Louise Desrenards on Tue, 2 May 2006 01:09:22 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] Hommage à Bobby Sands/ 2 Mai/ Radio France Culture


Mardi 2 Mai, France Culture
15:00 heure locale 
 LE VIF DU SUJET

Hommage à Bobby Sands et à ses compagnons résistants irlandais morts en
détention en 1981


Écouter en ligne, cliquer : "écouter le direct" :
    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/sommaire/
Abstract et écouter en différé (RealAudio)
    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vifdusujet/


Producteur-coordonnateur : Alexandre Héraud,

La mort de Bobby Sands
Production générale de l'émission : Rinaldo Depagne

De 15h00 à 16h00 : 
un documentaire de Rinado Depagne et Simon Guibert, réalisé par
Jean-Philippe Navarre

    Le 5 mai 1981 à la prison de Long Kesh en Irlande du Nord, Bobby Sands
mourait après 66 jours de grèves de la faim. Cet homme de 27 ans devint l'un
des symboles du combat des Républicains irlandais.
    Pendant toute la durée de son agonie, la photo de Sands est omniprésente
dans les quartiers catholiques de Belfast. Son visage est peint sur les
murs, pendus au dessus des cheminées, piquées au revers des vestons, brodée
sur des drapeaux, accrochée dans les pubs et les magasins. Cette photo en
noir et blanc est l'une des seules images publiques existantes de Bobby
Sands. Elle a été prise en 1976 au tout début de cette histoire tragique.
Bobby Sands est déjà prisonnier. Il purge une peine de quatorze années de
prison pour port d'arme. La guerre déchire l'Irlande du nord. Trente mille
soldats britanniques y sont cantonnés. Sands est un prisonnier politique.
Mais Le 1er mars 1976 tout change. Le statut de prisonnier politique est
aboli par le gouvernement travailliste de Harold Wilson. Commence alors " la
grève des couvertures ". Sands et ses compagnons refusent de porter le
costume carcéral des droits communs. Ils vivent nus dans leur cellule
recouverts de leur seule couverture de lit. Douche et tinettes leur sont
interdites. Ils sont lavés au jet et font leur besoin sur le sol. En mars
1981, après cinq mois de ce traitement dégradant, Sands et neuf autres
détenus entrent en grève de la faim. Ils demandent le rétablissement du
statut de prisonnier politique et de meilleures conditions de détention.
Margaret Thatcher au pouvoir depuis 1979 ne cède pas. Bobby est le premier à
mourir. Les neufs autres grévistes de la faim décèdent les uns après les
autres.

Avec : Une visite sonore de la prison de Long Kesh, des interviews de : Sorj
Chalandon, journaliste qui a couvert pour Libération la grève de la faim de
Sands ; Garret Fitzgerald, ancien premier ministre de la République
d'Irlande (entretien en français) ; Gerry Adams, responsable du Sinn Fein
qui a connu Sands en prison ; Jo Hostin, ancien militant de l'IRA, chargé
d'annoncer le décès des grévistes de la faim à leurs familles. David Irvine,
Protestant modéré qui anime actuellement un groupe de réflexion sur la
transformation de Long Kesh en musée. Et des extraits de documentaires de la
BBC et des archives INA (France Inter et Radio France Internationale).


- De 16h00 à 16h30 : Entretien (sous réserve) : Alain Frilet, ancien
journaliste à Libération ou Roger Faligot, auteur de " La résistance
irlandaise 1916-2000.
Réalisation : Jean-Yves Navarre

//////////////////////////


Citation intégrale du texte publié par
http://wwww.larevuedesressources.org


Surterre, L¹autre après l¹un
conte politique / non politique

Le lundi 1er mai 2006



Exergue

LE VEAU D¹OR

C¹est ce qui m¹amène, à la fin de la leçon d¹aujourd¹hui, à introduire ceci,
qui paraîtra peut-être paradoxal, que la métonymie est à proprement parler
le lieu où nous devons situer la dimension, primordiale et essentielle dans
le langage humain, qui est à l¹opposé de la dimension du sens - à savoir la
dimension de la valeur.

La dimension de la valeur s¹impose en contraste avec la dimension du sens.
Elle est un autre versant, un autre registre. Elle se rapporte à la
diversité des objets déjà constitués par le langage, où s¹introduit le champ
magnétique du besoin de chacun avec ses contradictions.

Certains d¹entre vous sont assez familiers, je crois, avec Das Kapital. Je
ne parle pas de l¹ouvrage tout entier - qui a lu Le Capital ! - mais du
premier livre, que tout le monde en général a lu. Prodigieux premier livre,
surabondant, qui montre, chose rare, quelqu¹un qui tient un discours
philosophique articulé. Je vous prie de vous reporter à la page où Marx, au
niveau de la formulation de ladite théorie de la forme particulière de la
valeur de la marchandise, se révèle dans une note être un précurseur du
stade du miroir.

Dans cette page, Marx fait cette proposition, que rien ne peut s¹instaurer
des rapports quantitatifs de la valeur sans l¹institution préalable d¹une
équivalence générale. Il ne s¹agit pas simplement d¹une égalité entre tant
d¹aunes de toiles, c¹est l¹équivalence toile-vêtement qui doit se
structurer, à savoir que des vêtements peuvent représenter la valeur de la
toile. Il ne s¹agit donc plus du vêtement que vous pouvez porter, mais du
fait que le vêtement peut devenir le signifiant de la valeur de la toile. En
d¹autres termes, l¹équivalence nécessaire au départ même de l¹analyse, et
sur quoi repose ce qui s¹appelle la valeur, suppose de la part des deux
termes enjeu, l¹abandon d¹une partie très importante de leur sens.

C¹est dans cette dimension que se situe l¹effet de sens de la ligne
métonymique.

Nous verrons dans la suite à quoi sert la mise enjeu de l¹effet de sens dans
les deux registres de la métaphore et de la métonymie. Tous deux se
rapportent à une dimension essentielle qui nous permet de rejoindre le plan
de l¹inconscient - la dimension de l¹Autre, à quoi il est nécessaire que
nous fassions appel en tant que l¹Autre est le lieu, le récepteur, le
point-pivot du trait d¹esprit.

C¹est ce que nous ferons la prochaine fois.

27 novembre 1957

Jacques Lacan, Le séminaire V ; IV, Le veau d¹or, p.81 ; extrait ; Paris,
éd. Du Seuil, 1998.
Tombeau de la république révolutionnaire

La singularité républicaine n¹est pas dans le dispositif parlementaire, qui
l¹a anticipée, mais dans la capacité d¹autodétermination individuelle de
s¹insoumettre, et cette éducation, considérées comme choses publiques utiles
à gouverner en politique, par les pouvoirs légitimes même autoritaires
qu¹elle a instaurés. En France, la république, dans tous ses aspects
institutionnels est une stratégie autocritique, instruite à la source de la
fondation révolutionnaire par le renversement du pouvoir de droit divin (la
monarchie), et par celui des dictatures modernes, après la Terreur. La
république a lieu une fois pour toutes, rien ne peut la remplacer ; de sorte
qu¹en disparaissant, elle ne cesse d¹exister. Au long de son histoire,
depuis les Lumières, son développement et sa postérité accumulent une forme
atypique du pacte civique, lié au suffrage universel, dans un effet au-delà
de lui-même, rétro utopique, qui n¹a jamais donné lieu de projet social ni
même écrit, sinon dans les consciences insurrectionnelles fondatrices. Ce
second pacte républicain est imaginaire, en ellipse, celui d¹une revanche
perpétuelle du fédéralisme des minorités régionales (les girondins), floué
par le centralisme de la majorité ³montagnard² constituée en parti uni, qui
a emporté le principe perpétuel de la majorité au pouvoir légitime. Ici, le
règne de la majorité représentative prend place sous l¹autorisation
discriminante des minorités perdantes, constituées en majorité silencieuse
par le suffrage universel, qui leur attribue un potentiel d¹unification sans
doute aléatoire, néanmoins missionné le renversement. Ainsi naît le pouvoir
politique ordinaire de l¹opposition. Sous cette forme symbolique, c¹est le
premier régime de la dialectique dans la politique moderne, dynamique par
constitution. Pour plus d¹énigme, c¹est encore l¹installation du droit de
réserve loin de la désaffection du pouvoir, une façon de le tenir en
respect. Dans la meilleure présentation du suffrage universel, le vote blanc
admis comme un suffrage exprimé, le paradoxe de l¹abstention est d¹autant
plus critique qu¹elle notifie son retrait sans recours au vote blanc ; ce
qui manifeste une contestation radicale du partage électoral par une partie
de la société civile, pour mémoire des révolutions insatisfaites et à titre
d¹avertissement.

Dans le détail, le pouvoir républicain ³en lui-même² et ³par ailleurs². ³Le
pouvoir par ailleurs² : son sens n¹appartient pas à sa représentation propre
ni à sa majorité notoire, il lui est signifié par l¹autre divers,
c¹est-à-dire la majorité silencieuse du suffrage direct, celle hypothétique
qui ne peut s¹annoncer unie, qui apparaît plutôt désunie, qui ne peut
réaliser son événement ensemble que dans une disposition statistique
improbable, pourtant théoriquement éligible à son tour ; ou encore diverse,
celle qui ayant perdu le pouvoir devient minorité ; ou encore la minorité
réduite à l¹unique, quand celui-ci refuse à la fois d¹attribuer la majorité
ou la minorité... Où l¹on découvre le rôle majeur de ne pas détenir le
pouvoir représentatif en république, acteur du pouvoir par absence sans
laquelle il n¹y aurait de république que simulée ou dévoyée. Les majorités
silencieuses comme les abstentionnistes ne sont pas agissants, mais
hasardeux, en quoi ils tiennent leur importance déterminante. ³Le pouvoir en
lui-même² : cela tient à la structure du pouvoir autocritique dans la forme
des trois pouvoirs séparés (judiciaire, législatif, exécutif),
respectivement garants de l¹indivisibilité des trois principes de liberté,
d¹égalité, de fraternité ; la contradiction entre l¹indivisibilité des
principes et la séparation des pouvoirs est une garantie républicaine contre
l¹abus de pouvoir de l¹un d¹entre eux ; suit la garantie ultime,
infaillible, du recours à la grâce sous l¹autorité de l¹exécutif suprême ;
le jeu du miroir critique rebondit avec le devoir d¹insoumission ³devant
l¹infamie², qui est aussi un simple droit inscrit à la déclaration
universelle des droits de l¹homme, en 1793. Contrepartie individuelle du
pouvoir de la grâce, cette exception qui confirme la règle peut être exercée
sans délai dans les cas limites, directement par le citoyen ou tout
missionnaire de l¹État, y compris de fait solidaire. Par conséquent, le
délit de non assistance à personne en danger connote le devoir de solidarité
par celui de s¹insoumettre aux situations, comme au pouvoir.

En république on ne se résigne pas, on ne capitule pas : chacun et tous sont
fondés à l¹héroïsme par la révolte primitive, qu¹à tout instant ils sont
autorisés à répéter. La république est un système des responsabilités
autonomes, non hiérarchisées, dialectiques de celles du pouvoir
hiérarchique, et lui-même pourvu de l¹autodétermination de sa responsabilité
à travers celle de chacun de ses représentants, en tant que citoyens. Car
tout républicain du haut en bas de la hiérarchie politique ou sociale est
d¹abord un citoyen. Comme elle admet son pourcentage d¹erreur, la république
inaugure l¹amnistie politique. Si l¹insoumission collective est réprimée,
l¹exécutif peut instruire l¹amnistie qui installe la paix civile, comme la
grâce répare l¹erreur judiciaire préjudiciable à la vie individuelle ; non
la force du pouvoir, mais la tolérance réciproque sous l¹autorité de l¹État,
après ses propres erreurs ou après les conflits civils entre citoyens, ou
même après les guerres. L¹amnistie n¹est ni la permission ni l¹amnésie.

Exemplaire de l¹esprit des Lumières qui met en place la séparation des
savoirs, la république met en place la séparation des pouvoirs où le peuple
représenté comme le citoyen connaissent chacun le leur. La chose publique,
software et hardware, ce sont les lois, le patrimoine, l¹éducation, la
santé, la défense, la redevance, les services, dont la propriété en commun
est attribuée non à l¹État mais au peuple. Elle distingue les univers privés
en se tenant à l¹extérieur de leur intimité respective. La république ne
donne la laïcité comme un dogme, c¹est le cadeau de la neutralité commune
pour les différentes communautés qui composent la société républicaine
(séparation des églises et de l¹État), afin d¹assurer l¹égalité du partage
de la chose publique. La république n¹est pas économique, mais délibérément
coûteuse et dépensière.

Ce ne sont ni la règle ni le nombre relevable des suffrages exprimés, ni la
fusion des minorités dans la majorité silencieuse, ni même la loi dans les
cas extrêmes, mais une réserve de la conscience qui anime le modèle de la
république dans chacun de ses traits. Ce système qui conçoit la minorité
d¹opposition radicale résumée par l¹acte d¹un seul, en dehors des urnes,
entrevoit l¹exception légitime d¹un hors-la-loi qui ouvre la porte à
l¹altérité, au lieu de prétendre l¹intégrer. C¹est le régime du risque ³1² à
chaque niveau d¹intervention de la loi, et de la réponse qui peut lui être
apportée, inclus le corps matériel du citoyen.

Qu¹il s¹agisse du citoyen ou de ses représentants politiques élus, le modèle
républicain moderne admet les convenances individuelles plutôt que
l¹organisation intégrée des communautés démonstratives, qu¹il voue à la
discrétion du privé, mais il se réserve de juger des ingérences du privé
dans la chose publique. Il prédit sa part inappréciable de besoins
qualitatifs singuliers, autant que la responsabilité politique engagée des
pouvoirs devant leurs électeurs, fondée par l¹exécution capitale du roi
Louis XVI (non le régicide mais la justice proclamée). Personne ne doit
faire confiance à la république, c¹est un dispositif de vigilance qui
appelle la vigilance pour mémoire de ses excès, sans paranoïa ni menace. En
toute insouciance, la conscience sans exclusion de l¹inconscience.

Ces choses étant dites n¹en vont pas toujours de façon idéale. Mais ce n¹est
pas la raison pour laquelle, avant de disparaître tout à fait, la république
française reste peu imitée ; quoique elle inspire beaucoup, comme elle
demeure d¹autant plus exemplaire que cherchant toujours à être perfectible
elle n¹a jamais existé dans la perfection de son modèle posthume après la
Grèce ancienne. D¹ailleurs la république ne contient pas la totalité, c¹est
à la fois son inconvénient et son subtil avantage.

S¹il est notoire que le régime majoritaire soit l¹entropie de la démocratie
dans la république, il reste qu¹à l¹horizon post démocratique de la
performance du marché, la république disparaisse de toutes façons. Alors,
comme l¹avenir du ballon dirigeable au moment où l¹aviation civile lui
succède, en réalité plus performante pour la guerre, la république fonde sa
culture mémorable. Comme le ballon dirigeable, la république brûle mais
demeure, après la fin des démocraties en même temps que la sienne,
l¹imaginaire incontournable, le symbolique populaire de référence, d¹une
jouissance ultime de la liberté dans la forme réglée, cultivée, de
l¹insoumission ; l¹ancêtre défunt qui veille. Tel est le tombeau radioactif
de la république.
L¹abolition des droits de l¹homme

Sous le règne d¹Henri VIII au pays de la Magna Carta, le Grand Échiquier et
ami d¹Érasme, Thomas More, dans un ouvrage à la fois matérialiste et
transcendantal intitulé en latin Utopia : « L¹utopie, ou Le Traité de la
meilleure forme de gouvernement » (1516) invente la démocratie et le
communisme notamment à propos de l¹enclosure, mouvement de délimitation des
propriétés pour l¹exploitation des moutons, qui exproprie les paysans de
leur droit d¹usage. En miroir de la critique des gouvernements de son temps,
l¹auteur décrit une île idéale inspirée à la fois par La république de
Platon et par La cité de Dieu de Saint Augustin (la vie sur terre avant le
péché originel à l¹image du paradis). Puis il est décapité, non pour ses
idées politiques avancées mais pour sa loyauté catholique envers le pape de
Rome, contradictoirement de l¹indépendance de son Prince.

L¹inspiration utopiste forme la pensée libérale en même temps que la pensée
révolutionnaire dans l¹événement des Lumières, particulièrement la pensée
libérale du fait de juristes, d¹administrateurs, de comptables honorables
étant aussi des philosophes - autre singularité de l¹Angleterre - vers la
quête d¹autonomie et le juste progrès, utiles au développement du rayaume
par le droit commun. Manifestement, la quantité et le dénombrement sont
significatifs des origines du commerce et de la forme de gouvernement
électif du libéralisme, la démocratie, rendue exemplaire par sa fondation
américaine avant la Révolution française ; pas seulement l¹abondance des
biens annoncée par l¹industrie naissante, mais d¹emblée la représentation de
la majorité incontestée, par là qui légitime son pouvoir sur les autres sans
contrepartie et, sous son autorité, l¹équitable, quoique inégale,
attribution et la distribution des ressources pour tout le monde. Moindre
abus qu¹un seul être ou outil édictant en place de majorité pour celle-ci.
Pour compte des qualités, les minorités sont attribuées sans préjudice aux
hiérarchies, avec un moindre préjudice aux communautés, et le reste est sans
qualité, parmi lequel les pauvres incapables de subvenir à leurs besoins
sont voués au panoptique, ce qui leur confère le privilège du panoptique :
dispositif d¹auto organisation des ressources par le travail sous
surveillance, pour les pauvres incapables d¹autonomie, le panoptique,
inventé par Jeremy Bentham, encourt le risque d¹être envié par les paresseux
d¹entreprendre par eux-mêmes, aussi doit-il rester caché. En somme, le
marginal est pire que le pauvre dans cette société mais qui ne peut en
contenir, puisqu¹elle s¹attribue la règle exhaustive qui présuppose la
totalité. Ce monde d¹innovation associé à l¹esprit de réforme solidaire
ignorant l¹autre, non de révolution fraternelle, ressort de l¹économie de la
juste société qui instaure la légalité de l¹autonomie réglée, plutôt que
l¹autonomie critique du pouvoir aux fondements des républiques
révolutionnaires, dans une semblable stratégie individuelle et collective de
la propriété. Avec la nouvelle accession propriétaire qui accompagne la
montée de l¹industrie (ses moyens de production, sa régie commerciale et la
société qui lui correspond pour réaliser les profits escomptés), le système
social du marché et des banques s¹installe, au XVIIIe siècle.

John Locke a une conception de l¹homme prédateur, qui le fonde en défenseur
du concept de liberté sous le contrôle de la loi. Puis Adam Smith attribue
l¹utopie libérale d¹une vertu solidaire naturelle, dans une disposition
particulière de l¹alliance du marché et de la morale sociale, le marché vu
comme transcendance des contradictions sous le règne du concept supra social
de « la main invisible » (intégration du dispositif aléatoire providentiel
et intuition du cognitivisme). Les innovations de l¹économie politique sont
en tout communes d¹une représentation de la dialectique première entre Dieu
et les hommes abandonnés à leur destin sur terre (ou bien entre la stratégie
aléatoire des événements et les hommes) ; où le travail du peuple utile pour
environner de richesses est d¹abord nécessaire pour qu¹il se nourrisse, et
de plus rédempteur. Rappeler que les peuples éduqués sous le jour de
l¹autonomie par le travail se trouvent désemparés ou captifs quand le
dispositif économique ne leur en procure pas, et intimement humiliés de
devoir être aidés, c¹est dire le facteur d¹insurrection et de révolution qui
accompagne la difficulté de subsister contre laquelle les citoyens
humanistes s¹insoumettent toujours, visant à créer les conditions propres de
leurs ressources et de l¹organisation sociale pour y parvenir, ou réclamant
au pouvoir qui les représente des réformes pour le partage équitable des
biens.

Par l¹effet d¹une conception rousseauiste de l¹homme opposée à celle de
Locke, le français Alexis de Tocqueville, dans ses réflexions sur la
démocratie américaine à propos de l¹autonomie citoyenne et de la démocratie
idéale, imagine la nécessité pour l¹État de disparaître sinon comme
gouvernement du moins comme pouvoir. Ce qui prédit non comme une
défaillance, mais comme un projet, la disparition des responsabilités
politiques dans les post-démocraties néo-libérales, telles que nous les
éprouvons aujourd¹hui.

Le statut de la connaissance lié au développement de la technique pour le
progrès social vers la libération des individus et des peuples par le
travail, producteur de richesses, qu¹il s¹agisse de la chose privée ou de la
chose publique et du travail propriétaire contractuellement soumis ou
coopératif, ou libre de se vendre (ce qui est considéré depuis le Moyen Âge
comme une avancée sociale) ou de s¹attribuer, caractérise jusqu¹au XXe
siècle la modernité et la post-modernité éclairées contre l¹esclavage, y
compris chez les abolitionnistes marxistes de la propriété privée.
L¹éducation non seulement est celle utile au respect du droit commun, mais
encore celle des savoirs requis par les travailleurs potentiels adaptables à
chaque stade du développement de la production. [parmi les abolitionnistes
de la propriété privée seuls les anarchistes ne placent pas le travail au
centre des moyens de réaliser le projet social, mais la connaissance, qui
préside au changement perpétuel des sociétés, pour le progrès de l¹autonomie
intelligente et solidaire des hommes - Pierre Joseph Proudhon, Paul
Lafargue, Michel Bakounine]

Ainsi montent les nations, citoyens sous plusieurs particularités communes
liées au territoire, qui donnent lieu au peuple (parfois en conflit interne
du système), les peuples ayant droit de disposer d¹eux-mêmes, comme
l¹individu. L¹internationalisme de la critique de l¹économie politique et sa
dialectique des forces dans le mode de production capitaliste, ou en voie de
résolution sous l¹autorité socialiste du mode de production par le peuple
(le peuple se donnant la structure collective de se produire comme pouvoir
aux fins de produire pour lui-même), accomplit une même vision du progrès
organisé, lorsque le manifeste du parti communiste donne lieu à la
révolution russe. Tel Lénine allant à la révolution d¹octobre, opportunément
avec les anarchistes qui fondent les premiers soviets républicains pour
l¹autonomie, puis avec Trotski les réduisant pour installer la dictature
bolchevique de l¹Union, exécution radicale du centralisme de la production
et du mode de répartition des biens ; il proclame la majorité du parti
unique par la guerre contre sa propre alliance, dans un même mouvement de
l¹armée bolchevique, instruite par la théorie de Clausewitz, pour lutter
contre l¹armée des blancs (soutenue par l¹étranger). Cela, moins d¹un siècle
après la Révolution française, les soldats de l¹an II au chant de La
Marseillaise marchant contre les Prussiens, quand elle installe la guerre
civile au nom de vaincre les pressions contre-révolutionnaires à l¹intérieur
comme à l¹extérieur, forcément alliées, en proclamant la dictature de la
Terreur par l¹échafaud ; ce qui lui permet de promulguer « la loi du maximum
général » contre la misère (limitation des prix et des salaires), considérée
comme une avancée révolutionnaire de la fraternité et de l¹égalité (à défaut
de liberté), sous le régime de la propriété.

C¹est toujours le même progrès des sociétés des grandes nations qui justifie
le colonialisme, ou encore dans son versant dialectique de l¹autonomie qui
justifie les luttes anti-colonialistes et les guerres populaires des peuples
qui se libèrent, toujours formant nation y compris de l¹internationale
anti-impérialiste. C¹est toujours le même élan dans la société de
consommation, quand les prolétaires syndiqués la renforcent par la lutte des
classes pour l¹élévation de leur niveau de vie, dans les républiques
modernes qui n¹ont pas intégré l¹économie socialiste, après la seconde
guerre mondiale.

À la fin du second millénaire, le rapport de force de « la guerre froide »
entre l¹URSS et les Etats-Unis cesse avec l¹effondrement soviétique du pacte
de Varsovie ; c¹est encore l¹humanisme moderne et universaliste des Lumières
qui commémore la phase ultime du libéralisme mondial dans le néo-libéralisme
sans force d¹altérité ; toutes nations confondues se donnent alors
l¹événement commun méta gouvernemental des organisations supra nationales,
missionnées pour le gouvernement de l¹économie planétaire loin du suffrage
universel. Ces organisations déjà en place sont annoncées comme un événement
des populations de l¹ère nouvelle de la fraternité universelle, à l¹occasion
des cérémonies du bicentenaire de la révolution française, en 1989, à Paris.
Un signe concourant n¹attire pas la méfiance : le droit de désobéissance,
inscrit aux droits de l¹homme en annexe de la constitution de la Ve
république, est confisqué à la population française, pour l¹uniformisation
des droits adoptés par l¹Europe. Les droits de la Charte des Nations Unies
selon madame Roosevelt, adoptés en 1948, ne prévoient pas le droit de
désobéissance, malgré l¹histoire récente de la Résistance contre l¹Allemagne
nazi ; ce qui autorise la version suivante, la plus réactionnaire de toutes,
adoptée à Rome par les pays européens, à l¹issue de leur collaboration avec
les nazis, en 1955. Cette version ethno centrée, répressive et punitive,
reprise par la Communauté européenne en 1989, est sans contradiction majeure
avec le Patriot Act, sous l¹influence sécuritaire duquel les pays de la
Communauté se trouvent conventionnés, aujourd¹hui. Le problème d¹Eleanor
Roosevelt, grande démocrate devant l¹Éternel et apôtre des majorités
déclarées, tient au défaut majeur qu¹elle ait ignoré, malgré la leçon de la
répression ethnique puis politique de l¹histoire américaine qui la précède,
que la démocratie puisse se tromper... parce que c¹est la démocratie
elle-même qui l¹ignore depuis ses origines en Angleterre.

L¹internationalisme désormais n¹est plus communiste mais néo-libéral, le
pacte offensif en nom défensif de l¹armée de l¹alliance n¹est plus
qu¹Atlantique. La marginalité n¹est pas reconnue dans le système totalitaire
néo libéral plus qu¹elle ne l¹était dans le système tautologique libéral,
elle ne peut donc être qu¹ignorée, ou combattue si elles manifeste l¹échec
du système qui prétend les contenir, ou attribuée à la destruction
nécessaire de l¹ennemi radical, si elle résiste même au titre de la
différence symbolique.

La loi monétaire de l¹équivalence générale de la valeur dégagée de l¹étalon
or, et le marché qu¹elle gage désormais sans frontières, peuvent exercer
radicalement leur abstraction financière pour la plus grande stratégie
quantitative de la multiplication des profits, loin de la politique. À ceci
près que les organisations mondiales, administrées par les grands commis du
capital maître des flux financiers, doivent être séparées du pacte matériel
avec les sociétés humanistes (redevables d¹une partie des bénéfices du
capital). Le capital doit se débarrasser des rapports de production, en quoi
consiste son contrat organique avec le monde moderne du régime propriétaire.
L¹idée géniale est de remiser l¹humanisme avec son attirail de droits au
grenier nommé Nations Unies (comme son nom l¹indique, cette organisation
remonte au temps révolu de l¹autonomie des nations). L¹opération réalise la
libéralisation absolue du capital pour le marché universel, ainsi délié du
pacte symbolique du code de la production, qui constituait son pacte
humaniste avec les sociétés modernes matérialistes de l¹ère industrielle, sa
redevance, son contre don. Système sans gage symbolique avec le monde, comme
ses parties liées, devenus soudain insensés au monde.

Mais il y a une autre façon de le comprendre : le marché libre se réalise
comme équivalent universel du code de la production, en place de celui-ci ;
soit le remplacement du code de la production par le code universel du
marché (qui réinstalle l¹économie de la production dans une autre façon,
strictement comptable, à distance des nécessités humaines qualitatives). En
réalité, l¹innovation tient au marché lui-même, qui se réalise en
équivalence universelle de toute valeur, dans le dispositif de l¹équivalence
générale de la valeur : le système de l¹équivalence universelle relègue
l¹équivalence générale à la réciprocité de la double équivalence. C¹est la
métonymie qui opère le nouveau sens du monde, dans un cadre comptable
d¹équilibre et de déséquilibre loin de la production de la valeur. Celle qui
accomplit la puissance irrévocable du capital contre le pouvoir symbolique
des sociétés modernes. Le règne de la double équivalence qui absorbe l¹auto
organisation contradictoire, la règle organique post dialectique succédant à
l¹ordre de la nature, suprématie magistrale du pouvoir abstrait sur le
monde.

Fin de l¹économie politique et du code social de la valeur dans les
sociétés. Fin de la production sociale de la valeur. Les pouvoirs élus dans
le vide raisonnable deviennent l¹objet raisonné, convoité, des experts et
des lobbies de l¹intérêt mercantile universel (quand ils n¹en sont pas
eux-mêmes) ; ils relaient la pression arbitraire du remboursement de la
dette, inégalement exercée sur les pays (les Etats Unis ont la dette la plus
élevée du monde sans nécessité de la rembourser et jouent sur des
dévaluations du dollar pour l¹absorber aux dépens des pays créditeurs, ou
pour affaiblir les pays émergents alter mondialistes) ; en fait, la pression
du remboursement de la dette accélère la vente des ressources naturelles
essentielles, de l¹énergie et du patrimoine et des services publics, sources
de richesses considérables du grand marché qui appauvrit les populations en
rendant sans alternative leurs vies dépendantes des appareils
internationaux, ou des mouvements boursiers. C¹est partout la désinformation
totale des réformes locales contre le partage humaniste et contre la vérité
des mandats.

Quant aux corps humain propre. Loin du projet humaniste original des
démocraties et des républiques, les démocraties mondialisées post-humanistes
ne se contentent pas de se débarrasser des biens publics pour leur faire
rejoindre l¹horizon du marché, ni de priver les populations de produire de
la plus value pour en jouir elles-mêmes ; la nouvelle organisation du monde
consomme jusqu¹à leurs ultimes moyens d¹autonomie en leur interdisant de les
reproduire, par exemple la santé et l¹éducation, qui dans leurs formes de
marchandises et de services rejoignent les nouvelles sources du marché,
tandis que les équipements se vident. Mieux les biens circulent plus les
flux humains doivent être immobilisés pour réaliser les nouveaux modes de
distribution, du nouveau mode comptable post-humaniste de la production.
Assurer le service minimum et la raréfaction des services gratuits, selon un
plan prédéfini des populations appelées à disparaître, en même temps que les
territoires fonctionnels de la nouvelle répartition du monde se constituent,
c¹est le danger de l¹humanité centraliste trans solidaire... Selon le niveau
d¹intérêt financier des sociétés à protéger ou à laisser mourir
d¹elles-mêmes, le marché se protège surtout des peuples désertés par la
production mémorable de la valeur, particulièrement dans les anciens pays
rayonnant des Lumières, en instituant non seulement des plafonds élevés,
inaccessibles avec les ressources ordinaires, mais encore des interdictions
et la répression des comportements civiques hérités. Ce qui instaure et
communique une guérilla idéologique permanente de la désinformation de la
culture et de la raréfaction matérielle du partage ; ce n¹est plus
l?idéologie comme poursuite de la politique par d¹autres moyens, mais
l¹apolitisme économique comme idéologie dont le dessein ne peut être énoncé.
Tout mouvement se réduit à l¹émeute et la répression des exclus sera
sauvage, parce qu¹il n¹est de révolte qu¹injuste contre la règle qui n¹a pas
à se déclarer, sinon telle qu¹elle n¹est plus.

Une fois encore,l¹exception confirme la règle : la post démocratie
américaine résultant en super nation exclusive de toute autre État nation,
après la prescription des nations. Où est l¹erreur ? Loin de chercher
l¹explication enfouie sous la multiplicité des messages, on s¹en remet aux
actes. Après le pacte de Varsovie, les nations sacrifiées au marché
universel des États ne font pas en sorte de se mettre d¹accord pour clore le
pacte Atlantique, gagé sur la force militaire post nationale la plus
puissante du monde : la Défense des Etats-Unis. De sorte que le pouvoir de
la plus grande post démocratie, comme toute autre déliée de son code
symbolique, se retrouve garant sans conteste de la nouvelle loi d¹ingérence
des anciennes Nations, au nom du pacte Atlantique devenu vassal (à peine les
pays du pacte de Varsovie libérés de l¹autre vassalité), des États nations
de l¹autonomie révolus : eux-mêmes soumis à la menace civile violente, sinon
guerrière du moins séditieuse du réseau infiltré, en cas de séparation
d¹intérêt ou de désobéissance aux ordres généraux.

Ce n¹est plus l¹armée des conscrits pour défendre leur peuple et leur 
territoire, c¹est l¹armée professionnelle des engagés volontaires affamés 
par le chômage, recrutés selon des avantages salariaux qui ne se refusent 
pas, dans leur cas, pour rejoindre les mercenaires et les milices dans les 
autres territoires. Après les guerres impérialistes du statu quo politique 
de la guerre froide, l¹émergence monstrueuse du système post national n¹est 
pas vraiment accidentelle : la superpuissance militaire, totalitaire faute 
d¹opposition alter militaire, malgré la crise de la production, au moment du 
GATT, arrache les ouvertures de marché qui correspondent le mieux aux 
attentes de ses lobbies, parmi lesquels l¹agro alimentaire (dont les 
céréales et les protéines de substitution), les boissons dérivées (qui 
supposent des réserves d¹eaux), le pétrole (excepté le pétrole du Moyen 
Orient) etc. qu¹elle a décidé de réaliser totalement, à n¹importe quel coût 
humain de l¹extension de ses privilèges, avec les revendications 
d¹appropriations supplémentaires, forcément légitimes, contre les États 
concurrents du monde qui ne lui ressemble pas. Alors, dans sa tradition 
pionnière, elle perpétue sa raison dialectique et sa cause internationales 
disparues, en inventant le nouvel axe du mal, et elle planifie un programme 
guerrier impliquant l¹alliance (le pacte Atlantique mondial) en place des 
Nations Unies, à sa propre tribune.

Peut-être qu¹il faut quelque chose, quelque chose de spectaculairement 
violent, contre le peuple des peuples humanistes aux yeux du monde, pour 
déshumaniser les Nations Unies définitivement, un événement pour communiquer 
l¹horreur de la perte sociale définitive du code de la valeur, dans une 
simulation ultime réalisant des sacrifices ultimes - en fait, le prix à 
l¹avance de ceux qui vont suivre - sur le sol même de la liberté incarnée. 
11 septembre 2001. Judas commun aux trois monothéismes assiste à la Cène 
pour accomplir la prophétie : qui l¹ignore ? Quand des pouvoirs imitent Dieu 
en le mettant en scène, c¹est que Dieu n¹est plus au rendez-vous du pouvoir 
ni du dollar. Métaphore de la domination absolue par la guerre, colossale 
punition du monde par l¹homme contre l¹homme privé de la production de la 
valeur, après la société de production. La guerre dialectique substituée par 
la guerre de la terreur instruit les régimes terroristes qu¹elle exploite, 
n¹étant plus qu¹une forme de terrorisme majeur elle-même, d¹autant plus 
destructrice qu¹elle est au-delà de la politique comme valeur : ce n¹est 
plus la façon de poursuivre la politique par d¹autres moyens, c¹est la 
guerre performance de l¹éradication totale, à la place de la performance de 
la production totale, à la fois la guerre pour en finir avec les sociétés 
politiques, celle qui réalisant ses propres marchés les étend, celle qui 
dilapide corps et biens le produit guerrier en guise de chose publique, la 
guerre pour en finir avec le symbolique, comme moyen ordinaire de gouverner 
le monde. La guerre désinformée, totale et infinie, de l¹oubli de l¹histoire 
moderne.

Il reste étrange d¹observer le peu de distance qui sépare la prédiction 
logique de la disparition du pouvoir dans le gouvernement des démocraties 
idéales chez Tocqueville, celle de la main invisible qui mène naturellement 
à la répartition universelle équitable chez Smith, et celle du dépérissement 
de l¹État qui rassure la dictature du prolétariat chez Marx, quand il prédit 
sa disparition d¹elle-même au terme du progrès vers l¹événement social du 
communisme (l¹utopie matérialiste du paradis sans Dieu, enfin réalisée par 
les hommes éduqués loin de la propriété privée sur terre). Non moins étrange 
est la tournure sociale et matérielle désastreuse de la fin de la 
surproduction de l¹Union soviétique, au lieu de la réalisation de l¹utopie 
annoncée, de même que la perte des responsabilités politiques assumée par 
les élus et les mandataires des anciennes représentations collectives de la 
liberté (les démocraties et les républiques électives), car loin de livrer 
les citoyens à la maturité de leur décision, comme Tocqueville l¹avait 
imaginé, ils passent la main au méta pouvoir délocalisé loin des 
confrontations populaires, ils attribuent ses organisations supérieures du 
pouvoir suprême d¹ordonner un monde inhumain, au lieu d¹appeler à inaugurer 
le non humain.

Anthropophage des petites choses publiques du passé ainsi devenues infra 
minoritaires, la gestion technique et rentable du parc humain, administré 
par la loi unique supra nationale, tend à la généralisation rationnelle du 
modèle aux performances rendues notoire par Albert Speer, ancien ministre de 
l¹Équipement et du Plan de Hitler, dans son ouvrage écrit en captivité, Au 
coeur du 3e Reich. Où il annonce lui-même la prédiction de ses pages, sans 
délai après lui.


    Locke s¹est donc trompé, ce n¹est pas l¹homme qui est un loup mais la 
loi. La prédation du horla par la règle de l¹économie universelle humaniste 
est advenue jusqu¹au cannibalisme de son univers politique propre. Dans un 
pragmatisme de la paix par la loi de l¹équivalence générale sans prédiction 
de l¹autre par structure, la loi universelle de la gestion des hommes 
préside à l¹ouvrage de l¹inégalité, de l¹esclavage, de la division et de la 
barbarie, sans contestation possible ou l¹extermination de l¹autre (dans 
toute présentation de celui-ci).

Marx ne s¹est pas trompé, le dépérissement de l¹État s¹est produit notamment 
en URSS au point que le régime soviétique ait du cesser. Ce qu¹il n¹a pas 
prévu à propos de la dictature du prolétariat, ni Lénine qui l¹a innovée, 
c¹est que la fin de la dictature soviétique, loin de réaliser le communisme, 
allait connaître un effondrement mafieux dans un environnement libéral 
unique ; et de plus, univers finissant par tendre globalement à la totalité 
de l¹injustice, et à la perte générale de l¹autonomie (aussi bien collective 
qu¹individuelle), sous la forme universelle du néo-libéralisme supra 
national, comme règle imposée aux minorités comme aux majorités, après 
l¹économie politique.

Cependant, les marginaux imprévus de la règle primitive s¹accroissent, 
faméliques, dans les rues après la production et ils entendent 
l¹avertissement, de plus en plus proche, de l¹armée post dialectique de 
l¹humanité intégrale, éberluée, qui hacke à coups de boucher les cités 
sauvages de l¹île désenchantée. Autant de codes sources sur les pages que 
les fragments de chair qui s¹égrainent en charpie sanguinolente sans un cri, 
faces hilares visitant les débris avant d¹avoir la gorge tranchée dans les 
cristaux liquides, tandis que le corps de la résistance se met dans la bombe 
mystique pour exploser avec sa cible.

Il n¹y plus d¹exil après le politique. Partout l¹homme est traqué, 
localement et planétairement observé. Sauf dans un endroit peut-être : nulle 
part. Ou dans les livres. Le règne absolu de l¹humanisme parvenu à son terme 
néo libéral dans le mode de la guerre totale et infinie contre la 
singularité de l¹existence propre, comme environnement propre, informe 
l¹obscénité de la mort pour preuve de l¹inutilité de la vie dans un monde 
sans partage. Ce n¹est rien d¹autre que le parcours régulier et exclusif des 
Lumières, quand elles achèvent leur cycle comptable du savoir et des hommes 
par le stock 0 cadenassé de la nature promise, dans la violence 
pornographique des armes létales / non létales et l¹appétit de leurs 
résultats. Ce n¹est pas tant qu¹on le dit le champ matériel du monde qui se 
réduit, mais le champ virtuel du partage abstrait de la monnaie qui réduit 
les nouvelles possibilités matérielles du monde. Tension des flux supra 
propriétaires des ressources de l¹humanité comme sanctuaires. Les polices en 
arme veillent sur l¹intolérance et le sectarisme phosphorescents. Les armées 
et les milices font exploser le droit suicidé par le sang, soustraient la 
chair par fusion, assassinent le trop plein d¹humanité sans effusion : bébé 
Coca-Cola addict, démission éducation, plat du jour aux dioxines, parfum de 
cheminée à la Benzédrine, enfant de muesli concentré de Ritaline et nique ta 
mer.

Cette généralisation rétro révolutionnaire radicale du néolibéralisme 
comprend à terme l¹amnésie intermédiaire de toutes les autres formes 
historiques ou banales, générales ou particulières, d¹organisations humaines 
différentes : qu¹elles soient ou aient été moins performantes d¹elles-mêmes 
(à cause de l¹adage selon lequel la fin justifie les moyens, elles 
n¹auraient pas pris garde de se donner les moyens prédisant leur fin 
déclarée), ou échouant dans leur territoire d¹expérience loin de leurs 
espérances et de leurs ambitions (dans un environnement ignoré), ou qu¹elles 
aient été davantage protectionnistes (donc moins ouvertes que les 
concurrences pour absorber le monde), ou encore trop coercitives pour 
devenir finalement exemplaires (donc restant inimitables), voire plus 
attaquées et moins armées donc vaincues, ou encore qu¹elles n¹aient jamais 
existé.

Après l¹humanisme, le déluge : qu¹il emporte la queue néo-libérale de la 
comète humaniste hideuse et réjouissons-nous d¹en pleurer plutôt que 
chercher la morale. Fin de la déclaration universelle des droits de l¹homme.

La déclaration plurivers des droits de l¹autre* c¹est ici et maintenant là 
et partout et sans majuscule. L¹au-delà de l¹humain / non humain qui ne pose 
plus la question de l¹inhumain. Par delà le mal et le bien se trouve une 
qualité singulière du particulier et du général que tout être et objet, 
étant en commun autre chose, ne puisse soustraire à un autre d¹exister ici 
et ailleurs, tout le temps ou jamais. Tu sais pas, je le dis ; je sais pas, 
tu le dis ; tu dis rien ; je vois. Voyons l¹autre. Moi / non moi je suis 
pour toi / non toi l¹autre / non l¹autre, ici / non ici à la fois là / non 
là, tandis que loin de sombrer dans la folie j¹adviens de l¹énigme 
pluriverselle, ma joie de vivre bientôt retrouvée, sans lénifier, sur la 
terre comme tout autre mutée, mon autre toi onearth...

Ainsi va la vie surterre.

Aliette G.Certhoux (avril 2006)





 
 
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