliquer plus
encore la République dans les affaires des cultes en légiférant sur tous les
aspects de la vie religieuse... Ils auraient non seulement fixé les
conditions d'ordination des prêtres, leurs mérites, leurs salaires, la
délimitation de leurs paroisses, et le lien de subordination direct de
chacun avec Rome, mais aussi rendu les oboles obligatoires, fixé un prix
forfaitaire pour chaque sacrement, encadré l'import-export des reliques,
établi la liste des fabricants et distributeurs autorisés pour les
médaillons des Saint Antoine, Saint Jean-Baptiste et les autres, et pénalisé
leur contrefaçon...

 Et bien cette folie à laquelle nous avons échappé en 1905 grâce à la
sagesse de nos députés laïques - Dieu merci -, le "projet de loi relatif au
droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de l'information" qui
est proposé "en urgence" au vote à l'Assemblée Nationale la veille de Noël
2005 (sic), est en passe de l'accomplir pour la Nouvelle Religion:
L'INDUSTRIE CULTURELLE.

 Aujourd'hui, il n'est plus question du pouvoir de Rome, mais de celui
quelques multinationales trouvant leurs sièges à Hollywood, Seattle, Tokyo,
Londres ou Paris, qui font un commerce de masse de "produits culturels":
films, musiques, livres, logiciels et services divers. Le projet de loi en
question entend protéger contre le soi-disant pillage, par un attirail
répressif doublé de systèmes technologiques de contrôle automatique auquel
nul ne pourra échapper, les droits des "auteurs" de ces produits, ainsi que
les "droits voisins", c'est à dire ceux des marchands du Temple de la
Religion en question.

 A l'heure où Google propose à ses clients d'acheter l'exclusivité de
n'importe quels mots de n'importe quelle langue, et d'en faire commerce, que
propose cette loi si ce n'est de protéger du pillage les artisans d'un autre
pillage? Les contenus de ces soi-disant "produits culturels" ne sont-ils pas
que de simples interprétations de pans entiers du patrimoine mondial, allant
des mythes les plus anciens, jusqu'aux histoires vécues par tout-un-chacun,
en passant par les créations les plus pointues des avant-gardes artistiques,
scientifiques ou techniques, dont les travaux sont siphonnés sans citation
aucune, par une cohorte de réputés auteurs, starifiés ou taillables et
corvéables à merci - c'est selon - pour en extraire des sortes de nouveautés
amnésiques?

 Comment un Culture pourraient-elle vivre durablement sans que chacun puisse
exercer ses facultés, de prendre, de regarder, de modifier et de transmettre
à nouveau? Dès lors, le pillage de ces produits n'est-il pas légitime?
D'ailleurs, ne faut-il pas l'appeler "interprétation", "détournement" ou "ré
appropriation"? Et ce deuxième pillage n'est-il pas carrément l'antidote au
premier contre sa propre annihilation?

 La Nouvelle Religion ne l'entend pas ainsi. Non seulement, la copie, la
redistribution, la fabrication de logiciels incitant à la copie sont
sévèrement réprimés, mais aussi les logiciels qui permettraient de lire et
d'échanger des "oeuvres éventuellement soumises au droit d'auteur" en
s'affranchissant des fameuses technologies de contrôle automatique, sont
illicites. Fini les logiciels Libres! Autant dire que dans cette Religion
là, pas question d'avoir droit à son sacrement sans l'aval direct de Rome.
Et si vous avez le malheur de ne pas être passé par le tiroir caisse, votre
hostie sera détruite automatiquement sous vos yeux, et vous serez tout aussi
automatiquement dénoncés aux instances centrales de répression.

 On comprend que la société est à la recherche de croissance économique, et
que la Nouvelle Religion lui serine qu'elle peut seule lui apporter la
rédemption. Mais comment la République peut-elle se prêter à de tels
délires? Comment peut-elle laisser des mains privées développer de telles
systèmes de contrôle et se proposer de manière zélée pour assurer
(gratuitement) les basses oeuvres de répression publique? Quel aveuglement
frappe le législateur pour qu'il ne voie pas qu'une telle Religion mène tout
droit à la prévarication absolue, à l'oppression accrue des plus faibles et
finalement au délitement social et économique le plus profond?

 Comment la République peut méconnaître qu'il existe beaucoup d'autres
pratiques de création, de diffusion de d'échange, fondées sur la confiance
et le partage, et qu'elle s'apprête à les sacrifier sur l'autel de la
Nouvelle Religion de l'Industrie Culturelle?

 Non, députés, ressaisissez-vous! Votez aujourd'hui pour "la séparation de
l'Industrie Culturelle et de l'Etat". Faites en sorte que la chose publique
garantisse à tous la libre pratique Culturelle de son choix! Que les
Industries Culturelles fassent le projet d'introduire des dispositifs de
contrôle automatique, soit ; qu'elles subissent seules les conséquences de
leurs abus de pouvoir. Ne pénalisez pas ceux qui voudraient vivre, créer et
échanger dans l'esprit de liberté qui est à la source de la République!



On 14/12/05 20:01, "Olivier Auber" <olivier.auber@km2.net> probably wrote:

> isabel a écrit:
> 
>> Un double constat s'impose :
>> -DADVSI n'est pas un sujet qui enflamme le petit monde des plasticiens,
>> critiques, curateurs (*),...qui a fait du numérique et d'internet ses moyens
>> d'expression, objets d'analyse, de conférences,...
>> -le peu de signataires (*) de ce milieu parmi les personnes ayant rejoint
>> l'initiative eucd (http://www.eucd.info/index.php)
>> J'ai une simple question à poser : pourquoi si peu d'écho?
>> 
>> Isabel
>> 
>> (*) Je ne parle bien évidemment pas de celles et ceux qui sont engagés ;-) !
>>  
>> 
> Bien justement voici ce que je viens de poster sur une liste de
> "professionnels" de la culture (commissaires, scénographes, architectes,
> concepteurs multimédia, etc.). Voir en particlier le texte :
> POUR LA SÉPARATION DE LA CULTURE ET DE L'ÉTAT
> ---
> 
> Le gouvernement français a déclaré l'urgence sur le projet de loi DADVSI
> (Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information ­
> n°1206), qui doit transposer la directive EUCD (European Union Copyright
> Directive) et qui augure bien mal du caractère démocratique de la dite
> "société de l'information" si elle devait être réellement régie par ce
> texte..
> 
> 
> Il me parait important que les membres de l'Association se penchent un instant
> sur la question:
> 
> Pour lire le projet de loi (version officielle incompréhensible):
> 
> Projet DADVSI : http://www.assemblee-nationale.fr/12/dossiers/031206.asp
> Directive EUCD : 
> http://europa.eu.int/eur-lex/lex/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:32001L0029
> :FR:HTML
> 
> 
> ou bien sur NotreConstitutionPointet, où nous avons mis le texte en
> coupe réglée (version hypertexte) pour aider à sa "lecture":
> http://notreconstitution.net/index.php/DADVSI
> 
> 
> Pour signer l'une des pétitions anti DADVSI en cours (déjà 500
> entreprises et 80 000 particuliers):
> 
> http://eucd.info/index.php
> 
> 
> En prime, voici l'ébauche d'un petit texte écrit dans la rage inspirée
> par ce projet de loi:
> 
> 
> POUR LA SÉPARATION DE LA CULTURE ET DE L'ÉTAT
> http://wiki.artlibre.org/SeparationCultureEtat
> 
> 
> Merci de votre attention
> 
> Après guerre, personne ne pourra dire "qu'il ne savait pas!"
> 
> 
> Olivier Auber
> 
> 
> 
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